MARIE-LAURE DE NOAILLES: Pour l'amour de l'Art

MARIE-LAURE DE NOAILLES: Pour l'amour de l'Art

Le confinement s'achève mais nombre de musées, théâtres, cinémas, salles de concert restent fermés au public. La culture confinée? Voilà qui n'aurait pas plu à Marie-Laure...

Les vrais riches peuvent tout s'offrir à un prix exorbitant. Excepté l'amour... Toute sa vie, Marie-Laure de Noailles aima des hommes ambigus qui la négligèrent, l'abandonnèrent, la trahirent. Une fois, une amie lui posa cette question au sujet de son mari: "Mais Charles aime-t-il les hommes ou les femmes?" Marie-Laure répondit avec esprit, tristesse et sincérité: "Il aime les fleurs."

Au début du XXème siècle, cet extravagant couple de mécènes encourage toutes les audaces de l'avant-garde artistique, assume la provocation politique en recevant les Aragon, couple de communistes pestiférés! Leur hôtel particulier parisien de la place des Etats-Unis (où voisinent sur les murs Cranach et Dali, Rubens et Picasso..), comme leur propriété de Hyères construite par Mallet-Stevens (aujourd'hui appelée la Villa Noailles), voient défiler le gratin de la création: les surréalistes, les musiciens Auric, Poulenc, Milhaud, les écrivains Cocteau, Gide et Crevel... Le couple brave les scandales, et il y en aura de mémorables, comme celui de "l'Age d'or", le film de Bunuel, produit par Charles et qui le met au ban de la société huppée.

Cette pauvre petite fille riche termine en 1981, dans une solitude et une déchéance pathétiques, une existence étincelante. Après la disparition précoce de son père à 29 ans, Marie-Laure a 7 ans, et se retrouve à la tête d'une fortune colossale. Amoureuse de Jean Cocteau, elle souffrira sans répit de ces deux blessures ouvertes: le vide paternel, et la passion, non partagée qu'elle voue au poète.

Marie-Laure aimait Henry James et les Rolling Stones, Goya et Adamo. Elle associait la vie et l'art avec une absence totale de préjugés. Je vous conseille le récit de Laurence Benaïm "La vicomtesse du bizarre" (Ed. Grasset), qui réveille la nostalgie d'un monde fini, celui de Proust, que Roger Judrin , féroce critique, décrivait comme "un délicieux plat de pommes pourries".

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