MARINE LE PEN : « J’AI LA MEMOIRE QUI FLANCHE, JE ME SOUVIENS PLUS TRES BIEN »
Le parquet a requis contre Marine LE PEN cinq ans de prison dont deux fermes aménageables, 300 000 € d'amende et une peine d’inéligibilité de cinq ans, assortie d’une exécution provisoire dans une affaire de plus de 40 emplois fictifs d’assistants parlementaires, de détournement de fonds publics pendant une douzaine d’années pour un préjudice estimé à 7 M€.
En 1995, Bernard TAPIE est condamné par la Cour d'appel pour « complicité de corruption et subornation de témoins » à deux ans d'emprisonnement dont huit mois ferme et à trois ans d'inéligibilité (affaire VA-OM)
En 1996, Henri EMMANUELLI, trésorier du Parti socialiste est condamné en appel à 18 mois d’emprisonnement avec sursis et à deux ans d’inéligibilité, pour le délit de recel de trafic d’influence (affaire URBA).
En 1997, Jean Marie LE PEN est condamné à trois mois de prison avec sursis et une amende, peines assorties de deux ans d'inéligibilité pour « violences sur personne dépositaire de l'ordre public » (agression du maire PS de Mantes La Jolie, Annette PEULVAST BERGAL)
En 1998, Bernard TAPIE est condamné en appel pour « faux », « usage et recel de faux », « complicité et recel d'abus de confiance et de biens sociaux », dans l’affaire des comptes de l’OM, à trois ans d'emprisonnement avec sursis, 45 700 € d'amende et à cinq ans de privation de ses droits civils et civiques (donc inéligibilité)
En 2004, à quelques semaines des élections régionales, Alain JUPPE est condamné à dix ans d'inéligibilité dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris
Marine LE PEN déclare à cette occasion sur France 2 : "Tout le monde a piqué de l'argent dans la caisse, sauf le Front national. Et on trouve ça normal ? Les Français n'en ont pas marre d'entendre parler des affaires, ils en ont marre qu'il y ait des affaires ! Ils en ont marre de voir des élus qui détournent l'argent, c'est scandaleux." Respecter la démocratie, c'est ne pas voler l'argent des Français."
Dans la même affaire, en 2011, Jacques CHIRAC était condamné contre l’avis du Parquet mais compte tenu de son état de santé, à deux ans de prison avec sursis et à un an d’Inéligibilité
En 2013, la députée socialiste des Bouches-du-Rhône, Sylvie ANDRIEUX, est déclarée coupable d'avoir détourné environ 740 000 € de subventions de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et condamnée à trois ans de prison dont deux avec sursis, 100 000 € d'amende et cinq ans d'inéligibilité. Marine Le Pen écrit : "Après sa très lourde condamnation pour détournement de fonds publics à des fins clientélistes, l'élue socialiste Sylvie Andrieux doit maintenant avoir la décence minimum de démissionner de son mandat de députée",
En 2013, Jean TIBERI, maire UMP de Paris est condamné en appel à trois ans d’inéligibilité pour fraude électorale.
En 2016, Yamina BENGUIGUI, ministre de la Francophonie de François Hollande est condamnée en appel à un an d’inéligibilité (déclaration de patrimoine incomplète à trois reprises entre 2012 et 2014).
En 2017, Serge DASSAULT est condamné à deux millions d’euros d’amende et à cinq ans d’inéligibilité pour « blanchiment » (dissimulation à l’Administration fiscale de plusieurs M€ à l’étranger pendant quinze ans).
En 2017, Thomas THEVENOUD, secrétaire d’État au Commerce extérieur de François Hollande est condamné en appel à douze mois de prison avec sursis et à trois ans d’inéligibilité pour avoir déclaré en retard ou pas du tout ses revenus entre 2009 et 2013 (« phobie administrative »).
En 2018, Jérôme CAHUZAC, ministre du Budget et député-maire socialiste du Lot-et-Garonne est condamné en appel à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et à cinq ans d’inéligibilité pour fraude fiscale et blanchiment, dans une affaire d’évasion fiscale.
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En 2018, Léon BERTRAND, ministre délégué au Tourisme de Jacques Chirac, est condamné en 2018 en cassation à trois ans de prison ferme et à trois ans d’inéligibilité, pour corruption passive et favoritisme.
En 2022, François FILLON a été condamné en appel à quatre ans d’emprisonnement, dont un an ferme, 375 000 € d’amende et dix ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics
En 2023, Patrick BALKANY et son épouse Isabelle sont condamnés en appel respectivement à quatre ans et demi et trois ans et demi de prison, 100 000 € d’amende et dix ans d’inéligibilité pour blanchiment de fraude fiscale.
En 2023, Nicolas SARKOZY ancien président de la République Nicolas, est condamné en appel (pourvoi en cassation) à trois ans de prison dont un an ferme et à une inéligibilité de trois ans (affaire des écoutes).
En 2024, Nicolas SARKOZY ancien président de la République est condamné en appel (pourvoi en cassation) à un an de prison dont six mois fermes et à une inéligibilité de cinq ans (affaire Bygmalion, dépassement du plafond des compte de campagne).
En 2012, dans son livre « Pour que vive la France », au chapitre " Morale publique : il y a une urgence", Marine Le Pen écrit : " L’arme de l'inéligibilité devra être utilisée avec beaucoup plus de rigueur ".
Autant dire que la Justice a suivi son conseil, frappant fort pour démontrer que la loi ne s’applique pas qu’aux faibles, qu’elle s’applique aussi aux puissants qu’ils soient de droite ou de gauche peu importe qu’ils aient été anciens présidents de la République, premiers ministres ou ministres, favoris aux futures présidentielles. Voir Marine Le Pen se prétendre victime d’un complot de juges, d’une vengeance des juges la visant personnellement relève de la plaisanterie.
Elle bénéficie même d’une certaine mansuétude dans la mesure où le Parquet n’a requis que cinq ans d’inéligibilité alors qu’Alain JUPPE a été condamné à dix ans dans une affaire d’ampleur financière analogue et François FILLON à dix ans dans une affaire ne concernant qu’un seul emploi fictif d’assistant parlementaire, celui de son épouse.
Voir le chef d’un parti qui ne cesse de réclamer l’application du droit, l’automaticité des peines et de s’en prendre à la faiblesse, à la tolérance des juges prétendre pouvoir bénéficier d’une exception relève de la plaisanterie.
La palme revient à Gérard DARMANIN ex ministre de l’Intérieur qui déclare : « il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et ainsi ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français. Combattre Mme Le PEN se fait dans les urnes, pas ailleurs. Si le tribunal juge qu’elle doit être condamnée, elle ne peut l’être électoralement, sans l’expression du peuple »
Le fait que 67 % des policiers actifs ont affirmé avoir voté RN à la dernière présidentielle n’autorise en rien leur ex-ministre à un tel dérapage populiste qui le disqualifie à jamais. Non seulement c’est une atteinte inadmissible au principe d’indépendance de la justice mais Gérard DARMANIN semble oublier que les magistrats se doivent d’appliquer la loi (il leur a souvent reprocher de ne pas le faire ou pas assez sévèrement) en l’occurrence la loi SAPIN 2 de 2016. Elle prévoit que tout élu reconnu coupable de détournements de fonds est automatiquement déchu de ses droits à se présenter à une élection. La condamnation de Marine LE PEN ne relève donc pas d’une décision des magistrats mais d’un dispositif législatif (et Gérard DARMANIN ne peut ignorer que les magistrats jugent « au nom du peuple français »).
On aura tout vu et tout entendu ! SI l’on avait demandé l’avis des électeurs de Bernard TAPIE, Serge DASSAULT, Alain JUPPE, François FILLON ou des époux BALKANY, jamais ils n’auraient été condamnés.
Du reste, suite à ce dérapage, BALKANY - lui aussi innocent et victime d’un complot - s’est précipité pour demander l’annulation de sa peine d’inéligibilité ! Gérard DARMANIN en appelait à ne pas « creuser la différence entre les élites et l’immense majorité de nos concitoyens ». Si Marine LE PEN n’était pas condamnée comme tous les autres de droite ou de gauche pour des faits souvent moins « graves », ce serait tout au contraire la démonstration d’un fossé entre la majorité des citoyens et quelques puissants « protégés » bénéficiant au mépris de la loi, d’une impunité de fait.
Il reste néanmoins dans cette chienlit quelques éléments qui prêtent à sourire. Lorsque Jordan BARDELLA, président en titre du RN vient malicieusement rappeler dans les médias que « ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire » est la « règle numéro 1 » pour être candidat de sa formation. C’est dire l’ampleur de la purge qu’il va devoir mener compte tenu du nombre actuel d’élus RN qui dérogent à cette règle (qu’il qualifie d’erreurs de casting ou de brebis galeuses). Et Jordan BARDELLA ne peut ignorer que le Rassemblement national a déjà été condamné par la justice (en appel puis confirmation en cassation) pour escroquerie et détournement de fonds en marge des élections législatives de 2012 (affaire des kits de campagne).