Martine Hacquart et l’art du vent
Après une vingtaine d’années dans le domaine des Arts Graphiques, c'est par le biais d’une reconversion professionnelle, en partenariat avec la SEMA (Société d’Encouragement aux Métiers d’Art de Paris), que Martine Hacquart va découvrir puis aborder l’artisanat d’art, comme on aborde un rivage auquel on aspirait sans le savoir, l’univers de l’éventail.
C’est dans l’enceinte du Parc de Wesserling (68) ancienne manufacture royale textile qu’elle a installé son atelier, l’atelier de l’éventail, et son show-room privatif.
A travers ce métier rare de tabletier éventailliste, elle dit aimer perfectionner cet « art du vent » et redonner vie à cet objet à la gestuelle si spécifique.
Accessoire de mode et objet d’art, à la fois familier et méconnu, aussi joli qu’utile, l’éventail allie le savoir-faire d’artisans à la création artistique. Venu des terres exotiques d’extrême orient à la Renaissance, l’éventail fut introduit en France sous le règne de Louis XIV mais nous pénètrerons plus avant dans son histoire à l’occasion d’un prochain article.
Nous allons ici nous attacher au savoir-faire de l’éventail et plus particulièrement de l'éventail plissé. En effet, chaque éventail nécessite un certain nombre d’heures de travail depuis la conception jusqu’à la réalisation finale. La fabrication, complexe, est une suite d’étapes qui demandent dextérité et savoir-faire spécifiques. L’éventail devant, au final, se déployer et se ployer aisément.
L'éventail plissé est constitué d’une MONTURE et d’une FEUILLE.
La MONTURE de l’éventail est composée de deux PANACHES (ou maître brins) qui enclosent plusieurs BRINS (entre 9 et 14 selon le modèle). Les têtes de ces panaches et brins sont assemblées par une rivure.
La FEUILLE elle est fixée sur la partie haute des panaches et des brins appelée BOUTS.
LE TABLETIER réalise la MONTURE.
Pour ce faire il va pouvoir utiliser des matériaux variés : bois indigène (noyer, poirier, érable…), bois exotique (bubinga, amarante, padouk…), bois précieux (ébène, bois de violette, palissandre…), carbone, plexiglas, métal, os, nacre… Si dans le passé la découpe était faite manuellement à la scie bocfil, aujourd’hui l’atelier de l’éventail fait appel aux nouvelles technologies. L’esquisse créée (selon le projet choisi) va servir de support pour l’exécution dans le logiciel graphique, son illustration numérique est alors transférée sur une table de découpe numérique qui va permettre une découpe optimale et parfaitement adaptée au support choisi. Chaque pièce (brins et panaches) va alors être minutieusement poncée et finie (pose de motifs décoratifs en marqueterie de paille, dorure…).
Vient alors le travail de L’EVENTAILLISTE à proprement parler qui coordonne les différentes étapes pour la réalisation de l'éventail
Il va tout d’abord préparer LA FEUILLE. Elle peut être en coton, lin, chanvre, laine, soie, jacquard, dentelle … simple ou doublée … L’important étant de rechercher l’étoffe coordonnée ou adaptée à la monture et au projet initial. Après en avoir élaboré un patronage aux bonnes dimensions, la feuille est apprêtée puis plissée dans le moule correspondant. Il faut alors jouer de patience, puisque la bonne mise en forme des plis dans le moule va prendre de 1 à 6 semaines selon le textile choisi.
Il faut alors monter LA FEUILLE sur LA MONTURE. Pour ce faire, l’éventailliste va tout d’abord faire la découpe de la feuille pour l’adapter au bord de la gorge (partie basse de la monture) et en assurer une parfaite finition. Puis, il s’agira d’encoller les brins un à un, avant de poser l’étoffe puis de faire la découpe du haut et la finition. C’est alors la fabrication des rabats de chaque côté des panaches, puis pour le geste final le martelage à froid de la rivure.
Les éventails peuvent alors briller de tous leurs éclats !
Nous vous invitons à découvrir une magnifique collection des éventails d’exception de Martine Hacquart au sein de Pôle Bijou Galerie jusqu’en novembre prochain dans le cadre de l’exposition « Perles et Atours ».