Mea culpa, mea maxima culpa
Chers lecteurs de l’1dex,
Si plutôt que d’aller me coucher, je pense nécessaire de rédiger maintenant ce mot, à une heure très avancée, c’est que je le trouve d’importance et que c’est urgemment que je ressens le besoin de vous présenter mes excuses.
Je vous présente mes excuses, ainsi qu’aux lecteurs de « Protection de l’enfance – lettre ouverte à tous ses lecteurs » car je me suis trompée. Hippocrate n’a cessé de le répéter et maintenant j’en conviens, c’est vrai, je me suis fourvoyée sans cesse et j’ai amené les lecteurs de mon livre et de mes différents textes à avoir une opinion tout à fait déformée de la protection de l’enfance en général et du fonctionnement de l’APEA de Loèche – Rarogne ouest en particulier.
Je viens donc d’adresser un courriel d’excuse à son président, que je vous communique ici afin que vous vous rendiez compte de l’ampleur de ma bêtise et que ceux d’entre vous que j’avais convaincus de dysfonctionnements réalisent combien j’avais tort et combien ils ont eu tort de partager mon indignation passée.
Donc, oui, Hippocrate, j’ai eu tort, mais pas comme vous le prétendiez.
Je tiens à ajouter que je regrette également d’avoir aidé Ana dans ses démarches, puisque tout récemment celle-ci s’est permise de poster sur Facebook une vidéo qui montrait sa fille qui hurlait, emmenée par une assistante sociale. C’était une grave erreur et, sur demande de l’association qui emploie cette assistante, Ana a retiré son post.
Il est vrai qu’on s’y serait mépris. J’ai vu des vidéos analogues, qui ont amené OPE et instances judicaires à déclarer qu’on ne pouvait pas décemment envoyer chez son parent un enfant qui manifestait un tel refus, mais, là aussi, je me suis trompée. Il faut bien faire la différence entre toutes ces situations et les autorités sont là pour nous éclairer.
Donc, voici :
"Monsieur,
Je vous présente mes excuses. En effet, j’ai dû me tromper sur vos agissements et la manière dont vous vous y prenez car, de toute évidence, Dieu est à vos côtés, ou tout du moins le destin, ou alors la chance.
Je crois fermement que les synchronicités – ces hasards qui n’en sont pas – sont là pour nous aider, pour nous montrer qu’on est dans la bonne voie, pour nous indiquer le chemin et nous faciliter la vie. Or, donc, ce que je constate, c’est que la chance est avec vous, ou Dieu, ou le destin, et que donc j’ai dû me tromper à votre sujet.
Il y a deux jours, la curatrice de la petite Ambre, employée par l’OPE, est informée par le père de l’enfant que Madame Aurora Ramirez parle autour d’elle de la situation de l’enfant de son amie, de ce qu’elle dit avoir vu et de ce qu’elle en sait. Moi-même, dans le cours de l’après-midi, après avoir eu un retour oral de cette séanceavec l’OPE par la mère, j’écris un courriel à la curatrice, avec double à Monsieur Rossier. Dans ce courriel, entre autres, j’écris « En effet, Madame Aurora Ramirez a non seulement vu ces photos mais elle fait partie des témoins directs qui aimeraient bien s’exprimer devant les autorités pénales ».
Moins de vingt-quatre heures plus tard, vous appelez cette dame, la future témoin annoncée, pour l’avertir que vous passerez chez elle cet après-midi à 15 heures et vous refusez de la recevoir dans vos bureaux et également de lui dire pourquoi vous désirez lui parler. Vous l’informez juste que vous le faites sur demande de l’OPE de Sion.
Ce soir, j’apprends qu’à 15 heures vous êtes arrivés chez elle accompagné de deux policiers et de deux psychologues, pour l’informer que vous alliez chercher sa fille à l’école pour la faire hospitaliser, ce soir, pour constater des traces de sévices corporels que sa mère lui aurait fait subir.
Monsieur, vous avez bien fait. On n’est jamais trop prudents. Une femme seule, en plus sans papiers suisses et donc susceptible de s’en ficher de nos lois, il convient de bien s’entourer pour la rencontrer. Je regrette infiniment avoir pensé que cette dame était quelqu’un de fiable, mais, malheureusement, elle semble ne pas l’être. Car c’est bien elle qui serait responsable de ce que l’hôpital de Visperterminen va peut-être trouver comme trace sur le corps de l’enfant. Les enfants ont facilement des bleus, mais l’hôpital de Visperterminen, qui m’a récemment personnellement impressionnée par ses prestations, sera sans doute capable de déterminer si les éventuels bleus sur le corps de l’enfant proviennent de coups et si ceux-ci ont été portés par la mère. Comme il s’agit d’une urgence et que les voies de faits répétés à l’encontre des enfants entrent dans le cadre de la violence domestique et sont donc poursuivis d’office, je pense que vous parviendrez sans problème à aboutir à ce que l’enfant soit également interrogée rapidement par les autorités ad hoc, ce que la loi vous enjoint de faire.
Heureusement, cette information au sujet de la mère est arrivée pile au bon moment, pour nous montrer à tous que cette dame n’est apparemment pas une bonne mère, pas fiable, dont la parole peut et doit être remise en doute, et donc qu’il est impossible qu’elle se présente comme témoin dans de quelconques procédures pénales.
La vie est étrange et les apparences trompeuses. Car cette femme a tout à fait l’air d’une mère responsable et aimante, ce dont attestent son ex-mari et son entourage et dont devrait également attester ces prochains jours une de ses connaissances qui travaille au sein de l’OPE.
Je vous remercie pour votre engagement sans faille auprès de l’enfance en souffrance, ça m’aide à oublier les cris de douleur de cette mère, au téléphone, tout à l’heure et à supporter l’idée que cette enfant passera peut-être ses 5 ans, qui ont lieu dans deux jours, éloignée de sa famille. Vous avez annoncé vouloir passer à nouveau chez Madame demain. Je vous conseille de vous faire accompagner à nouveau par la police, on ne sait jamais. La police impressionne toujours les gens, ce qui les incite à collaborer.
J’envoie un double de cette lettre au Département des institutions, pour l’informer de ma grave erreur d’appréciation quant au mode d’action de l’APEA de Loèche – Rarogne ouest dans le cas de la petite Ambre, à l’avocate de la mère, afin qu’elle se rende bien compte que cette dame ne devrait de toute évidence pas être citée comme témoin, à Monsieur Marc Rossier, chef de l’OPE et à son chef Monsieur Christian Nanchen et, au vu de l’importance de mon erreur d’appréciation passée, à Monsieur Christophe Darbellay, chef du Département dont dépend l’OPE.
Je pense qu’il y a particulièrement lieu de vous féliciter de gérer si bien l’évaluation des risques et des mesures à prendre, travaillant en étroite collaboration avec la curatrice et avec Monsieur Kreuzer, chef de l’OPE du Haut-Valais.
Mes salutations,
Isabelle Vuistiner-Zuber"
Je termine, chers lecteurs de l’1dex, avec des excuses supplémentaires : au vu de la personnalité des deux mères concernées, que, grâce à l’APEA de Loèche – Rarogne ouest, j’arrive enfin à cerner, j’ai anonymisé leurs noms pour éviter toute plainte pénale, ce qui rend la lecture un peu plus difficile.
Juste là, j’hésite. Entre la fumette, dont l’odeur m’écoeure, et l’alcool, que je supporte mal, je ne sais que choisir pour tenter d’oublier ma honte d’avoir été si peu clairvoyante.
Mais peut-être que le Dieu qui préside à l’avènement des synchronicités me viendra en aide !
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(1) Précisions de L’1Dex : les signifiant et syntagmes « Ambre », « Aurora Ramirez » et « Hôpital de Visperterminen » ont été anonymisés par l'auteure.
Thérapeute certifiée. Médiatrice professionnelle. Intervenante en hauts conflits familiaux, spécialisée en (co)parentalité, en prévention et suivi des incestes. Formatrice chez Compétences Familles, que je dirige.
5 ansSuite : Après 3 jours d'hospitalisation, l'enfant a été rendue à sa mère. Il a donc fallu 3 jours, suite à une dénonciation calomnieuse, pour qu'on constate que cette petite fille de 5 ans - qui a son anniversaire aujourd'hui - n'avait pas la moindre trace de coups sur son corps et qu'elle réclamait sans cesse sa maman, la présumée auteure d'une violence physique absente, avec absolument aucune déclaration de sa part qui confirmerait l'existence de violence. 5 personnes qui arrivent chez la maman vendredi, dont 2 policiers. 3 kg perdus par celle-ci en 3 jours. Une petite fille qui n'a cessé de crier, pleurer et réclamer sa maman. Mère et fille qui n'ont que très peu dormi. Je ne suis pas sûre qu'on puisse parler d'une gestion du risque optimale. Cette prise en charge n'a hélas rien d'une exception. Il y a quelques mois, je me suis retrouvée face à une situation encore pire où, entre autres, l'urgence de l'intervention a été motivée par une brûlure de cigarette sur la peau d'un enfant, annoncée comme telle par une enseignante. La brûlure n'était en fait qu'un eczéma aggravé, mais, comme tout le monde avait été inquiété, il a fallu plusieurs jours pour s'en rendre compte. Depuis le 1er janvier 2019, l'obligation de signaler a été renforcée en Suisse. Comme nos autorités de protection ne sont pas constituées de professionnels spécialement formés, je crains qu'on assiste encore et encore à des prises en charge de ce genre, totalement disproportionnées à mes yeux, et qui frisent la brutalité.