Merci Céline Alix

Oui, merci. Ce livre (#mercimaisnonmerci) est un cadeau. En le lisant, j’ai le sentiment d’avoir le droit de déposer un poids. Celui de la culpabilité de ne pas être et avoir tout à la fois. Professionnelle méritante et reconnue, mère présente et attentive, épouse et gestionnaire du temps idéale, sœur, fille, amie disponible à la demande. La femme parfaite n’existe pas, l’homme parfait non plus.

L’obligation d’excellence est un sacerdoce.

A plusieurs moments de ma vie, elle est devenue une prison de laquelle je n’ai pas su m’extraire autrement que par l’abandon. L’abandon qui nourrit et entretien mon sentiment d’échec. Tourne alors en boucle cette rengaine de la remise en question : pas assez d’ambition, de résistance à la pression, sentiment de craquer quand les enjeux sont trop grands. Un stérépotype presque parfait du portait féminin … Franchement, en dehors de la vie et de l’équilibre avec lequel j’aime la traverser, je ne connais pas d’enjeux plus grands. Est-ce alors une façon de me déresponsabiliser d’avoir abandonné une carrière de cheffe d’entreprise prometteuse ? J’ai tendance à croire que non désormais. 

Le Courage de dire non

Face à une situation dangereuse l’homme/la femme primal(e) à 2 choix. L’affrontement ou la fuite. C’est ainsi depuis la nuit des temps. Mais voilà, affronter est plus valorisant que fuir, affronter c’est viril, c’est en avoir sous le coude, le combattant est fier. Et même s’il meurt au combat il meurt en héros. Pour ma part, je préfère être une héroïne vivante du quotidien avec toutes mes faiblesses et mes ratés, qu’un héros mort. La fuite c’est pour les faibles, c’est le camp de la honte qu’on rejoint tête baissée sans un mot. Ah bon ? Quand on n'a pas les armes ou que les conditions ne sont pas réunies pour gagner, que l’on choisi de vivre malgré tout, la fuite est plutôt sage. Fuir une situation qui ne nous convient pas demande du courage. C’est déstabilisant de devoir se réinventer. C’est un bouleversement de devoir changer, s’adapter. Fuir mais pas s’enterrer dans un trou. Emprunter un autre chemin. Où la perméabilité entre vie professionnelle et personnelle est plus grande. Un chemin plus bienveillant vis-à-vis de soi-même.  

Réussir autrement

A la lecture de ce livre, j’ai la confirmation d’avoir le droit de définir la réussite sociale autrement. J’ai la confirmation d’avoir le droit d’arrêter toute les vaines tentatives pour courber l’espace-temps afin d’y faire rentrer une géométrie complexe et impossible à caser. Travailler efficacement mais pouvoir aller déposer/chercher les enfants à l’école. Jongler avec les vacances scolaires qui reviennent avec une répétitivité quasi-militaire. Avoir du temps et de la patience pour les devoirs, les histoires du soir, les câlins les parties de cache-cache, les batailles d’eau du bain. Avoir du temps et de la disponibilité pour me lover contre mon homme, regarder un film et imaginer des projets ensembles. Avoir du temps pour mes amis, ma famille, pour moi …. J’ai bien conscience que beaucoup de femmes n’ont pas la chance de pouvoir rêver cette vie d’équilibre à laquelle nous devrions toutes avoir le droit d’aspirer. Parce qu’elles élèvent seules un enfant, qu’elles n’ont pas d’entourage aidant sur lequel s’appuyer pour dire non, parce qu’elles n’ont pas eu accès à des études leur permettant d’avoir tout simplement le choix. C’est peut-être pour elles, qu’il faut embrasser à bras ouvert ce changement. Pour que les mentalités changent, que l’entreprise propose un autre modèle plus efficace, plus inclusif, moins infantilisant, basé sur la confiance, il faut faire un premier pas. 

Alors pour tout ça, merci. Oui merci d’avoir démontré que l’on pouvait redéfinir les contours de la réussite et choisir de devenir une femme active, une mère, une épouse, une sœur, une fille, une amie, qui mène sa vie professionnelle et personnelle à son propre rythme et selon ses convictions. Reste à définir les contours pour que la géométrie complexe de chacune puisse s'y insérer parfaitement.