Merci la covid ! La crise accélérateur de changements
Entretien avec Robert Collart sur les enseignements positifs de la crise.
En mars 2022, cela fera deux ans que la crise Covid affecte de plein fouet l’Europe. Le monde du travail a été fortement marqué par cette pandémie. Au sein des entités du groupe Blacksheep Tribes – où le télétravail et des formes innovantes de management sont exercées – l’impact a été moins important. Il ne s’agit pas d’une fierté mais d’un constat. Pourquoi ? Parce que nous avions déjà anticipé les évolutions et les changements souhaités par les collaborateurs à savoir de bénéficier de plus d’autonomie, de confiance et trouver plus de sens dans le travail.
Chez Boost Us, nous avons continué durant cette crise à accompagner les organisations. Nous avons aussi poursuivi nos observations de ce qui se passe autour de nous. Avec un grand constat : la crise a accéléré les changements en cours au sein des organisations.
Robert Collart, vous êtes expert en management chez Boost Us, quels sont les grands constats que vous tirez ?
« D’abord, que beaucoup d’organisations ont réalisé en quelques mois, certaines en quelques semaines, un bon gigantesque dans le digital et le numérique. En un temps record, ce qui était impossible avant la pandémie est devenu une réalité. Que ce soit dans les administrations, le monde académique ou le monde des entreprises ».
Ces avancées technologiques ont donc impacté nos vies mais aussi nos conditions de travail ?
« Oui, aujourd’hui il n’est plus envisageable pour beaucoup de reprendre le chemin du travail, de passer des heures dans les transports pour simplement aller s’asseoir devant un écran au bureau. Le télétravail, où d’une manière plus générique le travail à distance, s’est introduit dans nos vie et va le rester. Le travail hybride va s’imposer comme un nouveau standard. Il deviendra un incontournable pour attirer certains profils dans un marché du travail en manque de talents ».
Quels sont les impacts sur l’économie ?
« Le travail hybride va impacter l’offre de services et de biens des grandes villes. La vie sera difficile pour les snacks, les restaurants, les commerces de proximité… Cependant en périphérie ou en banlieue, les commerce de proximité vont se développer. Le travail hybride va également impacter l’immobilier du bureau et son aménagement. Demain, on ira au bureau pour des activités collaboratives ».
La digitalisation va donc encore s’accélérer ?
« Oui et pour rendre les choses plus facilement gérable, beaucoup de processus vont être digitalisés. Ainsi l’onboarding digital mais aussi d’autres processus ressources humaines vont être digitalisés. Cela permettra au département ressources humaines d’offrir des services avec plus de valeur ajoutée. La pandémie, et donc les avancées technologiques mise en place, a modifié de manière durable nos modes relationnels dans nos organisations ».
Avec un peu de recul, quelles sont les évolutions dans le monde du travail ?
« Pour moi, il y aura plusieurs évolutions :
1. Travail hybride et management hybride comme nouveau standard.
2. Nécessité d’expérimenter dans un monde nouveau dans lequel on a peu de références.
3. Besoin de repenser nos modèles managériaux et de gouvernance pour donner plus d’autonomie et de responsabilité aux acteurs de terrain.
4. Assurer le bien-être et la cohésion des équipes pour garder la santé mentale des salariés.
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5. Dépasser le cap de l’utilisation chaotique des outils informatiques installés dans la précipitation lors de la crise pour rentrer dans une gestion professionnelle.
6. Donner du sens au travail au quotidien pour s’assurer de l’engagement de nos collaborateurs.
7. Revoir les espaces de bureaux pour assurer un travail hybride ».
Dans quel état d’esprit les collaborateurs et les dirigeants des organisations sont-ils aujourd’hui ? Epuisés ?
« La situation actuelle est encore difficile car il y a beaucoup de salariés soit pas au travail car malade, soit en quarantaine. Des entreprises ont dû revoir leur offre de services ou leur livraison de car ils n’avaient pas la main d’œuvre suffisante pour maintenir l’offre initiale. Des trains, des avions, des pièces électroniques… ont été supprimés ou sont en rupture de stock. Je ne parle même pas des hôpitaux qui certains ont 30% de leur personnel soignant absent. Ceux qui sont au travail doivent donc travailler encore plus dur dans un contexte de pression sociale assez forte. La santé mental est mise à rude épreuve. Dans les prochains mois, il faut s’attendre à une vague de burn-out, de dépressions et autres troubles psychologiques associés ».
Comment prévenir ce genre de crise ?
« Il n’y a pas de recette miracle pour une situation aussi exceptionnelle. Néanmoins, ce qui peut soulager les collaborateurs est d’adopter un management bienveillant : être sensible aux émotions de ses collaborateurs, être présent et disponible, favoriser la collaboration et l’expression individuelle, écouter avec empathie, se concentrer sur les forces des équipiers, créer un bon esprit d’équipe et être soi-même, en tant que manager, un exemple ».
Dernière question : est-ce que la crise a permis de voir émerger des organisations plus collaboratives ?
« Selon l’enquête de Cap Gemini (The Future of Work: From remote to hybrid de décembre 2020), bien que 78% des organisations disent développer une culture de l’autonomie, 48% des employés s’estiment micro managés lorsqu’ils sont en télétravail. Un chiffre qui révèle un fossé entre la réalité au quotidien et les aspirations des salariés ».
Robert Collart est expert en management chez Boost Us du groupe Blacksheep Tribes. Il était interrogé par Mathieu Baugniet, responsable communication du groupe – 0479/22.35.85
Consultant
2 ansMerci Covid et merci Robert pour ces éclairages.