Merci Papa
Plusieurs enfants de « vedettes » vous le diront : le poids à porter peut être lourd. Quand on grandit, on ne s’en rend pas trop compte, on y voit surtout les avantages, les privilèges accordés à cette classe de gens à part. Mais en vieillissant, ça change. Dans mon cas, tout a commencé quand j’ai décidé que je voulais suivre les traces de mon père. Contrairement à la croyance populaire, les portes ne s’ouvrent pas systématiquement parce que t’es la « fille de ». Oui, il y a eu des opportunités mais devoir prouver à chaque audition que tu as ton propre talent, ta propre couleur, ce n’est pas gagné d’avance.
Tellement que j’ai décidé de m’exiler à New York. D’aller apprendre le métier, d’être anonyme et d’être reconnue pour qui j’étais. De me prouver que j’avais du talent. Ce désir de devenir comédienne s’était transformé en quête d’identité.
J’ai alors compris que j’avais le talent nécessaire pour faire ce métier. Et que personne ne pourrait plus me faire douter de ça.
Mais entretemps la vie vit. « Life is what happens to you while you're busy making other plans.» chantait John Lennon.
En fait, même petite, comme d’autres enfants de parents connus, j’ai souffert à mes heures. Avant même que je comprenne ce que ça voulait dire, on a commencé à me traiter de fille d’alcoolique. Il faut se rappeler qu’à l’époque, mon père avait été un des premiers à parler ouvertement de son alcoolisme et à faire connaître cette maladie. Mais enfant, je ne savais pas ça. Je prenais conscience, tranquillement, qu’être connu portait aussi des désavantages et que ta vie privée, tout le monde la connaît. Et la juge. Haut et fort.
Ça forge une carapace.
Puis est venu l’alcoolisme de ma mère. J’avais 18 ans. Elle en est décédée j’avais 22 ans.
Ça aussi ça forge une carapace.
Mais pendant que je ne pensais qu’au théâtre, ces épreuves étaient en train de me préparer à cette vie qui m’attendait.
Parce qu’entretemps, j‘en ai fréquenté des alcooliques, toxicomanes, héroïnomanes. Je me suis impliquée dans les téléthons, je suis retournée aux études et j’ai appris mon métier.
Aujourd’hui, si je vous parle, c’est parce que je viens d’être nommée Directrice Générale de La Maison Jean Lapointe, volet Prévention. Et que même si on peut trop vite faire le lien entre le nom de la Maison et le mien et de croire encore qu’ « on sait bien, c’est parce que c’est la fille de », je n’ai plus de preuve à faire. Je n’ai plus de compte à rendre. La vie m’a amenée là. Parce que l’alcoolisme de mon père (et celui de ma mère) n’a pas juste blessé. Il m’a appris la compassion, l’entraide et la résilience.
Oui, je suis la fille de Jean Lapointe. Et non, je ne m’en cacherai pas. Parce que le monde a besoin de « filles de », comme moi.
Présidente, Administration Solutions inc. La comptabilité, un casse-tête pour vous, une passion pour nous!
7 ansFélicitations pour votre nomination pas en tant que "fille de" mais bien en tant que "femme" honnête de son parcours, ouverte et dédiée aux autres et surtout empathique à la détresse. Bravo à une femme parmi tant d'autres qui fait sa place! Nous entendrons parler beaucoup de vous dans le futur.
Co-Fondateur | Otonom Solution| Paiement automatisé pour l’immobilier| Consolider l'immobilier par le paiement
7 ansVous êtes une personne solide sans l'ombre d'un doute madame Lapointe. Même si j'ai eu la chance d'être élevé dans un milieu "clean", j'ai un grand ami pour qui la vie a été écorchée par ce fléau. Ainsi votre témoignage m'a totalement convaincu que "fille de" ou non, vous paverez de la même manière où votre père a si bien arpenté le chemin. Bravo.
Conseiller principal - accompagnement en transformation organisationnelle
7 ansMerci. C'est un très beau témoignage.