Mes leçons et astuces de « Philo & coaching de vie», (pour les (presque) nuls!)

N•3: «Vaincre Ananke*»

Mes leçons et astuces de « Philo & coaching de vie», (pour les (presque) nuls!) N•3: «Vaincre Ananke*»

Ou comment ne pas rester juste qui on devait (ou était destiné à) être mais devenir qui on veut (vraiment) être.

Au plan personnel, qui n’a pas rencontré dans son entourage amical et/ou relationnel, des personnes exprimant une lassitude, une souffrance même parfois, à vivre leur vie (personnelle et/ou professionnelle) mais qui pour autant -lendores peut-être?- rechignent à se mettre en mouvement, à faire ne serait-ce que la moindre chose pour en changer ? Des êtres souvent velléitaires, parfois démunis, voire perdus dans des automatismes circulaires inanes.

"Comfortably Numb "( Pink Floyd in "The Wall" album de 1979)

Au plan professionnel, lors d’une séance de coaching, la dirigeante cadre que j’accompagnais alors, exprimait une frustration de ne pas avoir réalisé son rêve d’enfance de devenir pilote d’avion. À ma question de savoir pourquoi elle ne pourrait pas encore y parvenir un jour, sa réponse fusa comme une sagaie : « avec ma vie actuelle et les sujétions personnelles et familiales auxquelles je dois faire face, j’eusse aimé (ndlr: l'emploi du conditionnel passé deuxième forme ici (et certes pas si fréquent de nos jours avouons-le) est édifiant et révélateur!), mais je ne pouvais pas, je ne peux pas, je ne peux plus, non c’est trop tard, désormais, et puis ce n’est pas ce qui était prévu pour moi (sic) ! »

J'introduisais alors et nous évoquâmes la notion d'Ananke et de libre arbitre. 

(Pour)quoi attendre pour vivre « sa » vie plutôt que la rêver, la phantasmer, ou -pis encore- d’y renoncer?  

Se libérer de l’Ananke, c’est ainsi tenter (un peu ?) d’échapper aux filets du destin et écrire soi-même sa destinée ?

« Mieux vaut allumer une petite bougie plutôt que maudire les ténèbres » apophtegme de Lao Tseu.

Voici la proposition de démarche de coaching qui fut adoptée ici:

Phase 1: 

Aider la personne coachée à repérer, identifier, verbaliser un désagrément ou un désir profond inassouvi dans le cours de sa vie, et comme étant une source explicable de frustration ou de malaise

Phase 2: 

L’amener à se fixer un but, un changement souhaitable/souhaité ? Lui permettre ainsi d'identifier son idéal du moi profond (merci Freud !), ses désirs, ses envies, ses ambitions, ce qui la fait vibrer et se ressentir sincère et vraie pour elle-même, sans fard.

Phase 3 :

Travailler avec elle à ce qu’elle débusque des moyens de se libérer (ou pas, d’ailleurs, mais dans tous les cas « consciemment ») de ses croyances, personnelles ou partagées, de ses freins, patterns, de ses habitus (au sens théorisé par Dubourdieu), de ses déterminismes sociaux, familiaux, génétiques, culturels (voire meta-culturels), spirituels ou religieux. L’aider à aller même chercher et explorer « du côté » de ce qui se joue en lien avec son bagage et ses impedimenta que, comme tout un chacun, elle « trimbale » du fait de sa condition d’origine. Débusquer les pressions et injonctions (morales ou culturelles) qui guident voire conduisent sa vie parfois à son insu. Mais aussi cerner les chantages, réprobations voire animadversions de son entourage empreints nonobstant de bons sentiments le plus souvent, qui la freinent et la refrènent. 

Phase 4 :

Lui faire verbaliser et décider en pleine conscience de perpétuer ces habitus ou au contraire de les remettre en question voire d’y renoncer pour vivre sa propre vie, en surmontant les craintes voire les angoisses que ces perspectives de changement recèlent.

Phase 5 : 

L’accompagner dans les prises de décisions , et le soutenir face à ces choix difficiles vers une vie plus « congruente ». 

Commentaires : 

Comme l’écrit Spinoza, l’absence de toute détermination (ou tout déterminisme plutôt) est illusoire mais la véritable liberté se trouverait dans la pleine conscience de ces déterminations qui nous « empêchent ».... Ainsi baignés dans ces déterminismes multiples nous faisons pourtant chaque fois des choix pour orienter notre vie. Bien sûr ces choix sont bien souvent sources d’angoisse (angoisse de l’inconnu, ou peur de se tromper) mais cette angoisse est aussi, comme l’écrit Sartre, la manifestation de notre liberté d’action sur notre vie. « C’est dans l’angoisse, que l’homme prend conscience de sa liberté ». J.-P. Sartre, L’être et le néant. Essai d’ontologie phénoménologique, Paris, Gallimard, 1943, (EN), p. 66.

*Ananke :

divinité grecque du destin (fatum romain), de la fatalité, de la nécessité

« ...

Retourne aux problèmes profonds.

Brise Anankè, ce lourd couvercle

Sous qui, tristes, nous étouffons ;

Franchis la sphère, sors du cercle !...» 

Strophe issue du poème : « Au cheval » in « les chansons des rues et des bois » de Victor Hugo ( Livre II « La sagesse »-1865)-

C'est dit !

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