Minorité ou élite traditionaliste ?
un évêque juste avant le Concile Vatican II

Minorité ou élite traditionaliste ?


Il faut reconnaître qu'il est assez troublant d'être constamment en minorité lorsqu'on désapprouve, à la suite de Mgr Lefèbvre, l'esprit et les actes du Concile Vatican II, ainsi que la nouvelle messe de 1969.

Je remarquais pourtant ce matin, en lisant les Psaumes de Matines du vendredi, que le peuple d'Israël avait longtemps fait l'expérience de la minorité : n'était-il pas la plus petite peuplade parmi des peuples bien plus grands, comme celui d'Egypte ou celui de Mésopotamie ? Or, malgré l'esclavage en Egypte et malgré la déportation à Babylone, Israël n'a cessé d'être protégé par Dieu, en tant que peuple élu. Cela ne peut que nous rappeler la promesse du Seigneur à St Pierre d'édifier sur lui l'Eglise et de la faire résister aux portes de l'Enfer.

Appartenir à la minorité en ayant conscience d'y défendre l'avenir de l'Eglise et l'authenticité de la doctrine traditionnelle est donc une grâce. C'est comme si l'Eglise, dans sa majorité, était déportée parmi les peuples païens, ceux où la franc-maçonnerie a le plus d'influence. En relisant les Actes du concile Vatican II cet été, j'étais frappé de voir combien ils prédisposent le lecteur à une parfaite tolérance envers l'humanisme maçonnique et athée.

Déjà en son temps, Platon faisait l'éloge de ceux qui résistent au nom de la justice ou de la vérité contre le plus grand nombre lorsqu'une majorité prend le mauvais chemin. Nous sommes depuis 1965 dans cette situation en tant que chrétiens et catholiques. Or, Dieu le voit, le sait et ne cesse de gouverner l'Eglise en faisant en sorte que d'authentiques évêques continuent de défendre la saine doctrine. Depuis 1969, nous n'avons pas cessé de combattre cette nouvelle messe qui offense la dignité du sacré, du divin et en somme offense directement Dieu.

Ceux qui ont fait de la philosophie savent que l'élite est souvent dans un parti minoritaire et que ce qui est excellent fait rarement le choix de la majorité populaire. Ils savent cela non seulement en théorie, mais même en pratique, car ayant élevé leur esprit sur nombre de sujets de réflexions, ils se sont aperçu qu'ils rejoignaient un petit nombre de personnes, bien souvent. Prenons par exemple le parti de ceux qui s'opposent à la proposition en faveur de l'avortement qui est faite aux femmes depuis plusieurs décennies dans nos pays occidentaux.

Il est bel et bien à craindre que de nombreux monastères fonctionnent désormais comme des lieux clos où l'évidence est cultivée à l'écart des incitations critiques et du bon parti. Un parfait exemple m'en a été donné lorsque je découvris la Critique du Novus Ordo Missae publiée par les cardinaux Ottaviani et Bacci : j'ai pu la lire entièrement et m'en ouvrir à l'un de mes supérieurs, qui m'a aussitôt défendu de suivre cette ligne lefébvriste. La raison qu'il invoquait était que lui-même avait été lefébvriste plusieurs années, avant de rejoindre la majorité conciliaire. Raison trop faible pour moi, bien entendu... J'ai remarqué que le monastère s'imposait l'évidence conciliaire et celle de la nouvelle messe (en latin) au point que même une critique rationnelle du lefébvrisme y était impensable : car critiquer, ç'eût été admettre qu'un dialogue était envisageable. La minorité traditionnelle était ainsi implacablement révoquée le plus loin possible de toute écoute. J'ai trouvé cela suspect. Je crois que c'est en grande partie la raison pour laquelle on m'a refusé de suivre ensuite le retour des moines depuis l'abbayé saint Georges (prieuré) jusqu'à Flavigny (abbaye mère). J'avais été catalogué comme indécis et trop ouvert intellectuellement à l'option lefébvriste, option qu'ils jugeaient quasi diabolique...

Je comprends donc à présent que plus le temps passe et plus les mécanismes sectaires ont d'influence au sein des communautés chrétiennes de l'Eglise du concile Vatican II. Cette Eglise conciliaire souffre trop de ne pas écouter les arguments de Mgr Lefèbvre et les nombreuses publications faites par le parti de la Tradition. Plus le temps passe et plus ils sont inexcusables d'ignorer l'existence de sites traditionalistes sur internet : Reconquista, Catholicos Alerta, France Fidèle...

Ainsi, nous assistons d'une part à un formidable esprit de Résistance au sein de la Tradition et d'autre part à l'augmentation de la pire déchéance qui soit parmi les chrétiens protestantisés et maçonnisés dans l'Eglise conciliaire : la négation sectaire de la liberté de servir la vérité. N'est-ce pas le même schéma que jadis, dans les temps anciens, Israël avait expérimenté devant Pharaon ou devant Nabuchodonosor ? N'y a-t-il pas avec l'influence maçonnique et protestante une comparaison à faire aujourd'hui ?


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