Mobilités du quotidien : priorité aux déplacements longs (20 à 80 km)

Si on veut se faire une idée de l'adéquation entre les besoins de déplacement et l'offre de transport, il est intéressant de distinguer 3 classes de distance, et éventuellement 3 types de territoire. Le schéma ci après résume ce cadre d'analyse :

Nota : les coupures (10 et 100 km) sont simplificatrices. A titre d'exemple on met généralement la limite entre les déplacements du quotidien et les voyages à 80 km.

On peut à partir de ce cadre d'analyse faire les commentaires suivants :

  • Lorsqu'on veut effectuer un déplacement de quelques centaines de kilomètres on a un large choix modal : classiques comme le rail et la route, rapides comme l'autoroute, la LGV ou l'avion, et même à coût modeste comme le covoiturage ou les autocars intercité.
  • Lorsqu'on veut effectuer un déplacement de quelques kilomètres on est dans l'une des 36 000 communes de notre pays et on a également un large chois modal, de la marche au métro en passant par le vélo, la voiture et le bus.
  • Dans les deux classes de distance ci-dessus l'acteur qui est en charge d'organiser les systèmes de transport (Etat pour les longues distances, et communes pour les courtes distances), est clairement identifié depuis des siècles, et il a l'autorité et l'ensemble des moyens pour répondre à la demande des usagers.
  • Il n'en est pas de même pour la classe des distances intermédiaires. En matière de choix modal seuls les habitants des ville centre disposent (tout au moins en général) d'une étoile ferroviaire qui permet d’offrir un choix entre la voiture et le TER. Par contre environ 80% des habitants des périphéries et du rural font le choix de la voiture (voir à ce sujet la note INSEE Première n°1605 de juin 2016 citée dans l'article précédent); on pourrait bien sûr se demander s'ils ne pourraient pas faire l'effort de prendre le bus puis le TER, ou un vélo électrique; mais force est de constater qu'il prennent une option, la voiture, qui pèse sur le budget des ménages, et qu'ils estiment probablement que c'est la moins pire des solutions. Au sein de ses territoires les habitants des périphéries (30 millions d'habitants) cumulent en outre le handicap de la congestion quotidienne.

La priorité porte donc sur les distances intermédiaires (10 à 80 km) et pour les habitants des périphéries, mais aussi pour les habitants du rural. La mise en oeuvre d'offres de transport collectif dans ce segment est difficile pour les raisons suivantes :

  1. L'ampleur des flux dans les zones de moyenne densité est modeste, et elle n'est pas suffisante pour justifier des modes lourds classiques.
  2. Il n'existe en général pas un acteur unique ayant l'autorité et l'ensemble des moyens (fer et route) pour mettre en oeuvre une offre de transport alternative.
  3. Nous verrons dans un article ultérieur que la demande de transport dans la catégorie des distances intermédiaires était marginale il y a 40 ans, et qu'elle est devenue prioritaire depuis une vingtaine d'années.

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