Momcation : Pause bien-être ou symptôme d'un besoin plus profond ?

Les chiffres sont alarmants : 600 000 mamans sont au bord du craquage en France en 2024 (selon le podcast Zoom zoom zen de France Inter - du 23.09.24 et du 21.10.24).

Venu des États-Unis, ce phénomène prend de plus en plus d’ampleur en France : les “momcation”. 

Contraction des mots “mom” et “vacation”, il signifie “vacances pour mamans”. C'est-à-dire des vraies vacances, sans conjoint ni enfant. Parfois seule, parfois avec d’autres mamans.

Ces mères partent non pas par désamour pour leur famille, mais pour souffler, prendre une pause souvent bien méritée dans le tumulte incessant de leurs (nos) vies quotidiennes. 

Un moment pour retrouver le temps et l’envie de prendre soin d’elles et pour relâcher la pression avant d’exploser. 

Car c’est bien connu : “quand maman va, tout va”.

Mais selon une étude IPSOS, 8 femmes sur 10 subissent une charge mentale au quotidien, et 23 % s’estiment en surcharge.

Alors quand l’envie de momcation devient besoin viscéral, n'est-ce pas une des conséquences néfastes d’un quotidien surchargé qui surgit ?

Les momcation sont-elles un simple un placebo pour tenir plus longtemps avant craquage ou offrent-elles un réel bienfait permettant de se ressourcer ?

Momcation : une parenthèse dans le quotidien

Apparition du mouvement et libération de la parole

Depuis une dizaine d’années, la parole se libère autour de la charge mentale des femmes et du burn-out parental, notamment grâce aux réseaux sociaux.

Les mamans jonglent entre plusieurs rôles à longueur de journée et en ont marre de viser la perfection. 

La gestion familiale en première ligne. À cela s’ajoutent les obligations professionnelles à assumer, et les attentes de la société à supporter. La pression monte pour les mamans d’aujourd’hui. 

Autant de rôles qui engendrent un stress croissant chez les mères. Il faut dire qu’elles ont une grosse tendance à s’oublier, à ne pas prendre le temps pour elles, privilégiant enfants et famille.

“Être une femme libérée, c’est pas si facile”… disait Cookie Dingle. Et ce groupe des années 80 n’avait pas tort.

Dans la vraie vie, on met 15 minutes à couper des ongles de pieds du p'tit dernier qui se prend pour un danseur de coucaratcha, avant de préparer le diner pour 5 personnes (dont 3 s’en plaindront), pour finir par boucler des devis après que la troupe soit enfin couchée.

Ce n’est pas étonnant que les mamans aient besoin d’un peu de répit. Et d’un peu de repos. Les momcation ont été créées exactement pour ça : oublier ce quotidien pour quelques jours. 

En surface, de bonnes raisons pour adhérer au mouvement

N'est-ce pas une bonne idée de prendre une pause sans aucune responsabilité et sans que la vie d’un autre (mini ou grand) humain ne dépende de nous ? Sans que votre business en tombe aux oubliettes faute d’implication H24 ?

Dans l’idéal, ces momcation permettent de : 

• Se ressourcer : un besoin de repos physique et mental. Prendre soin de soi et se recentrer sur ses besoins, primaires ou superflus. Avoir le temps de se vernir les ongles peut sembler superficiel. Plus que de la coquetterie pure, c’est surtout un instant pour soi.

• Retrouver une identité : sortir des multiples rôles supportés tout au long de l’année, redevenir soi-même. Juste être soi, danser et chanter à tue-tête son hit préféré de Britney Spears. (On en a tous un !)

• Se recharger émotionnellement : partir pour mieux revenir. Être plus disponible après avoir libéré de la charge, un peu comme la Reine de neige : partir pour maîtriser ses pouvoirs, elle revient pour faire briller ses flocons même en été. 

Ces besoins sont essentiels dès lors où vous n’êtes pas allée aux toilettes seule depuis plus de 5 ans ! 

Quels types de momcation pour se faire plaisir ?

La règle ? Il n’y en a pas. Les momcation sont conçues pour se faire plaisir, souffler sans contraintes (ou presque). 

Alors que vous partiez seule ou entre amies, en France ou à l’étranger, choisissez votre version des momcation :

• Plutôt retraite nature, marche dans la forêt en pleine conscience, ou plutôt retraite sportive avec l’ascension du Mont Blanc et redescente en parapente ? L'important ici est de se faire plaisir.

• Optez pour une formule tout compris dans les clubs all-in pour adultes. Aucun cri strident dans les couloirs du club, pas de plouf dans la piscine qui éclabousse votre livre, et pas de mômes qui bloquent l'accès au bar !

• Ressourcez-vous en thalasso et profitez de massages à gogo, des enveloppes aux algues marines et thé vert pour se détoxifier, de l'extérieur comme de l'intérieur. 

  Que vous partiez pour un weekend ou une semaine (voire plus), ce sont des dispositions personnelles à évaluer en fonction de l’organisation de vie possible sans vous - sans votre intervention.

Cependant, avant d’atteindre ce Graal, il faut prendre en compte les aspects émotionnels et pratiques.

II. Les défis cachés des momcation : de la liberté, mais à quel prix ?

Organiser des momcation nécessite de s’y prendre relativement en avance ; ce qui,  jusqu’au départ, rajoute à la charge quotidienne, que les mamans cherchent justement à éradiquer. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Anticipation et culpabilité 

Les momcation doivent être prévues et organisées, celle qui en profite doit également anticiper pour éviter de donner l'impression de simplement abandonner son foyer, sans se soucier des conséquences. 

La culpabilité se fait sentir dès que l’idée de momcation germe dans votre tête et s’accentue au fur et à mesure des anticipations :  

• Culpabilité d’abandonner sa famille : les laisser sans que la raison ni le but ne soient forcément compris, notamment par les enfants.

• Culpabilité d’être égoïste : se faire passer avant tout le monde, la famille et les enfants, ne penser qu’à soi.

• Culpabilité financière : ce budget pourrait servir pour d’autres projets comme des “vacances” en famille (pas reposantes).

• Culpabilité professionnelle : devoir négocier pour des congés payés, ou de mettre en suspens votre activité d’entrepreneuse. 

• Culpabilité de ne pas "profiter" en famille : Et si ce temps était mal utilisé ?

• Culpabilité culturelle : s’affranchir du “qu’en dira-t-on” et s’autoriser à prendre une pause.

Toute cette culpabilité procure une charge émotionnelle supplémentaire et constitue donc un frein au passage à l’action. D'autant plus que passé l'aspect psychologique, il y a aussi l’aspect pratique à gérer.

La double peine : Organisation et gestion des contraintes 

Beaucoup rêvent de partir en weekend, mais cela a aussi un coût. D’abord émotionnel avec cette énorme part de culpabilité, comme vu ci-dessus.

Ensuite, un coût financier avec l’hébergement, le trajet, les repas, les sorties, les extras, mais aussi les frais de garde des enfants s'il n’y a pas d’autre solution.

Ce qui pose aussi la question du choix des dates : partir pendant les vacances scolaires, ou pas ? Cela ne nécessite pas le même système d’organisation. 

Activités sportives ou culturelles, il faut également prévoir l’absence des enfants ou un relais pour les y accompagner. 

Une dépense de temps et d’énergie supplémentaire pour prévoir au mieux les relais. Il faut à la fois organiser ses momcation, mais aussi anticiper votre absence. C'est-à-dire faire ou donner à faire ce qui sera laissé en suspens. 

Les interviews de rue du podcast illustrent très bien ce sentiment : “bien sûr que je peux laisser le papa gérer les enfants. Mais il ne fera que ça. La maison, les courriers, les courses seront laissés de côté. Et il faudra tout rattraper après.” 

L’effet yoyo : gare au retour du blues 

Certes, l’effet reposant des momcation est immédiat. “Vacances, j’oublie tout…”  Mais qu’en est-il quelques jours ou semaines après cette pause ? 

Retour à la routine, aux mêmes process, aux mêmes réflexes et donc aux mêmes effets. Le cumul des tâches en rentrant : tout ce qui n’est pas fait sera encore à faire. Et en prenant le compte le retard accumulé pendant cette absence, cela fait deux fois plus de travail. 

La spirale infernale est de nouveau enclenchée. Le bénéfice des momcation n’est que temporaire et aura été de courte durée.

« La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent » Albert Einstein.

Et après une réelle déconnexion, le retour à la réalité peut être d’autant plus brutal : “Dimanche, 18 heures retour maison : bataille des devoirs d’anglais et guerre des poux.” Qui veut repartir aussi sec ?

Au final, frustration et démotivation ont fait leurs retours avant même que la valise ne soit vidée (et le linge lavé, repassé et rangé).

Les momcation ne sont donc qu’une pause dans le quotidien. Partir ne fera pas disparaitre les causes sous-jacentes à la charge accumulée.

III. L’arbre qui cache la foret

D'abord perçu comme une idylle, une bulle d’air dans la folie quotidienne, le besoin de momcation n'est-il finalement pas un marqueur d’un déséquilibre familial et /ou professionnel  ? 

Un symptôme de surcharge ou une pause innocente ? 

Bien qu’il soit légitime de vouloir prendre du temps pour soi, faire un choix aussi radical que partir seule peut être révélateur d’un problème plus profond. 

Détecter le symptôme est une étape cruciale : il faut déjà cesser de se voiler la face en se disant que 'c'est pareil pour tout le monde.

Il faut bien saisir la nuance entre avoir envie de momcation, ce qui peut être tout à fait légitime en tant que femme, de vouloir se détendre avec ses amies. Comme une envie de changer de décor quelques jours, pour retrouver ses 20 ans et son insouciance. 

À différencier d’avoir besoin, ce qui serait plutôt une alerte à prendre au sérieux. Le symptôme de l'épuisement, souvent physique et moral, transparait comme un raz le bol général et permanent. Dans ce cas, les momcation sont bienvenues comme soupape et seulement en renfort de consultation d’un professionnel de santé. 

Quelques pistes pour un quotidien apaisé 

Que ce soit par envie ou par besoin, les momcation seules ne suffiront probablement pas à révolutionner votre quotidien. Et si la solution consistait à déléguer, à réorganiser son quotidien ou à réajuster ses priorités ?

Bien sûr, tout changement demande du temps, des efforts et souvent un soutien extérieur. Voici quelques pistes pour vous accompagner dans cette démarche.

• Rééquilibrez votre business avec Dimitri : 

Créer un écosystème de travail efficace : aligner besoins, objectifs et valeurs. Dimitri vous aide à structurer votre activité pour allier cadre et flexibilité. 

• Se reconnecter à soi-même grâce à la sophrologie avec Séverine : 

Entre les exigences de la vie professionnelle et personnelle, retrouver son équilibre est primordial. Séverine de Sophro Flower propose un accompagnement pour organiser et harmoniser vos deux sphères de vie.

• Organisez un conseil de famille :  

Établissez une liste des tâches actuelles accomplies par chacun, et classez-les en fonction de leur durée, de leur fréquence et de leur difficulté. Puis décidez ensemble de la nouvelle répartition ; n'oubliez pas d’inclure les enfants dans le processus. 

• Offrez-vous des pauses régulières :

Partez en weekend sans rien organiser. Marlène vous concocte un weekend surprise clé en main et sur mesure : vous partez à l’aventure à moins de 3 heures de chez vous, vers une destination inconnue, hébergement et activités comprises (réservés selon vos goûts). 

Amorcer des changements de vie est aussi difficile que de se (re)mettre au sport, mais tout aussi satisfaisant lorsque l’on entrevoit les changements s’installer. 

D’ailleurs, le sport est un très bon moyen de déconnexion. Comme n'importe quelle activité qui vous coupe de votre quotidien. Karaté, macramé ou flute à bec, l’important au final, c’est que vous ne soyez pas sollicitée pendant votre moment.

Bien-être durable, solution temporaire ou les deux ?

Les momcation permettent une pause et une déconnexion temporaire, encore faut-il pouvoir les organiser. Une véritable pause ne devrait pas seulement être un luxe épisodique, mais une habitude ancrée. 

Ce besoin émergent souligne l'importance de trouver un équilibre durable. Non pas seulement en s'échappant de temps en temps, mais en révisant nos exigences de perfection et nos priorités dans nos sphères familiales et professionnelles.

Et surtout en s'accordant la permission de demander de l'aide.

Prenons ces pauses comme une opportunité pour réfléchir à des changements profonds qui allègeront notre quotidien. Ce qui justifie tout à fait une deuxième semaine de momcation vous ne croyez pas ? Une pour réfléchir à tout cela et une pour se détendre vraiment.

Et bonnes "vacances" à toutes. 

* Je tiens à préciser ici que cet article n’est pas sponsorisé. 

Je vous ai parlé de Marlène, de Séverine ou de Dimitri, parce que je crois en leurs projets. Ils sont porteurs de réelles solutions pouvant soulager les quotidiens des mamans, et à plus forte raison celui des mum-entrepreuneuses. 

Je suis Amélie, Copywriter pour les pros en parentalité et périnatalité. Je rédige les textes des entrepreneuses débordées.