Mon parcours d'une ZEP à un poste de vice-président ou l'éloge de l'humilité et de la bienveillance

Je suis très sensible à la beauté de la photo illustrant ce post, une aurore boréale au-dessus d'un volcan en Islande. Celle-ci m'inspire une profonde humilité. L'humilité est d'ailleurs, à mon avis, la qualité essentielle d'un leader véritablement moderne. Elle permet d'apprendre de ses erreurs, d'être à l'écoute, de se remettre en question plus facilement, d'apprendre en permanence des autres. L'humilité permet également d'être serein. Savoir apprécier ce que l'on a sans entrer dans une insatisfaction boulimique et infinie permet d'être plus stable et d'inspirer confiance.

Né dans l'est de la France, je suis arrivé en classe de quatrième, en 1985, à Villeneuve la Garenne dans un établissement classé en zone d'éducation prioritaire à la limite du 92 et du 93. Bon élève, j'ai passé un bac C dans une classe de 18 élèves avec des professeurs fort investis. Lorsque j'ai obtenu mon bac en 1990, je fus le premier de l'établissement à obtenir une mention bien. J'ai poursuivi mes études par un DUT Informatique à Villetaneuse. Major de promo, j'ai pu intégrer l'école d'ingénieur en télécommunications, Sup Galilée, adossée à l'université Paris nord. Et là, j'ai découvert un autre monde ! Certains de mes camarades de promo étaient issus de classes préparatoires aux grandes écoles de lycées réputés. En terminale, toute la classe avait eu le bac, les mentions bien étaient légion et une dizaine de leurs camarades avaient même eues une mention très bien. Bref, un contexte et un niveau totalement différent ! Moi qui étais issu d'un établissement où en quinze ans d'existence, une seule mention bien avait été obtenue, cela me paraissait ubuesque et je me sentais vraiment pas au niveau. D'autres, comme moi, n'avaient pas fait de classe préparatoire et cette diversité était d'une grande richesse. Je me suis accroché et avec le recul je pense que cela m'a appris à être conscient de mes limites et à apprécier très tôt l'apport de la diversité.

Au début de ma carrière, j'ai fait une erreur de manipulation technique qui a eu des conséquences majeures. Suite à celle-ci, l'aéroport de Singapour a été bloqué pendant deux heures. Outre le stress que cela a engendré et le coup que cela met à votre fierté, j'entendais dire dans les couloirs derrière moi, "Eh bien, il ne va pas faire long feu chez nous celui-là". J'ai assumé mon erreur. Mon management a fait preuve de bienveillance. Et bientôt, 25 ans plus tard je suis toujours là ! Les voix des couloirs se sont donc trompées !! Je suis sorti changé à jamais de cette expérience. J'ai compris que les erreurs individuelles peuvent être une source de progrès collectif (les procédures ont été modifiées pour qu'une erreur de manipulation ne puisse plus avoir le même impact !) et que faire preuve de bienveillance vis à vis de quelqu'un qui fait une erreur peut le faire progresser significativement. J'en ai gardé aussi une réaction réflexe, pratiquement viscérale. Je ne supporte pas que quelqu'un tente de me cacher son erreur et je préfère, de loin, celui qui parle franchement de son erreur même grossière à celui qui tente maladroitement de la cacher. Savoir reconnaître ses erreurs est le premier pas vers le progrès et la base d'un travail en collectif.

Aujourd'hui, j'occupe un poste de vice-président et je manage plusieurs centaines de personnes. Mes expériences (et elles commencent à être nombreuses) m'ont appris que l’humilité et la bienveillance ne sont pas opposées à la performance, loin de là. Je suis même convaincu que s'efforcer d'être humble et bienveillant permet de décupler les performances de ses équipes.

Certes, se vanter d'avoir appris l'humilité est une sorte d'oxymore, je vous l'accorde. Mais, personne n'est parfait !