Montrez-moi l’argent

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Par: Patrick O’Toole, Adam Ditkofsky et Pablo Martinez

Données économiques

En fin de compte, la débâcle de SVB pourrait bien être le catalyseur qui confirme le principe bien connu selon lequel « la Fed resserre jusqu’à un point de rupture », ce qui entraînerait un ralentissement généralisé de l’économie et des ennuis pour les marchés des capitaux. Cette réalité demeure toutefois hypothétique, mais elle a certainement été déterminante dans le transfert massif de fonds des banques vers les certificats de dépôt (aux États-Unis) et les fonds communs de placement du marché monétaire. Il aura fallu un certain temps avant que les déposants s’aperçoivent qu’ils pouvaient obtenir plus de 0,1 % sur leurs dépôts, mais lorsqu’ils ont constaté des rendements supérieurs à 4 % pour les bons du Trésor et les certificats de dépôt, l’argent a commencé à circuler RAPIDEMENT. Le contexte demeure préoccupant pour les banques et l’économie en général puisque les petites banques et les banques régionales américaines assument une part importante du financement des entreprises. Si la capacité de prêter diminue, le PIB recule en contrepartie. Les préoccupations sont donc fondées. Et même si les banques proposaient aux déposants un taux supérieur à 4 %, leurs marges nettes d’intérêt seraient compromises. Les interactions sont nombreuses et rien ne s’est encore stabilisé. Même Jamie Dimon a dit que la débâcle de SVB se répercutera pendant des années. Qui sait? Elle pourrait être le moteur d’une vague de fusions et d’acquisitions qui, ultimement, fera en sorte que les grandes banques deviendront plus grandes et qu’il y aura moins de petites banques ou de banques régionales, ce qui, en fin de compte, ressemblerait davantage au système bancaire canadien. 

Cette semaine, d’autres signes ont indiqué un ralentissement imminent de la croissance. L’un des indicateurs préférés de Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine (Fed), est l’indice JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey). Celui-ci est tombé sous la barre des 10 millions pour la première fois depuis mai 2021. Cette situation témoigne du ralentissement du marché de l’emploi, et ce, même si le nombre d’emplois disponibles par chômeur est nettement supérieur au niveau espéré par la Fed. Le sondage mené auprès des fabricants (l’indice ISM du secteur manufacturier) a également fait ressortir des perspectives décevantes; en effet, cet indice de diffusion est tombé à son plus bas niveau en 34 mois et a été inférieur à la prévision d’expansion ou de contraction de 50 pendant les 5 derniers mois. Dans le secteur des services, même si le sondage mené auprès des gestionnaires a révélé une note supérieure à 50, celle-ci a tout de même reculé plus que prévu. Par ailleurs, les sous-composantes des prix payés, de l’emploi et des nouvelles commandes ont aussi reculé. La Fed a particulièrement craint pour la résilience du secteur des services; ainsi, cette nouvelle la réconforte quelque peu dans son intention de prendre une pause lors de sa réunion du 3 mai. En fait, selon les marchés des contrats à terme, la probabilité d’une hausse de 0,25 % n’est plus que de 40 %, comparativement à près de 60 % vendredi dernier. Même l’annonce inattendue de l’OPEP de réduire la production – qui soulève des inquiétudes quant à une nouvelle flambée de l’inflation – n’a pas su dissuader les investisseurs de revoir à la baisse leurs probabilités de hausses subséquentes. Il est donc de plus en plus probable que la Fed emboîte le pas à la Banque du Canada et qu’elle mette fin à son programme de hausse de taux.  

Au Canada, l’enquête sur les perspectives des entreprises menée par la Banque du Canada a révélé que la pause dans son programme de hausse de taux était justifiée. Les conditions sont devenues défavorables pour la première fois depuis septembre 2020 lorsque les pénuries de main-d’œuvre se sont atténuées et que les prévisions de prix ont chuté. Toutefois, le marché du travail demeure vigoureux, comme en témoignent les données sur l’emploi publiées aujourd’hui qui font état d’un nombre de nouveaux emplois supérieur aux attentes et d’une légère baisse des salaires sur 12 mois.

Réaction des marchés obligataires

La volatilité extrême qui a eu cours sur le marché obligataire s’est poursuivie cette semaine. Le rendement des obligations du Trésor américain à 2 ans – qui permet habituellement de prévoir le taux final des fonds fédéraux – a franchi la barre des 5 % le 8 mars; il est maintenant bien inférieur à 4 %. Voilà qui indique que le marché considère que les hausses sont terminées et que des baisses sont à venir. Ce scénario pourrait cependant être prématuré puisque, de façon générale, la Fed abaisse ses taux environ sept mois après sa dernière hausse. Pour sa part, le marché des contrats à terme prévoit des réductions d’ici juillet. La reprise des obligations à 2 ans s’est répercutée plus loin sur la courbe; en effet, les rendements ont diminué cette semaine et demeurent bien en deçà des taux de la Banque du Canada et de la Fed. Durant la semaine, les écarts des obligations de sociétés de première qualité ont peu changé, mais ceux des obligations à rendement élevé ont augmenté, car l’indice S&P a perdu du terrain.

Réaction des marchés boursiers

Les marchés boursiers ont commencé la semaine en force, après la réduction inattendue de la production de pétrole de l’OPEP+. Cette nouvelle imprévue a fait remonter les prix du pétrole au-dessus de la barre des

80 $ le baril, ce qui a atténué les inquiétudes à l’égard de la demande et stimulé l’indice S&P/TSX fortement axé sur les ressources. Ressources Teck – qui deviendra bientôt Teck Metals – a inscrit la plus forte hausse à la Bourse de Toronto après l’annonce selon laquelle elle rejetait l’offre de Glencore de fusionner les sociétés pour en faire une puissance du cuivre et du charbon. La direction est d’avis qu’elle sera en mesure de maximiser la valeur de la société en maintenant le cap, c’est-à-dire en se départissant de ses activités liées au charbon et en procédant à l’élimination de ses actions à double catégorie, qui seront soumises à un vote plus tard ce mois-ci. Aux États-Unis, la publication des bénéfices du premier trimestre commencera la semaine prochaine; l’attention sera tournée vers les perspectives de bénéfices par rapport aux prévisions consensuelles et sur la question de savoir si les ratios de valorisation actuels sont justifiés par rapport aux perspectives de bénéfices moins optimistes. La récente remontée de l’indice S&P 500 a permis à ce dernier de surpasser sa valorisation moyenne à long terme; pour sa part, l’indice S&P/TSX demeure bien en deçà de ses niveaux de valorisation historiques. 

À surveiller la semaine prochaine

La Banque du Canada tiendra sa réunion la semaine prochaine, mais elle ne devrait apporter aucun changement à son taux directeur. Par ailleurs, des données sur l’habitation seront publiées, tandis qu’aux États-Unis, des données sur l’emploi seront publiées demain, suivies la semaine prochaine de celles sur l’inflation, les prix à la production et les ventes au détail.


 

 


Patrick O’Toole est gestionnaire de portefeuille principal, Titres mondiaux à revenu fixe

Adam Ditkofsky est gestionnaire de portefeuille principal, Titres mondiaux à revenu fixe

Pablo Martinez est gestionnaire de portefeuille, Titres mondiaux à revenu fixe.

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