Nécessités et dérives de l’imaginaire
Apprendre par l’immersion : une aventure à poursuivre - partie 4 de 4
Franchir la ligne du temps grâce à l’immersion, c’est nécessairement passer par un seul moment pour donner un aperçu d’une époque. Jusqu’à quel point peut-on compter sur ces instants, si anecdotiques soient-ils, pour établir les premières bribes d’un savoir qui demeure? La réponse jamais exhaustive à cette question permet de multiplier les occasions d’y répondre, en créant toujours de nouvelles mises en scène.
Ne pas jouer les inquisiteurs
Tous les experts l’admettent sans réserve : rien ni personne à travers l’histoire n’a jamais vu sa vie se limiter à quelques grandes dates historiques. Et, entre les faits inoubliables, ce sont souvent les bribes de quotidien que l’on imagine qui donnent chair aux personnages et permettent aux immerseurs de les rendre attachants. Et les experts de l’histoire interrogés dans le cadre de cet article confient eux-mêmes que les œuvres de fiction ont joué un rôle significatif dans leur propre apprivoisement à l’histoire.
Et aujourd’hui encore, la fiction historique n’attend pas leur permission pour exister. Et si certains qualifient de presque « ésotérique » certaines activités qui se déroulent en armure et en costume d’époque, un peu partout, le rôle premier des gardiens du patrimoine n’est pas de jouer les censeurs. En principe donc, chacun devrait-il être tenu responsable de ce qu’il décide de croire?
Combattre la désinformation, par la langue ou l'épée
Pourtant, à voir à quel point les faits d’aujourd’hui parviennent à se faire déformer à travers les différents médias, on peut en venir à douter de la capacité des tous les admirateurs du passé de toujours distinguer le vrai du faux, concernant le passé, lorsque les époques se mettent à s’entremêler un peu trop étroitement. Pourtant, affirme Mélanie Deveault, du Musée Stewart, les créateurs d’activités auraient non seulement le devoir, mais aussi un grand avantage à redoubler de rigueur :
Je crois que toute initiative qui permet d’engager la conversation autour de l’histoire, dans différents contextes, c’est extraordinaire. Je pense que ce sera toujours une bonne chose. Maintenant, lorsque nous engageons une conversation autour de sujets historiques, il y a une responsabilité de rigueur qui vient avec cela. C’est certain. Surtout dans une heure où nous parlons de Fake News. Il y a donc la responsabilité d’aller chercher les bonnes ressources pour s’assurer que les contextes et les faits que l’on va chercher correspondent à des critères de rigueur. Je crois que la meilleure façon de le faire est de ne pas s’improviser expert en histoire. Il y a des musées et des historiens. Donc, il faut aller chercher les bonnes ressources. Je pense même que cela permet de faire vivre une expérience plus forte. Cela donne une richesse aux propos et une complexité à la quête.
- Mélanie Delveault, Musée Stewart
Devant cette situation et ses conséquences possibles, les experts d’aujourd’hui ne se prétendent pas devins, mais tous se disent prêts à partager quelques trucs du métier, afin d’aider leurs élèves ou leurs visiteurs à tirer leur épingle, le mieux possible, de ces jeux costumés : https://www.portailimmersion.ca/necessites-et-derives-de-limaginaire/
Marie-Hélène Proulx fondatrice du Portail Immersion, info@portailimmersion.ca