N° Hors-Série : COMMANDO DU RISPO CHEZ LES AUSTRO-GOTHS ou LECON DE COMPOSTAGE DES BOUES ET DES BIODECHETS EN BASSE AUTRICHE …
Après la Suisse romande, le piedmont Italien et la province belge de Flandre orientale, nos infatigables inconditionnels et invétérés Europe trotteurs du RISPO ont foulé le sol et découvert, par ce radieux automne 2022, les rites organiques, les rives danubiennes enchantées et les authentiques et jusqu’alors secrètes recettes composteuses de la Basse Autriche. C’est sous la houlette ou plutôt la casquette de Philippe PIGNAT (Photo 1), notre gentil organisateur et les explications patientes et détaillées de Bernard GAMERITH (Photo 2), notre guide composteur autrichien, que nous avons pu visiter, durant la 1ère journée de notre voyage d’études, trois unités industrielles de compostage : celles d’HOLLABRUN et de LANGENLOIS exploitées toutes deux par la société BRANTNER et celle de WIESELBURG de la société SEIRINGER
Le commando du RISPO, composé d’une quinzaine d’adhérents triés sur le volet et particulièrement motivés, avait débarqué la veille à l’aéroport de Vienne en plusieurs vagues pour ne pas attirer l’attention et rejoint discrètement en soirée l’hôtel Lindner Am Belvedere. C’est ainsi que dès 8h30 le lendemain matin, un bus furtif nous chargeait à la porte de l’hôtel et prenait un cap nord-ouest (en direction de la République Tchèque) pour rejoindre en un peu plus d’une demi-heure la première plateforme dédiée au compostage des boues.
Durant le trajet, Philippe nous décrit rapidement le programme de la journée puis Bernard saisit le micro pour nous donner quelques chiffres clés : 8 millions d’habitants en Autriche dont 2 millions à Vienne, 1,6 millions de tonnes de déchets organiques compostés annuellement dont 1,2 millions de tonnes de biodéchets (collecte sélective obligatoire depuis 27 ans et une moyenne de 150 kilos/hab./an d’un mélange de déchets verts et déchets de cuisine) et 400 000 tonnes de boues, 400 plateformes de compostage dont 50% traitent moins de 2 000 T/an et seulement 33 unités de plus de 10.000 tonnes par an avec une forte implantation des petites plateformes chez les agriculteurs.
Photos 1 & 2- Philippe Pignat, le « cerveau » du commando RISPO et Bernard Gamerith, le « pro » et le « prof » du compostage à l’autrichienne
1/ Unité de compostage de boues d’HOLLABRUN
Capacité : 9 950 T/an (dont +/-7 000 T boues et +/- 3 000 T déchets verts) en entrée et 3 000 T de compost /an en sortie
Contrainte règlementaire : Depuis 2010,toutes les unités de plus de 10KTPA doivent être fermées ce qui explique le faible nombre d’unités de capacité supérieure à cette limite et la capacité de la 1ère plateforme visitée !
Qualité des boues traitées : boues à 25% de matière sèche et impérativement stabilisées par méthanisation ou par voie aérobie (sus aux matières volatiles !)
Process de compostage : en andains retournés pendant 8 semaines avec ventilation forcée positive pendant les 6 premières semaines (un ventilateur de 4 KW et un caniveau par andain de +/- 80 m de longueur ) et pilotage par une sonde température à 3 niveaux (une mesure toutes les 15 minutes). Hauteur des andains limitée à 2,5 m max et retournement au chargeur interdit (oui… vous avez bien lu !)
Ratio de mélange : 2 volume de déchets verts pour un volume de boues
Criblage à 15-10 mm avant maturation avec refus broyés et recyclés
Compost de qualité A (la qualité A + est réservée au compost utilisable en agriculture biologique et le compost de boues n’est pas autorisé en agriculture bio mais les particuliers peuvent acheter et utiliser ce type de compost).En Autriche, seules les boues de 1ère qualité ( 40% du total produit) peuvent être utilisées en agriculture et 60% de ces boues sont compostées
Photo 3 – Vue générale des andains depuis la galerie technique et on peut facilement identifier à gauche les 6 premiers andains ventilés qui émettent de la vapeur d’eau et à droite les 3 andains plus âgés qui ne sont pas en ventilation forcée.
Photo 4 – Vue en enfilade de 4 andains d’âge croissant du 1er au dernier plan et de section triangulaire avec une forte perte de volume (50% en 8 semaines de compostage en moyenne) visible sur cette photo
Le retourneur d’andain utilisé pour plusieurs sites (voir plus loin Photos 13 & 14) et non présent lors de la visite déplace l’andain sur le côté à chaque retournement et fait de la place pour créer un nouvel andain après chaque série de retournements hebdomadaires.
Photo 5 – détail d’un caniveau de ventilation avec 2 rangées décalées de cônes d’aération (spigots) implantés tous les 20 cm et de diamètre 6,5 mm en sortie et 25 mm en entrée. Cette forme conique augmente la vitesse d’éjection de l’air forcé et limite le bouchage des orifices de ventilation affleurant la dalle de compostage.
Le bon écoulement et la gestion des eaux de ruissellement est assurée par l’orientation des andains selon la pente principale, l’implantation du bassin de stockage en contrebas de la plateforme et le recyclage périodique des effluents sur les andains à l’aide d’une tonne à lisier.
Photo 6 - Vue aérienne de la plateforme d’Hollabrun de +/- 15 000 m2 (125x120 m)
2/ Unité de compostage des biodéchets de LANGENLOIS
Cette unité, qui traite 35.000 T/an était originellement une plateforme ouverte mais qui créait des nuisances olfactives importantes et attirait les oiseaux, posant des problèmes de sécurité pour l’aérodrome situé à proximité. Il a été ainsi décidé d’améliorer le process et de mener la première phase de compostage (4 semaines) dans un bâtiment confiné et ventilé comme on peut le voir sur la photo 7 placée ci-après.
Photo 7 - Vue aérienne de la nouvelle unité de LANGENLOIS(KREIS) avec en bas à gauche la centrale de ventilation avec double extraction de l’air ambiant et de l’air process puis mélange et transfert vers le bio filtre situé à droite ( panache de vapeur d’eau)
Photo 8 - Andains en fin de compostage à l’extérieur : 30 ans après le démarrage de la collecte sélective obligatoire, toujours pas mal de plastique dans les biodéchets !
Les biodéchets transitent par différentes stations de transfert avant d’être acheminés sur l’unité par camion semi-remorques à fond mouvant (Photo 9).
Photo 9 – Livraison de biodéchets dans le bâtiment de réception (35 m x 35 m)pendant la visite
Ils sont repris au chargeur et déposés dans le bâtiment de compostage voisin pour former l’ andain N°1 situé sur le côté droit du bâtiment (Photo 10) selon un ratio de mélange 2/3 1/3 avec des déchets verts.
Photo 10 - Bâtiment de compostage fermé pouvant accueillir 8 andains simultanément (2 nouveaux andains formés par semaine + temps de séjour de 4 semaines). Andains ventilés individuellement par aspiration négative et bâtiment mis en dépression par une rampe d’aspiration sous plafond (flèches rouges ajoutées par le rapporteur !)
Photo 11 – séquence d’arrosage des andains avec effluents recyclés (de l’andain 1 à l’andain 6) puis avec de l’eau de pluie propre (andains 7 et 8) pour éviter toute recontamination bactériologique avant mise en compostage/maturation à l’extérieur
En effet, tout les visiteurs gaulois ont été surpris par cette particularité du process autrichien justifiée par notre guide car il faut bien maintenir une humidité suffisante (40 à 60 %) et une température inférieure à 65°c pendant cette première phase active de dégradation de 4 semaines.
A l’issue de cette première phase, ils sont repris au chargeur et transférés sur l’aire extérieure pour une nouvelle phase de compostage/maturation sans ventilation forcée de 6 à 8 semaines avec un retournement hebdomadaire.
Les retourneurs utilisés par la société Brantner sont utilisés sur plusieurs sites et déplacés à l’aide d’un porte char ; ils sont attelés sur le trois points à l’arrière de tracteurs agricoles puissants qui fonctionnent bizarrement « en marche arrière », autre particularité « Autrichienne » comme on peut le voir sur les photos 12 et 13 prises sur le site de SEIRINGER visité l’après-midi.
Photo 12 - Démarrage du retournement d’un andain avec attaque frontale et déplacement de celui-ci sur la droite via un très gros godet de reprise équipé à sa base d’une grosse vis alimentant une bande transporteuse inclinée à vitesse rapide surplombée par une tôle déflectrice qui reforme un andain de section triangulaire (voir également photo 13 pour comprendre le mouvement !)
Photo 13 – « Der Gross » retourneur autrichien dévoreur implacable et réanimateur d’andains asphyxiés ! ( ne pas s’approcher trop près lorsqu’il « avale puis recrache » le compost)
Vient à la suite l’affinage du compost qui s’avère assez délicat du fait de la présence résiduelle de plastiques apportés par les biodéchets dans le compost (conf Photo 14 ci-après ) et des seuils « impuretés physiques » très bas déjà appliqués en Autriche (0,2 % de la masse sèche pour le plastique > 2 mm, 0,2% pour le verre et 0,2% pour les métaux).
Photo 14 - Aspect général des andains en fin de compostage et gros plan à gauche montrant la présence d’impuretés physiques dont principalement des plastiques
C’est ainsi que plusieurs firmes autrichiennes dont IFE, bien connue en France pour ses cribles Trisomat « flip flop » utilisés pour le compost d’ordures ménagères, se sont associées pour mettre au point une unité d’affinage performante (photos 15 et 16).
Elles associent un crible Trisomat à effet trampoline (séparation de la fraction fine qui va constituer le compost final) à un tapis rapide incliné pour isoler les cailloux et les lourds puis à un dispositif aéraulique (aspiration et séparation des plastiques de sorte à pouvoir recycler les refus grossiers et les refus moyens composés essentiellement de bois) et enfin à un crible à étoiles (séparation des refus moyens des refus grossiers).
Photo 15 – Vue générale de la ligne d’affinage sophistiquée du compost en phase de maintenance (coût global avoisinant 1 Million d’euros) avec au 1er plan la trémie de chargement du compost brut et au dernier plan le tas de refus d’affinage
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Photo 16 – vue de détail du cœur de la Ligne d’affinage IFE avec de gauche à droite, crible Trisomat à effet trampoline, tapis rapide incliné d’éjection des cailloux et des lourds, aspiration des plastiques et crible à étoiles séparant refus moyens et grossiers
Photos 17 & 18 - compost fin < 10 mm à gauche et refus d’affinage à droite
Une partie du compost produit est incorporé dans différents types de terre végétale élaborées et commercialisées par la société BRANTNER.
3/ Visite de la société SEIRINGER à Wieselburg
Cette dernière visite de la 1ere journée est intervenue après un déjeûner fort agréable à Krems sur les rives du Danube (bleu !) que nous avons longé pour atteindre wieselburg en admirant, sous un soleil radieux et sous une demi-sieste, les couleurs fauves des vignes qui enflammaient les coteaux avoisinants (Photo 19)
Photo 19- aperçu du paysage offert par notre chauffeur de bus entre Krems an der Donau et Wieselburg
Nous nous contenterons pour cette 4ème unité visitée et mettant en œuvre sur biodéchets un process de compostage comparable à celui décrit précédemment de mettre en valeur la belle écoute, la grande cohésion et l’admirable circularité régnant au sein du commando RISPO lors de la présentation de l’Entreprise par Hubert Seiringer (en médaillon sur photo 20), fondateur et également Président de la section « Compost » de l’association autrichienne du compost et du biogaz.
Photo 20 – Les membres du commando RISPO réunis autour d’Hubert Seiringer , fondateur de l’entreprise qui composte 27 000 Tonnes de biodéchets par an et produit/commercialise en direct différents substrats et amendements organiques
Les produis commercialisés au détail ou en big bag sont présentés dans différentes brochures précisant les caractéristiques analytiques de ceux-ci. Nous ne rapportons ci-dessous que la fiche analytique du BioKompost qui est présentée avec des fourchettes de variation importantes qui rendent compte des grandes variations saisonnières observées et principalement liées aux variations de teneur en eau du compost (moins de 20 à plus de 50% !)
4/ Soirée « vegan » au parc d’attraction du Prater de Vienne
Par manque de temps et du fait du besoin de débriefer cette première journée riche en informations techniques et culturelles, nous avons négligé les nombreux manèges et attractions impressionnantes que nous avons pu admirer en nous rendant au restaurant « traditionnel » choisi par Compost Systems et y avons échangé nos impressions autour d’une bonne table et de quelques bières blondes légères (Photos 21 & 22).
Photos 21 & 22 Le commando du Rispo a fait honneur au(x) jambon(s) autrichien(s) parfaitement cuisiné(s) !
Notre seconde journée d’études qui se limitera, en fait à une demi-journée, aura également été bien remplie avec un séminaire concocté par Philippe PIGNAT – encore lui ! – et réunissant la crème de la crème de l’expertise autrichienne en compostage et méthanisation et par une dernière visite, celle de l’unité de méthanisation des biodéchets de la ville de Vienne, construite en … 2007 !
5/ Séminaire sur l’Organique à l’Autrichienne à l’hôtel Lindner Am Belvedere
C’est tout d’abord Andreas Moser, (photo 23) ingénieur au département de la planification de la gestion des déchets du Ministère fédéral de l’Environnement, qui a retracé pour notre plus grand plaisir les 27 ans passés de collecte sélective des biodéchets (loi de 1992 appliquée en 1995) et les 21 ans passés d’application de la loi sur le compostage de 2001 qui a été la première en Europe à intégrer un statut End of Waste au compost. Il nous a également annoncé la nouvelle loi sur le compostage prévue pour 2023 qui rendra obligatoire les préconisations de l’état de l’art du compostage instaurées en 2001 et qui étaient jusqu’à présent appliquées via une démarche volontaire. Elle s’efforcera également de mieux coordonner les activités de compostage et méthanisation.
Photo 23 - Présentation par Andreas Moser de l’application de la loi de 2001 sur le compostage et de son évolution prochaine
Erwin BINNER, (photo 24) éminent professeur et chercheur – aujourd’hui en retraite- de l’université BOKU (Boden Kultur) de Vienne, spécialiste du TMB, du compostage et des acides humiques et croisé à nombreuses reprises dans les congrès ORBIT, SARDINIA ou ISWA , a succédé à Andreas MOSER et nous a décrit l’état de l’art du compostage à l’Autrichienne via les prescriptions de la Regelblatt (littéralement feuille de règles !) 518 de l’OWAV (Austrian Water and Waste Management Association) qui, notamment , imposent des hauteurs et largeurs maximales pour les andains de compostage comme détaillé sur une des slides présentées durant le séminaire (Photo 25).
Photo 24 – Erwin Binner nous rappelle les fondements techniques du compostage !
Photo 25 – Extrait de la présentation d’Erwin Binner sur la limitation de la taille des andains imposée par la Regelblatt 518
C’est maintenant au tour de notre super guide composteur, Bernard Gamerith, de nous présenter quelques références de sa société COMPOST SYSTEMS et différents process mis en œuvre à l’échelle industrielle avec une comparaison intéressante des teneurs en O2, CO2 et CH4 et des flux d’odeur mesurés au cœur d’andains avec et sans ventilation forcée.(photo26)
Photo 26 -Selon Compost Systems, la ventilation forcée permet de maintenir, au cœur de l’andain et entre 2 retournements, la concentration d’O2 au dessus de 7%, celle de CH4 en dessous de 1% et celle de CO2 en dessous de 12%
C’est notre ami Horst Müller, (photo 27) qui a clôturé ce mini-séminaire organisé pour le RISPO, en nous présentant l’état d’avancement de la méthanisation en Autriche. Horst est à la fois patron de la société autrichienne MüllerUmwelttechnik, bureau d’études/ingénierie et prestataire de service dans le domaine du compostage et de la valorisation agricole des boues et de la méthanisation batch des déchets, membre du board d’ECN , le réseau européen du compostage et Président en exercice d’EFAR, la fédération Européenne du Recyclage des Boues en Agriculture.
Photo 27 – Horst Müller se réjouit de recevoir le RISPO à VIENNE et de lui présenter les activités « Biogaz » développées actuellement en Autriche
Horst nous apprend qu’il existe aujourd’hui en Autriche 279 unités de production de biogaz dont 68 pour les biodéchets et 211 pour les déchets agricoles et qui totalisent une puissance électrique de 86 Méga Watts et l’injection de 3105 m3/h de biométhane. Il nous indique également que le potentiel de production de biogaz en Autriche pourrait assurer à l’horizon 2030 plus de 10% de la consommation totale de gaz naturel.
Il est également intéressant de noter que l’équipe d’Horst Muller dispose d’une première référence de méthanisation Batch (technologie 3A Biogaz) sur biodéchets à Wiener Neustadt d’une capacité de 7 500 Tonnes par an.
6/ Visite de l’installation de méthanisation des Biodéchets de la ville de Vienne
A l’issue de ces présentations intéressantes et des échanges qui les ont accompagnées, nous avons pu visiter sous la conduite d’Horst MULLER l’unité de méthanisation de la ville de Vienne qui est implantée à proximité directe d’une des 3 unités d’incinération des déchets ménagers (et des boues) de la ville de Vienne, celle de Pfaffenau. Il s’agit d’un procédé de méthanisation par voie humide mis en place en 2007 par la société espagnole Ros Roca , qui l’avait racheté quelques années plus tôt à la société allemande Envital et qui l’a elle-même revendu en 2015 à une société anglaise IMTECH, elle-même rachetée par EDF en 2017 !
On peut retenir que ce procédé décrit sur la photo 28 ressemble fortement au procédé BTA ( lui-aussi allemand !) qui sera prochainement mis en place sur les biodéchets parisiens du SYCTOM.
Photo 28 description sommaire du procédé Ros Roca mis en place en 2007 à Vienne (source Dieter Korz, ancien de Ros Roca qui travaille aujourd’hui chez Proweps envirotec)
La capacité de l’unité actuelle (investissement initial de 13,5 M€) est de 20 000 tonnes par an, elle comprend deux lignes de pré-traitement séparées dédiées respectivement aux déchets de restaurant et invendus de supermarchés et aux biodéchets domestiques plus fibreux, 3 pulpeurs et 3 hygiénisateurs et un digesteur mésophile de 2 500 m3. Le biogaz produit est épuré par des membranes (depuis 2015 seulement) et la production annuelle de biométhane est d’un million de m3 par an pour 17 000 tonnes traitées. Un projet d’extension qui devrait conduire à un doublement de la capacité du site doit être lancé via un appel d’offres début 2023.
Photo 29 – Présentation générale du process de l’unité par l’exploitant (ingénieur du MA* 48 = régie municipale) * acronyme de « Magistratsabteilung » qui signifie « département de la mairie »
Photo 30 – vue générale nocturne de l’unité de méthanisation (à gauche) et de l’incinérateur de déchets ménagers de Pfaffenau (à droite) d’une capacité de 250 000 tonnes par an et qui brûle également le digestat déshydraté mécaniquement produit par sa voisine !
En guise de conclusion, il est intéressant de préciser que certains membres du commando du RISPO, eux-mêmes exploitants de plateformes de compostage, ont été fortement impressionnés par la taille importante des plateformes autrichiennes visitées en regard de leur capacité de traitement (x 2 par rapport à la France ?) et ont subodoré l’existence d’un marché moins concurrentiel que celui observé en France.
Nos interlocuteurs autrichiens nous ont indiqué des coûts de traitement de 60 à 70 € /tonne et regretté qu’aujourd’hui seulement 80% des professionnels adhérent volontairement au système qualité décrit pendant le séminaire et qu’il y avait encore aujourd’hui 20% d’acteurs « sauvages » qui commercialisaient un compost avec statut produit sans respecter les prescriptions de la Regelblatt 518. Avec la nouvelle règlementation prévue en 2023 et qui instaurera une obligation d’adhésion au système qualité national pour tous les producteurs, cette distorsion de concurrence devrait disparaître.
Le rapporteur, lui, s’était engagé plutôt à reculons dans cette expédition car croyant déjà bien connaître -via de contacts lobbying répétés avec certains experts autrichiens- le compostage à l’autrichienne et le cantonnait à du « simple » compostage « à la ferme » ou à ses bizarreries comme l’incorporation de terre dans les matériaux mis à composter. Il en est reparti complètement convaincu du savoir faire industriel découvert lors des visites et notamment de la technicité mise en œuvre aussi bien sur les plateformes non couvertes que sur l’unité confinée pour accélérer le process de dégradation et minimiser les impacts environnementaux (odeurs, effluents liquides) du compostage.
Le commando du RISPO a donc atteint tous ses objectifs et remercie chaleureusement son pilote Philippe PIGNAT, son maître composteur Bernard GAMERITH de la société COMPOST SYSTEMS et son maître méthaniseur Horst MULLER ainsi que le professeur Erwin BINNER et l’ingénieur Andreas MOSER sans oublier bien sûr les exploitants des sites visités.
A l’année prochaine pour de nouvelles aventures européennes pour lesquelles vous serez peut-être sélectionnés et donc membres du prochain commando du RISPO… .
merci Jean-Luc pour ce compte-rendu