Ne bradez pas votre savoir-faire : défendre la valeur de votre expertise

Ne bradez pas votre savoir-faire : défendre la valeur de votre expertise

Aujourd’hui, dans un monde professionnel où la course au profit domine souvent, il est essentiel pour les indépendants, et en particulier les formateurs, de préserver la valeur de leur savoir-faire. Trop souvent, on demande aux experts de brader leur intelligence, leur créativité et leur expertise pour s’adapter à des tarifs qui ne reflètent ni la qualité ni l’ampleur du travail fourni.

Prenons l’exemple d’un formateur indépendant. Ce professionnel maîtrise parfaitement ses cours et investit des mois à créer des contenus pédagogiques originaux, adaptés et engageants. Parfois, il faut 4 mois pour concevoir un Référentiel d’Emplois, d’Activités et de Compétences (REAC) intégral, avec des exemples innovants, des jeux pédagogiques stimulants et de l’émotion intégrée pour faciliter la compréhension et stimuler la mémoire. Ce travail d’orfèvre ne se limite pas à la simple animation des formations, mais englobe la création, l’évaluation (ECF), la correction et parfois même des tâches administratives fastidieuses.

Et pourtant, on leur demande souvent de facturer tout ce travail dans un tarif dérisoire de 35 € TTC par heure d’animation, uniquement rémunéré sur la base des heures passées en salle. Imaginez un instant la charge de travail invisible : des heures de préparation non rémunérées, des révisions de contenu pour s’adapter à des groupes spécifiques, la correction des évaluations… Le tout pour une rémunération qui ne couvre même pas une fraction de l’investissement personnel.

Pourquoi il est crucial de ne pas céder :

1. Votre savoir-faire est unique. Vous avez consacré du temps, de l’énergie et souvent des années à affiner vos compétences et à développer des approches innovantes.

2. La propriété intellectuelle a une valeur. Ce que vous créez ne devrait pas être automatiquement cédé à des organismes de formation, qui bénéficient de vos idées et méthodes sans contrepartie équitable.

3. La qualité a un coût. Produire des contenus originaux, créer une dynamique de groupe, corriger des évaluations et gérer des tâches administratives ne peuvent être considérés comme des extras gratuits.

4. Préserver l’équité. Si vous cédez à des tarifs qui ne reflètent pas l’étendue de votre travail, vous encouragez des pratiques qui sous-évaluent les autres formateurs et experts.

5. Votre temps a un prix. La rémunération ne doit pas uniquement couvrir les heures d’animation, mais aussi les heures en coulisse qui rendent vos formations exceptionnelles.

Comment défendre sa valeur ?

Clarifiez vos attentes dès le départ. Soyez transparent sur ce qui est inclus dans vos prestations et sur les conditions d’utilisation de votre travail.

Facturez la préparation. Incluez le temps de création, de correction et de gestion dans vos tarifs. Chaque heure de travail mérite d’être rémunérée.

Protégez vos droits. Veillez à ce que vos créations (documents, supports, jeux pédagogiques) restent protégées par des droits de propriété intellectuelle, ou négociez des droits de cession à leur juste valeur.

Dites non quand c’est nécessaire. Apprenez à refuser les offres qui sous-évaluent votre expertise. Ce n’est pas une question d’arrogance, mais de respect pour la qualité et le travail fourni.

Nous sommes à une époque où l’intelligence, la créativité et l’expertise ne doivent pas être sacrifiées sur l’autel de la rentabilité immédiate. En tant qu’experts, formateurs ou créateurs de contenu, nous avons le devoir de rappeler que la qualité se paie, et que notre savoir-faire ne se brade pas. Affirmer la valeur de notre travail, c’est défendre notre profession, et poser les bases d’un partenariat respectueux et équitable.

Ne sous-estimez jamais ce que vous apportez. Vous valez bien plus que ce que certains voudraient vous faire croire.

Constance Felix

Conteuse, Comédienne, Autrice, Thérapeute

2 mois

Oui il est urgent de le faire parce que c'est en train de devenir la norme !

Aline Gardaz De Luca

Conteuse, formatrice aux arts oratoires et en expression vocale, gardienne de cercles de parole et de cercles de femmes

2 mois

Merci pour cet article qui décrit si justement la réalité! Cela fait quelques années que je demande des tarifs corrects pour le travail fourni, la plupart du temps je suis entendue. On pourrait écrire la même chose pour le travail de conteur /conteuse, qui est un vrai métier et mérite son salaire, et sans doute d’autres professions!

Roger DUBUS

DIRECTEUR des RESSOURCES HUMAINES en Management de transition disponible Mars 2025 sur un rayon 100 km autour de Lille jusqu'en Région Parisienne si les frais de vie & déplacement pris en charge en plus du TJM

2 mois

Max BUFFET bonjour, Tout d'abord, merci pour ce partage et surtout BRAVO pour votre courage de mettre en écrit ce que beaucoup pensent sans le dire à mon avis, par peur des "représailles" sur le marché de la transition notamment. En effet, des pratiquants du "low cost" arrivent aussi sur ce marché de la transition et c'est vraiment inquiétant pour la suite, car ils proposent un TJM all inclusive -frais de vie, déplacements....et ce pour préserver leurs marges la plupart du temps sur "le dos du manager de transition".... A titre d'exemple, hors marché de la transition, certains recruteurs qui facturaient 18% de la rémunération des salariés à recruter, se voient désormais proposer du 12% s'ils veulent travailler....mais je me le demande donc, où va t'on? Bonne continuation, et bien à vous, Roger 😉

Christine PELOUZE HAUBEROCHE 🧨

Consultante RH | Accompagnement réinsertion professionnelle | Plus de 30 ans d'expériences en accompagnement, insertion, formation et conseil en ressources humaines | Mon metier : ma passion...👩💛

3 mois

Bien d'accord avec vous Max

Bien d'accord avec ça. Ceux qui veulent tout pour rien, n'auront rien.

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