Non, Twitter n'est pas mort le 20 mars dernier
On a pu entendre au lendemain du débat télévisé du 20 mars réunissant 5 des candidats à la Présidentielle 2017 que Twitter était mort ce soir-là. Qu'une certaine idée du réseau social s'était éteinte. Si l'usage de Twitter s'est banalisé et ses utilisateurs se sont professionnalisés, il n'a sur le fond pas changé. Tel le chat de Schrödinger, il n'est ni plus mort ni plus vivant qu'avant.
Twitter est le reflet d'une réalité, il n'est pas la réalité. Il est l'espace d'expression d'opinions variés, plus ou moins extravagantes. A l'image de la société, il est pluriel. Y cohabitent, et ce depuis ses origines et le développement de son usage, de nombreuses communautés rassemblées autour de multiples centres d'intérêts. S'y côtoient, sans se croiser experts de tous poils et plumes, prosélytes de toutes obédiences, militants, extrémistes, chroniqueurs désabusés, haterz, loleurs, foule bigarrée, cosmopolite, bagarreuse et paradoxalement constituée d'individualités autocentrées à la recherche de leur part de lumière.
Contrairement à ce qu'affirmait un chroniqueur de France Culture en évoquant le débat du 20 mars dernier, Twitter n'a pas changé. L'idée qu'il se faisait du réseau social a peut-être changé, mais sur le fond, Twitter est rigoureusement le même que ce qu'il a toujours été : forum, agora voire café du commerce global dont les usagers sont en permanence en état d'ébriété plus ou moins avancée. La résistance à l'alcool étant une affaire personnelle, certains consommateurs l'ont plutôt gai, d'autres franchement morose voire terriblement agressif. Ainsi va le monde... Il en résulte une cacophonie globale où certains dotés d'une voix et d'une personnalité fortes arrivent à dominer le brouhaha ambiant.
Hormis la banalisation de l'usage par les leaders d'opinion, quelques évolutions techniques ainsi que la virtuosité constante de certains, il y a peu de différences entre le Twitter de 2012 et celui de 2017. Nous l'avions constaté lors de la rédaction de Twittus Politicus, ouvrage consacré à l'usage de Twitter en politique à partir de l'observation des campagnes de la Présidentielle et des législatives 2012. Twitter n'était pas un espace de débat, juste un outil de mobilisation permettant à chaque camp de rassembler ses militants, les confortant dans leur opinion et leur certitude de détenir la vérité. Emulation, endoctrinement, plaidoyers pro domo, autocélébration. Les bases étaient déjà posées. Y compris celles du dénigrement systématique de quiconque ne partage pas son opinion. Sans oublier de temps à autres quelques escarmouches de courte durée. Et au final, selon l'adage shakespearien, "much ado about nothing", beaucoup de bruit pour rien. Le constat effectué en 2012 reste le même, un tweet ne sert pas à changer l'opinion. Il n'est pas la pierre philosophale, il ne transforme pas le plomb en or ni le militant en son contraire. Twitter est un outil de guerre de position. Chacun dans sa tranchée, quelques grenades fusant de temps à autres. Chacun campant sur ses positions avec le ferme espoir que Dieu y retrouve les siens.
Twitter est un écosystème à part, à la fois dans le monde et hors du monde. Twitter n'est pas mort. Ce qui est mort, à la rigueur, c'est l'idée qu'on se fait de l'Internet pur des origines, tel que l'avaient pensé ses pères fondateurs. Twitter n'a pas changé. Peut-être certains d'entre nous s'en sont lassé. Il demeure cependant un espace riche pour qui sait y fouiner pour y dénicher les pépites. Exercice chronophage mais réjouissant.
Communication Officer
7 ansen tout cas versus linkedin twitter a perdu de son intérêt