Nos hommes politiques en vélo

Nos hommes politiques en vélo

Regardez un enfant qui apprend à faire du vélo.

Au début, il essaie avant tout d'apprendre à tenir en équilibre, en se disant qu'il apprendra ensuite à avancer. Ce qui le retient, c'est la peur de tomber. Il ne sait pas que faire du vélo, c'est tomber. "Tomber", c'est-à-dire consentir à des forces inquiétantes, accepter un mouvement que l'on finira par contrôler si l'on commence par l'accepter. Un mouvement qui, en fait, fournit la stabilité nécessaire à son contrôle.

C'est pour cela qu'au début, un enfant apprenant à faire du vélo doit être tenu par un adulte. Pour qu'il ne se préoccupe plus de tenir en équilibre. Et pour qu'il puisse alors se contenter de conduire. C'est ainsi que la plupart des enfants apprennent à contrôler leur mouvement et ne se rendent même pas compte du moment où l'adulte les lâche.

Nous en sommes un peu là avec le numérique.

Tout le monde a bien compris combien c'est important : c'est là que se joue la croissance et l'emploi, c'est là aussi que je joue la transformation de la plupart des activités humaines. Les États, les organisations, les grandes entreprises essaient de s'y mettre. Mais, comme l'enfant qui apprend à faire du vélo, ils aimeraient bien commencer par apprendre à tenir en équilibre.

Or, c'est exactement le contraire qu'il faut faire, car la révolution numérique est déjà passée.

Il faut prendre la mesure de cette révolution, dans toute son ampleur, plonger dans ses attendus et ses conséquences technologiques, industrielles, économiques, sociales et politiques. Il faut comprendre les stratégies des entreprises qui structurent désormais l'économie mondiale et les questions que soulèvent leurs monopoles inédits. Il faut comprendre les nouveaux processus de création de valeur fondés sur l'énergie de l'économie et de la société. Il faut réinventer la politique pour stimuler, concentrer et utiliser la créativité des citoyens et renouveler en profondeur leur rapport à l'État.

La révolution numérique est derrière nous.

Un cycle industriel est définitivement fermé. Un nouveau cycle c'est ouvert. Ses grands principes et son socle technologique sont désormais en place. Il suffit d'apprendre à s'y mouvoir.

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Ce que vous venez de lire est l'Avant-propos du livre L'ÂGE DE LA MULTITUDE - Entreprendre et gouverner après la révolution numérique, par Nicolas Colin & Henri Verdier, aux éditions Armand Colin.

J'ai débuté sa lecture, et je n'ai pu résister à l'envie de vous faire partager cette page et demie. Je vais continuer ma lecture, et je ne doute pas un instant que je vais encore avoir le goût de partager. À l'heure où Monsieur Couillard nous dit qu'il faut se rapprocher de la France numérique, c'est me semble-t-il approprié.

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