Nostalgie préventive et ressource créative du rêve

Nostalgie préventive et ressource créative du rêve

Parfois, lorsque les circonstances s’aggravent, des souvenirs susceptibles de nous faire beaucoup de bien remontent à la mémoire. Certaines anecdotes oubliées nous reviennent comme des plaidoyers quand on s’y attend le moins et nous apportent des antidotes. Des bulles d’air pour nous aérer les méninges.

 

Hier soir…

Une fois encore, je me retrouvais devant le tube cathodique à subir ma dose d’infos maléfiques, face aux horreurs et aux ignominies de toute nature dont l’humain est capable.

Tout-à-coup le flot d’épouvantes a été interrompu. Non pas par une séquence de publicité pour me donner envie de me racheter en contribuant aux efforts de guerre, mais par une séquence de mon enfance qui s’est brusquement rappelée à moi.

Comme pour contrebalancer l’inhumanité dont j’étais le spectateur impuissant, j’ai été sauvé par une légère somnolence. Un très lointain souvenir est remonté à la surface. Une puissante réminiscence jusqu’alors effacée.

Mon fauteuil de torture s’est transformé en berceau de la mémoire. Le théâtre des opérations de guerre sous ma voute crânienne s’est transformé en zone paix.

 

Pascal et moi, ça faisait un bail que je n’avais pas pensé à lui…

Scène de rêve : je nous retrouve à plat ventre dans l’herbe en train de lire un article de la “Sélection du Reader Digest”. On y parle de sous-marins et d’oreille d’or.

Scène suivante : on décide d’en faire autant et de partir à travers les bois pour y dresser nos oreilles comme on dresse des chiens afin d’y flairer des pistes nouvelles.

Scène 3 : Pascal pousse un cri.

“Écoute, Bernard… c’est ici !”

Illico-presto je hurle à mon tour :

Écoute, Pascal… c’est ici !”

Scène 4 : Nous nous disputons… mais cette image s’efface.

Nous nous acharnons à faire des bêtises… mais cette image s’efface.

Nous nous ennuyons… mais cette image s’efface.

Nous nous figeons tous les deux… mais cette image s’efface.

Un joyeux silence fait écho à d’autres silences.

 

Que reste-il ?

Rien qu’une écoute en roue libre. Juste une démonstration que le silence est d’or et que l’amitié de diamant. Indestructible à travers les âges.

Ce surprenant souvenir originaire d’une inaltérable amitié a changé le théâtre des opérations. Le silence, même en rêve, use de son droit au mystère et boule de gomme.

Le réveil, dans une autre forme d’abasourdissement, me pousse dans les bras d’une conscience qui n’est que reconnaissance.

Pascal et moi, bien qu’enfants, nous nous entraînions sans le savoir à ce que les neurosciences nomment aujourd’hui : “Le cerveau par défaut”.

Ce que les poètes surnomment aussi : “Être ouvert à l’Ouvert”.

Ce que le sage Diogène désigne par : “L’esprit hors du tonneau”.

Ce que le Zen appelle : “Le fond du sceau qui lâche”.

Et ce que je traduis d’un seul geste de l’index sur la touche de mon téléviseur :

ÉTEINDRE”…

Joie de ne plus enfermer ses phénomènes mentaux dans la prison de ses mauvaises raisons d’en vouloir au monde entier et à certains en particulier.

Joie de contribuer au silence créateur et à la naissance de marges de liberté.

Joie de pouvoir renouveler ses amitiés et ses déclarations de paix.

 

 

• RAPPEL

Avez-vous eu connaissance de cette joie de se rencontrer en direct ?


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