Notre agriculture est en danger !
« Notre agriculture est en danger, ce qu’il faut faire » écrivait Xavier Beulin peu de temps avant de quitter ce monde. Et qu’avons-nous fait depuis ? Rajouté des règlements aux règlements, des interdictions aux interdictions, des boulets aux pieds de paysans déjà bien trop chargés. Est-il désormais trop tard ? Non, nous pouvons encore agir.
Il ne s’agit pas ici de porter un œil nostalgique sur tel ou tel modèle agricole, fruit des trente glorieuses boomérisantes ou d’une quelconque image d’Épinal de nos campagnes. Il s’agit simplement de regarder ce que réalisent chaque jour nos agriculteurs loin de la condescendance facile des amoureux des légumes qui poussent dans les livres. Il s’agit également de les écouter, de les entendre, « les paysans on s’en fout toujours, c’est la ville qui commande, […] c’est un cauchemar de l’histoire » disait Michel Serres. Il s’agit aussi d’éviter le manichéisme qui conduit plus aisément aux interdictions qu’aux recherches de solutions qui sont forcément complexes.
« Déléguer notre alimentation […] à d’autres est une folie. » dit le président de la République le 12 mars 2020 et pourtant trois ans après qu’avons-nous tiré comme leçons ? Les agriculteurs entrent dans 2023 avec des interrogations majeures : hausse des coûts de production, volatilité des prix, pouvoir d’achat fragilisé du consommateur, des inconnues encore nombreuses de la nouvelle politique agricole commune (PAC) et ses déclinaisons nationales court-termistes, le tout sur fond de précarisation climatique. La temporalité réglementaire n’y peut rien, elle n’a que faire de la capacité agricole à évoluer sans remettre en cause sa capacité à produire un des bien les plus précieux : notre nourriture. La réussite ne se trouve pas dans un règlement mais dans la volonté d’agir !
Pour réussir, il faudra du temps, il faudra savoir conjuguer : production alimentaire et non alimentaire – impact environnemental positif et sources de profitabilité – adéquation entre valeurs sociétales et aspirations personnelles. Cela ne se décrète pas mais s’accompagne. Alors les agriculteurs sauront s’engager, bousculer les pratiques, décloisonner les ateliers, s’adapter, repenser et associer les productions, les pratiques agricoles ; avec de nouvelles semences, de nouvelles solutions de traitement, des démarches d'autonomie énergétique, de stockage de carbone, de restauration de la biodiversité... Mais ce ne peut se faire qu’en donnant des perspectives et non des contraintes, en suscitant l’envie plutôt que la crainte, l’espoir plutôt que la frustration.
Pour réussir, la France aura besoin de toutes ses agricultures, de toutes ses forces entreprenantes, de toutes ses capacités d’innovation. Nous ne réussirons qu’en libérant les énergies, en privilégiant la confiance aux contraintes, la liberté d’entreprendre aux procédures, l’initiative aux interdictions. La facilité qui conduit à interdire plutôt qu’à bâtir ne fera pas pousser les radis ni les betteraves et encore moins butiner les abeilles. Il est temps de se ressaisir si nous ne voulons pas avoir à rebâtir notre agriculture sur un champ de ruines provoqué par l’oisiveté et le manque d’ambition d’une société plus encline à multiplier les interdictions qu’à se donner les moyens de trouver des solutions.
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Une dynamique est à créer, elle doit dépasser les mots et les incantations, susciter la confiance, engager, revigorer en étant capable d’engager sur des horizons lointains. La confiance en l’avenir doit prendre le pas sur l’anxiété. L’humilité et la détermination sont de mise, il est nécessaire d’associer le temps long en matière de résultat et la volonté de s’y mettre tout de suite. Les forces vives sont là, d’abord chez les agriculteurs qui chaque jour nous apportent de quoi nous nourrir et contribuent plus que personne à réparer la planète ; les forces vives sont aussi chez bien d’autres apporteurs de solutions prêts à les accompagner. Ensemble ils sont capables de soulever des montagnes !
Le message que nous laissa Xavier Beulin comme un signe prémonitoire d’un futur qui se ferait sans lui ne doit pas rester lettre morte, les entrepreneurs (il en était un) de tous horizons sont là, mais de grâce, donnons-leur les moyens d’agir !
À lire : "NOTRE AGRICULTURE EST EN DANGER : ce qu'il faut faire"
Xavier Beulin Yannick Le Bourdonnec Editions Tallendier Janvier 2017
CEO Manger du sens {facilitateur de stratégies à impact} intelligence collective x digital | Innovation par les usages | Nouvelles pratiques alimentaires 🌎
1 ansMerci Hervé Pillaud d’ouvrir des perspectives ! Pour celles et ceux qui veulent aider à faire émerger les solutions et agir, quels que soient les aléas et les crises, c’est précisément la finalité que poursuit le Conseil National pour la Résilience Alimentaire. Rejoignez-nous ! Renseignements auprès de Hermine Chombart de Lauwe
CONSULTANT Associé - C3A CONSEIL & Partenaires - Stratégie & Rapprochements Agro-Alimentaires
1 ansC'est tellement plus simple et plus rapide de pousser administrativement des contraintes nouvelles, sous prétextes précautionneux, que de faire, de produire en milieu vivant. Nos responsables politiques ont oublié, ou pire n'ont pas conscience, que le manque d'oxygène, de liberté contraint à l'asphyxie de nos capacités de production agricoles. C'est ce que je constate, toutes filières agricoles, toutes régions françaises confondues. Et le pire paradoxe en est l'une des conséquences la plus absurde: la progression des importations avec des produits aux qualités et normes inférieures !
Dirigeant retraité/Referent Entreprise EGEE/Shifter .Centres d'intérets:- Agriculture (ecologiquement intensive,conservation des sols, répartition valeur ajoutée ) -sobriété énergétique (solaire +mobilité electrique).
1 ansil y a un travail à faire ensemble pour faire comprendre que l'alimentation (avec les enjeux climatiques) va couter plus aux ménages et que sans doute il faut revisiter les choix de produits transformés (moins de sucre notamment ) et augmenter la part de proteines végétales ... Cela va bien au dela de l'incantation ...
Maraîcher Municipal chez Ville de Chambray-lès-Tours
1 ansIl semble qu’à moins de 0.5 smic horaire en moyenne en France (source sur chiffres insee) la contrainte principale n’est pas que réglementaire. Pour pouvoir prendre des risques (changements de pratique), il faut des marges de manœuvre ou l’assurance absolue que le changement permettra de mieux s’en sortir. Changer dans ce contexte relève de l’héroïsme.
Fondatrice de L'Agence de Marie-Laure ✨ Révéler votre identité communicante / Consultante en Communication et RP / Agriculture - Food
1 ansAlexandre Farro Metashift Media "(...) Une dynamique est à créer, elle doit dépasser les mots et les incantations, susciter la confiance, engager, revigorer en étant capable d’engager sur des horizons lointains.(...)"