Notre monde change

Edito Bio Linéaires N° 79

Chacun d'entre nous peut constater que le monde de la bio change. Nous ne passons pas une semaine sans apprendre que telle ou telle entreprise a été rachetée par une autre. Soit car la succession n'est pas assurée ou la capacité de financement n'est plus suffisante pour l'investissement nécessaire ou simplement par opportunisme... Quelles conséquences pour la distribution spécialisée bio ? Un écueil dans les principes de fond de l'agriculture biologique : la distribution spécialisée sera dans l'obligation (ou non) de travailler avec des fournisseurs dont la bio est minoritaire. Nous avons l'espoir que ces derniers trouveront dans la bio une vision de durabilité et d'équité. Alors qu'il y a quelques décennies encore, les magasins bio proposaient des produits en accord avec un principe de production, aujourd'hui, ce sont les attentes du consommateur (pas toujours bien informé) qui dominent. À ce jeu, les gagnants du premier semestre 2018 sont les grandes marques du conventionnel qui proposent une offre bio. Notons que le développement de l'assortiment en est la principale raison mais aussi la volonté des distributeurs généralistes d'accentuer ce phénomène. Quelle place alors pour les acteurs historiques de la bio ? Qu'ils soient en grande distribution et aujourd'hui en concurrence avec des multinationales ou en magasins spécialisés qui appartiennent de plus en plus à de grands distributeurs ou des financiers ? Cependant, l'enjeu majeur est de connaître l'impact sur la valorisation des produits issus de l'agriculture biologique. Comme le prix devient un critère essentiel (voir dossier dans les pages suivantes), nous avons constaté de très importantes variations au niveau des compositions de certains produits certes bio mais de piètre qualité (voire non conforme aux règles légales de base) et peu respectueux des consommateurs. C'est le bio qui crée la croissance de la distribution conventionnelle mais c'est aussi la bio qui les intéresse ; pour preuve le rachat de distributeurs spécialisés ou la volonté de la grande distribution de créer ses propres magasins dédiés au bio. Dans ce contexte, nous connaissons la capacité des magasins spécialisés pour créer la différence. Ils l'ont montré dans le passé et même si ce premier semestre est loin d'être dynamique, certains arrivent à avoir des résultats plus que surprenant. Avec toujours un coup d'avance, dans l'offre, les valeurs et le dynamisme. Il semble clair que les magasins développeront une nouvelle offre "super-labelisée" dans les cinq prochaines années et risquent bien, à terme, de devenir non plus des magasins bio mais agro-éco.

Philippe Delran

Krotoum KONATÉ

Nutrithérapeute - Auteure - Formatrice - Expertise Microbiote intestinal /SIBO

6 ans

Concernant les produits alimentaires bio, j'observe une dégradation de la qualité des aliments transformés en bio. Ils sont de plus en plus transformés avec de plus en plus "d'additifs cosmétiques" pour corriger le goût, la texture,  la forme, l'aspect des aliments. Au final on trouve de plus en plus de maltodextrine, du sirop de glucose, amidon etc...dans la liste des ingrédients.  Les "faux aliments dénaturés" augmentent et les vrais aliments brutes diminuent dans les recettes. Bref même s'ils sont labellisés bio, c'est produits alimentaires ultra transformés n'ont aucun intérêt nutritionnel. 

Philippe Audard

Entrepreneur - métiers du commerce

6 ans

Excellent papier philippe DELRAN dont cette question clé : "Cependant, l'enjeu majeur est de connaître l'impact sur la valorisation des produits issus de l'agriculture biologique." À suivre...

Alain Delangle

Président fondateur de Campacity, associé de la SARL DÉGUSTONFOIN (Transformation, distribution de produits bio, formation immersion au sein du monde rural.

6 ans

Très bonne remarque Philippe quand tu dis "consommateurs pas toujours bien informés ". Il faut effectivement relever la contradiction de vouloir plus local, plus transparent etc... et de continuer à s'agglutiner en ville. La durabilité du système alimentaire se fera par une agriculture aux sols vivants, une économie alliant intérêts privés et collectifs mais surtout à ce stade d'un renouvellement du lien entre villes et campagnes. L'éloignement entre ces deux cultures pourrait nous faire vivre le pire, on a déjà des signes chez nous et dans le monde.

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