« Notre objectif, c’est zéro énergie fossile en 2033 »
C’est une guerre contre l’énergie fossile que mène l’équipe de Johann Brunie , le directeur technique de l’usine de Châteauroux du groupe La Maison Française du Verre . Une guerre engagée voilà 25 ans pour décarboner le four de fabrication des célèbres plats en verre Pyrex®.
Tous les 5 ans, le four de fabrication du Pyrex® doit être reconstruit en raison de la spécificité du verre en borosilicate. Ce verre est utilisé parce qu’il présente un faible coefficient de dilation thermique, ce qui lui permet de résister à de très hautes températures. Cette contrainte de reconstruction régulière constitue aussi « une opportunité de se poser régulièrement des questions sur le four afin de l’améliorer, explique Johann Brunie. Notre objectif, c’est zéro énergie fossile en 2033 ».
« Nous émettons 150 kg de CO2 par tonne de verre produite, contre 300 à 400 kg pour les installations classiques »
De fait, l’équipement suit une trajectoire de décarbonation depuis 20 ans avec une étape importante en 1998 : le four qui fonctionnait uniquement au gaz devient hybride, avec son électrification à 50 %. La dernière modification apportée en 2022 porte sur la géométrie de l’installation, la qualité des isolants et des briques réfractaires ainsi que la configuration des électrodes, pour porter la part de l’électricité à 60 %. « Aujourd’hui, notre four émet 150 kg de CO2 par tonne de verre produite, contre 300 à 400 kg pour les installations classiques », indique Johann Brunie.
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À cette contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, s’ajoute un meilleur rendement : quasiment 100 % par conduction liée à la chauffe des électrodes contre 60 % par combustion avec le gaz. Et l’ajout d’une couche logicielle pour la conduite du four permet désormais de disposer d’un modèle prédictif capable d’anticiper son fonctionnement pour optimiser sa consommation énergétique.
« Il faut s’assurer de la pertinence de nos choix technologiques »
« Toutes ces modifications du four nécessitent une phase importante de modélisation, explique Johann Brunie. Il faut s’assurer de la pertinence de nos choix technologiques en termes de flux, de masse, de corrosion, etc. » Le Cetim accompagne l’entreprise en analysant la composition chimique du produit, pour vérifier que les principaux paramètres de qualité sont bien respectés, notamment le coefficient de dilation thermique. Des analyses indispensables pour configurer l’évolution du four. Le centre technique effectue aussi un suivi régulier de la stabilité chimique du produit.
Aujourd’hui, le groupe LMFV souhaite poursuivre sur la piste de l’hybridation en utilisant de l’électricité et du gaz décarboné avec deux pistes : le biogaz et l’hydrogène. « Nous avons testé l’injection d’hydrogène dans les brûleurs du four à hauteur de 20 % en puissance, indique Johann Brunie. Nous examinons l’impact sur les brûleurs, sur les réfractaires et sur la qualité du verre, le Cetim s’attachant à s’assurer de la stabilité des paramètres physico-chimiques. »