Nous avons oublié. Ils ne le savent pas.

Avant de commencer votre lecture, je vous demanderais de mettre votre filtre de non pas moi! ou de voyons quel jugement qu'elle a! de côté. Je vais vous parler franchement. De façon authentique comme l'auteur aimerait que je fasse. Je suis ainsi de tout façon. C'est sûrement de la généralisation. Ne le prenez pas personnel. Certains sont aux antipodes de ce qui est écrit et l'humanité devrait vous en remercier. Donc, soyez neutres en lisant ce texte si vous sentez un doigt qui se pointe. Par contre, soyez vulnérables et ouverts lorsque le moment s'y prêtera.

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-Maman, j'ai soif! J'ai faim! Je veux un nouveau jouet! Mes souliers sont trop petits!

-Oui, dans un instant!

Nous sommes dans un monde instantané. Quelques clics et voilà notre commande à notre porte. Livrée de partout au monde, pardonnez-moi merci! Nous ne savons pas quelque chose? Siri, Google ou Alexa se feront un plaisir de nous fournir l'information. Pas besoin de se rappeler des rues et des adresses, le GPS le fait pour nous. La banque offre des services en ligne, les médecins font leurs consultations à distance et envoient les prescriptions électroniquement. Dois-je continuer?

Dans un instant. Voilà où nous sommes. Peut-être aussi qui nous sommes. Regardons vers le futur et les avancées technologiques. Oublions les crises et les pénuries mondiales. Nous sommes bien dans notre foyer. Plusieurs options et initiatives sont offertes aux personnes moins nanties dans les pays favorisés, disons-le ainsi (ça pourrait être mieux mais bref...), nous n'avons généralement pas à nous demander s'il y aura du pain à l'épicerie. Si nous pourrons mettre de l'essence. Voir notre famille ou même voyager (pandémie exclue). Tout est accessible avec une facilité désarmante.

Dans un instant... Il y a seulement quelques décennies, le mieux que nous pouvions espérer était: pour un instant. Demain n'était pas certain. Rien ne l'était. Des familles qui n'ont pas pu se voir pendant plus de plus de 30 ans. Des gens n'ayant pas pu goûter des aliments pourtant anodins de nos jours.

Pour un instant... Pensez-y, pour vrai, pour un instant. D'où vos ancêtres viennent? Qu'ont-ils traverser pour que vous ayez la vie que vous avez aujourd'hui? Combien de gens sont morts pour que le monde soit ce qu'il est aujourd'hui, même s'il est encore brisé? Vous y pensez des fois aux gens qui devaient mettre des tissus noirs aux fenêtres pour que les avions bombardiers ne puissent faire d'attaques de nuit? Vous savez ce que c'est d'attendre en ligne des heures avec un ticket en espérant avoir un demi pain pour six bouches à nourrir pour ensuite pour arriver au comptoir et vous faire dire qu'il ne reste plus rien? Y pensez-vous pourquoi la cuisine traditionnelle québécoise est faite d'aliments peu périssables, peu coûteux et surtout demandant peu de préparations? Peut-être parce que c'est difficile de nourrir autant de bouche avec si peu quand on doit en plus travailler aux champs ou dans l'usine toute la journée. La Mijoteuse aurait fait fureur dans ces années-là. Lorsque vous voyez ces coquelicots à l'épicerie à chaque année, pour un instant, y pensez-vous à pourquoi ils sont encore là? Pourquoi ce symbole ne doit pas disparaître? Est-ce que vous l'avez expliqué à vos enfants?

Pour un instant de Jean-Luc Doumont est un roman racontant l'histoire de sa mère Victorine (une sacrée dame, je vous en dis quelque chose!). On y découvre l'invasion allemande lors de la deuxième guerre mondiale, de sa perceptive d'enfant de huit ans. Comment elle y a grandit. Quels étaient les enjeux au quotidien. La peur, la terreur, l'espoir, le patriotisme, la famille, la faim... Un héritage retrouvé par chance, noté dans 12 carnets, lorsque Jean-Luc demandait à sa mère enfant: maman, raconte-moi ton histoire. Continues encore. Je veux en savoir plus. Un livre contemporain qui fait le pont entre hier et aujourd'hui. J'en veux plus de livres comme cela. Nous en avons besoin. Le monde en a besoin.

La jeunesse en a besoin. Comprendre les privilèges immenses qu'ils ont. Que nous avons. Que nous pourrions partager. Car ce sera leur enjeu, demain. Nous ne leur laissons pas un beau terrain de jeu. Nous leur offrons un monde brisé, détruit, injuste et insensible face à la souffrance globale. C'est ce que je pense. Ça me désole. Si seulement, si seulement...

Ce roman (c'est pour cela que j'écris l'article après tout!), c'est un témoignage à coeur ouvert d'un univers caché, oublié. Des mots dont ils ne faut plus parler. La censure nous guette à chaque coin de phrase. Liberté d'expression... Je ne sais plus. Je m'égare encore chers lecteurs. Ce roman, ce journal dirais-je, est un vent de réalisation de ce que nous avons perdus dans le grenier derrière les cartons de grand-mère. Pour un instant, j'ai la gratitude d'avoir ce que j'ai. D'avoir les gens que j'aime autour de moi. D'avoir lu ce livre qui me ramène l'esprit à l'ordre, encore plus qu'il y est.

J'ai peur. Peur que nous oublions où nous étions hier, pour être ici aujourd'hui, afin d'aller vers demain. Ce sont mes inquiétudes. Les partagez-vous?

Je n'ai aucune idée si mon article rend hommage à ce livre qui nous transporte loin derrière, en nous le faisant vivre dans le moment présent. Un livre qui, effectivement, Pour un instant (publié par Béliveau éditeur ) nous sort de notre confort (qui peut nous sembler imparfait), pour nous amener dans une réalité, où la débrouillardise et le courage de prendre action pour changer les choses, déterminent le lendemain.

Il y aura une suite. Une surprise apprise en entrevue. Je l'attends. J'ai hâte. D'être encore plongée dans un univers vrai et authentique, sans censure et sans embellissement. Juste pour un instant, la vérité d'un homme.