Nous Européen-nes
La guerre est en Europe. Nous sommes confronté-es à l’inimaginable, ce que nous avions connu en 1914 et 1939 et que nous avons tout fait pour bannir à jamais: Tel était le projet de la CEE, le désir de Maurice Schumann, Konrad Adenauer ou Charles De Gaulle. Nous avons oublié ce dessein en 1989 lorsque Mikhaïl Gorbatchev a tenté de sortir de l’impasse soviétique. Emporté par l’orgueil américain d’avoir "gagné la guerre froide", nous ne lui avons pas tendu la main. Pourtant la Russie est européenne, depuis toujours.
L’Union Européenne s’est ouverte aux pays satellites de l’URSS, pas à la Russie qui voulait tourner la page de l’ère soviétique. Bien sûr, nos entreprises sont aller faire des affaires en Russie, avec une clique d’oligarques plus ou moins mafieux. Mais que voulez vous, l’argent n’as d’honneur.
Un obscur officier du KGB a tissé sa toile, fantasmant sur la grandeur passé de l’empire. L’Europe n’ayant pas de diplomatie et encore moins de politique de défense commune, les anciens pays soumis à l’Est, marqués au fer rouge par une occupation soviétique (Budapest 1956, Prague 1968, loi martiale en Pologne en 1981 mais aussi pour la Pologne la guerre avec l’URSS de 1920, de 1939 et les massacres de l’élite polonaise à Katyn), ces pays ont demandé la protection de l’OTAN, donc des États-Unis.
Maintenant que la guerre est là, nous regrettons notre dépendance au gaz russe et de ne pas avoir exigé la dénucléarisation des arsenaux militaires à la fin de la guerre froide.
Et la guerre est en Europe. Nous pouvons constater que le protecteur américain se moque un peu de ce qui se passe en Europe. Les sanctions économiques limitées n’ont en rien stoppé Vladimir Poutine. Que voulez vous, les États-Unis regardent la Chine, ils sont à l’Ouest de leur pays, plus à l’Ouest de l’Elbe.
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Nous sommes européens, nous avons besoin de vivre avec nos valeurs, de cesser de suivre les États-Unis qui se clament depuis 2001 leader du monde libre. Nous ne pouvons pas, non plus accepter qu’un dictateur sanglant envahisse son voisin à nos frontières.
Il est plus que temps de renforcer l’Europe à partir de ses valeurs humanistes, de tracer notre voie qui n’est pas celle de la Russie, de la Chine ou des États-Unis. Il est temps d’être réaliste, d’affronter les menaces environnementales, de renforcer nos démocraties, de laisser la parole à toutes et tous.
Nous sommes pris entre le cynisme de dirigeants économiques à courte vue ne pensant qu’à accaparer toujours plus et, à notre porte, la violence absolue de la guerre. Nous avons ici même le fantasme du sauveur providentiel, homme fort se nommant, ailleurs, Vladimir Poutine, Donald Trump ou Xi Jiping. Nous sommes confronté à la réalité du dérèglement climatique, à la chute de la biodiversité, aux impacts des pollutions sur nos santés.
Nous, Européen-ne, nous avons effectivement un rôle historique aujourd’hui. Il ne suppose pas d’inventer des licornes ou de nous donner, à nous aussi, des pouvoirs forts qui se diront demain impuissant face à une invasion ou à la hausse du niveau des mers ou aux canicules à venir. Nous avons le devoir de rendre vivantes nos valeurs de démocratie, d’écologie, de féminisme et d’humanisme, de paix sociale, d’harmonie et de dialogue qui sont, in fine, ces valeurs qui, traversant les siècles, nous ont mené à ce que nous vivons ici, en Europe, cette terre qui fait rêver des millions de femmes et d’hommes fuyant la misère et l’oppression chez eux.
Ne nous replions pas sur nous même en fantasmant sur Napoléon ou Mussolini. Pensons grand, à long terme, fort de notre histoire. Pensons demain avec joie et faisons le. Pensons le avec réalisme, en intégrant la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, de plastique dans les océan, de pollution de l’air et inventons nous un futur viable, heureux: « Le bonheur est une idée neuve en Europe » Saint-Just.