Nous sommes là

Hier soir, sur France 3, dans l’émission « Pièces à Conviction », un reportage intitulé « Loin des villes, une génération oubliée » met en cause le CDI Intérimaire et Manpower, nous accusant de conforter, voire même de profiter, de la précarité de ceux qui habitent loin des villes.

Ce que j’ai vu hier soir, c’est la France rurale que je connais bien et dont je suis issu. Né à Magnac-Laval, à 50 km de Limoges, là où mes parents vivent toujours, et là où j’ai gardé de nombreux amis d’enfance, cette France je la connais dans ma chair. Et c’est vrai, j’ai dû la quitter pour faire mes études.

Aujourd’hui à la tête du Groupe Manpower, avec mes équipes nous représentons la première marche vers l’emploi dans ces territoires. Dans cette France où les fractures sociales, générationnelles et territoriales continuent de se creuser, les 600 agences de Manpower accueillent, chaque jour, des femmes et des hommes qui nous font confiance pour les accompagner dans leur vie et dans leur carrière. Précarité, isolement, difficulté d’insertion, difficulté à trouver un logement, protection du foyer, accès à la formation… Nous voyons chaque jour ces situations, et nous avons un devoir envers chacune d’entre elles.

Aussi, à l’écoute des commentaires de ce reportage et face à ses partis pris, je me dis que tronquer une réalité, déjà difficile, n’est pas correct, en particulier sur ce nouveau contrat, le CDI Intérimaire, officiellement adopté en août 2018 dans le code du travail après 48 mois d’expérimentation et de concertation.

Son bénéfice essentiel, c’est la sécurité. La sécurité d’un CDI.

Principal avantage passé sous silence, surtout dans une France où l’emploi est rare et les distances grandes. Cette sécurité, cette continuité de revenus, permet d’installer une flexisécurité à la française. Et si le cas de Nicolas, que nous connaissons bien, est difficile, il n’est certainement pas représentatif du cas des 15 000 autres CDI Intérimaires de Manpower.

Sans nier ses difficultés, je m’insurge contre la facilité de l’amalgame et des jugements définitifs qui ne tiennent pas compte des réalités des territoires, des entreprises et des individus.

Écoutons ce que disent les salariés intérimaires ! L’Observatoire de l’intérim et du recrutement a interrogé plus de 1500 signataires du contrat pour mieux comprendre leur expérience.

Les résultats parlent d’eux-mêmes :

• Près de 80% des signataires de CDI-I se déclarent plutôt ou tout à fait satisfaits de leur expérience et 77% conseilleraient à un proche de le signer.
• 67 % des personnes quittant le statut de CDI-I sont embauchées par les entreprises clientes, signe de la confiance qui s’instaure.
• 6 projets de crédit sur 10 ont abouti grâce au CDI intérimaire.
• 63% des salariés intérimaires déclarent mieux se projeter dans la vie depuis la signature du contrat.

Et j’observe chez nos CDII, en moyenne, une rémunération horaire supérieure de 6,6% à celle des intérimaires classiques.

Le CDI intérimaire est un contrat qui reste récent. Nous devons continuer de l’améliorer, et d’en faire la pédagogie pour que tous les signataires en comprennent les avantages – mais aussi les spécificités. Cette pédagogie, nous devons la faire, je dois la faire, auprès des banques elles-mêmes, pour qu’elles considèrent ce CDI intérimaire comme un CDI à part entière. J’en fais désormais une cause personnelle.

À l’heure des plateformes et du travail à la tâche qui laissent les individus sans sécurité de l’emploi, sans stabilité de revenus, toujours un pied dans le chômage et où le travail est toujours plus fragmenté, toujours moins protégé : le CDI intérimaire sécurise et stabilise, c’est ma conviction profonde et le sens de mon combat.

Tout notre travail est là, chercher l’équilibre : non pas des uns contre les autres, mais des uns avec les autres.