Numérique, oui ... mais point trop n'en faut
Retour d'un rendez-vous client, une route nationale, 12h45 ... "Tiens, je mangerais bien un morceau". Et Waze m'affiche "Vous allez passer à côté du restaurant X, prenez le temps de déguster leurs spécialités régionales".
Bon, aucun rapport entre ma pensée et la proposition de Waze. Du moins, pas encore. Mais j'ai beau m'attendre depuis plusieurs années à ce genre de publicité dynamique, cela surprend quand même sur le moment ! A l'heure du Mondial de l'Automobile 2016, cette ingérence d'une App dans mon quotidien d'automobiliste et d'être humain m'a plongé dans une réflexion sur l'avenir de notre capacité à décider en toute autonomie. Note pour ceux qui seraient soucieux de ma sécurité et de celle des autres : réflexion menée à l'arrêt.
De prime abord, recevoir une proposition pour un restaurant au moment propice est une bonne chose. Car en situation de conduite, hors autoroute, ce n'est pas facile d'identifier les lieux où faire escale pour manger autre chose que ce que nous proposent les grandes chaînes de restauration rapide. Là, j'ai une adresse et il me suffit de toucher "Y aller" pour m'y rendre.
En y réfléchissant à 2 fois, il est par contre possible d'y voir un pas de plus dans l’hégémonie de Google sur nos vies. Par la qualité de son moteur de recherche et un marketing envahissant, Google nous tient déjà depuis longtemps dans sa sphère privée. A tel point que "Google" est devenu synonyme de "rechercher sur Internet" et que les offres vraiment alternatives, comme Qwant, ont du mal à être audibles. La projection sur l'arrivée de la voiture autonome, a également de quoi inquiéter : en associant les annonces publicitaires (moteur du développement de Google), l'identification des centres d'intérêts de chaque individu (grâce aux cookies et autres marquages), le guidage GPS (avec Waze) et la conduite des véhicules, Google aura alors la capacité de mener tout un chacun au plus près des entreprises qui lui auront confié leur publicité. Après la facturation au résultat pour les visites virtuelles (e-commerce), Google pourra facturer au résultat pour les visites physiques (dans les magasins). C'est pourquoi Apple, Microsoft, etc. sont sur les rangs.
Indéniable côté pratique ou risque accru pour la vie privée, chacun verra midi à sa porte. Pour ma part, je choisis de profiter des avantages en limitant les inconvénients: j'interdis à Waze l'accès à ma position quand je ne l'utilise pas. Et je surveille régulièrement les options de confidentialité des navigateurs, de Windows 10 et des Apps diverses et variées. Je pense que c'est à ce prix que le numérique est un progrès et ne devient pas une prison ! Mais le débat est ouvert.