Odyssée d'une résilience éducative : Parcours semé d'épreuves et d'éclat
En ma qualité de mentor académique, les multiples sollicitations et messages émanant des élèves et étudiants, où s'expriment leurs tourments, constituent un recueil d'inquiétudes révélatrices. En tant que récipiendaire de ces confidences, je m'imprègne des affres de la jeunesse, ressentant leur douleur à un niveau intime, car j'ai, moi-même, nagé dans les méandres de l'adversité.
Dans l'optique d'apaiser ces âmes en peine, je choisis de dévoiler un pan intime de mon existence, un chapitre empreint d'efforts acharnés et de triomphes, portant un message d'espoir à ceux qui s'apprêtent à déposer les armes.
L'année 2013, sommet de mes accomplissements, scelle la réalisation de mon rêve : l'entrée à l'INP-HB, renommé pour ses repas opulents. Cependant, le trajet vers cette institution prestigieuse se révèle être un périple jalonné d'obstacles inattendus, mettant à l'épreuve mon endurance et ma détermination.
Le récit prend son départ lors d'une anodine préinscription en ligne à Agnibilékrou, perturbée par une interruption de courant dans un cybercafé, « Junior Informatique ». Cet incident mineur déclenche une série de déconvenues, entraînant un voyage éreintant jusqu'à Abidjan, des erreurs administratives me vouant à une exclusion précipitée du concours.
Les embûches s'accumulent : un partenariat bancaire défaillant, des péripéties informatiques, des numéros matricules égarés. Toutefois, ma détermination, soutenue par une clarté de vision inébranlable et une résilience indomptable, me confère la force de relever chaque défi.
De Treichville au Plateau, le processus de préinscription est revisité à trois reprises, affrontant des épreuves, surmontant des revers, mais relevant la tête à chaque fois. Ce qui n'était qu'un rêve lointain, l'INP-HB, se matérialise finalement comme une réalité palpable.
Pour me faire lire facilement, j’ai adopté un style de langue accessible. Voici mon histoire.
C’était en 2013 quand je venais fraichement d’obtenir mon Bac A1 avec brio. Avec ce sésame, je pourrais maintenant réaliser mon rêve que je me suis promis à moi-même, celui d’intégrer l’INP-HB car on m’avait dit que dans cet institut d’excellence, on mangeait « matin, midi et soir ». Et cette année-là, tout laissait présager que tout conspirait pour moi. Puisque le Président du Jury de notre centre de composition d’alors, Professeur ANGUI K. T. Pascal, Maître de conférences à l’université NANGUI ABROGOUA, était enseignant-chercheur à l’INP-HB. Pour la petite histoire, dès que j’ai été appelé parmi les meilleurs Bac, celui-ci a écrit sur ma convocation, « CAE », une manière claire de me dire de faire le cycle court CAE de l’INP-HB. Cette suggestion m’a réconforté dans ma position en ce sens que, durant toute l’année scolaire, je rêvais d’intégrer l’INP-HB pour y manger matin, midi et soir.
Fort de mes résultats scolaires éloquents, j’avais de très fortes chances de réussir mon pari d’intégrer dudit institut. Mais, les choses étaient trop loin d’être faciles comme je l’avais imaginé.
Comme vous le savez, le processus pour intégrer l’INP-HB avec le Bac se fait en plusieurs étapes et la première étape est la préinscription en ligne. Ainsi, après avoir réuni tous mes documents comprenant mes bulletins de Seconde, Première et Terminale ainsi que mon attestation de réussite du Bac, j’ai aussitôt entamé ma préinscription en ligne.
Je me suis donc rendu dans un cybercafé appelé « Junior Informatique ». Le gérant, KAMEMAN Jean-Jacques, procédait à ma préinscription jusqu’à ce qu’une coupure de courant surgisse. Jean-Jacques était beaucoup avancé dans la préinscription avant la coupure du courant. On pourrait estimer le taux d’achèvement à 90%. Quand le courant s’est rétabli, il fallait terminer la préinscription. Et pour continuer, il fallait renseigner un numéro matricule que le système avait généré pendant le renseignement de mes informations. Malheureusement, nous n’avions pas pu noter ledit numéro. Malgré plusieurs tentatives, nous n’avons pas pu achever la préinscription. C’est ainsi que Jean-Jacques me proposa d’aller à Abidjan pour rencontrer les organisateurs du concours pour qu’ils puissent m’aider à résorber mon problème.
Deux jours après, je me suis donc rendu à Abidjan. Le voyage n’a pas été facile puisque la voie Agnibilékrou-Abidjan était une catastrophe avant 2015.
Après donc 10 heures de route au lieu de 4, mes pieds foulaient pour la première fois le sol abidjanais. Nous qui avons grandi à l’intérieur et de surcroit au village, rêvions tous d’aller un jour à Abidjan avant que le trépas nous fauche. Je venais là de réaliser un rêve d’enfance.
À Abidjan, je devrais descendre chez l’une de mes grandes sœurs à Treichville, prénommée Cécile.
Très vite à la gare à Adjamé, j’ai compris qu’Abidjan est une jungle où les lions s’amusent en se griffant.
Bref, Cécile m’a suggéré d’emprunter un taxi pour venir où elle réside. J’emprunte donc un taxi, direction Treichville. Dans le véhicule, j’ai commencé à contempler Abidjan. J’étais émerveillé par l’ambiance abidjanaise, je n’en croyais pas de mes yeux. Moi qui n’avais jamais vu un immeuble à part dans les livres, je venais là de poser mes yeux sur de gigantesques immeubles qui semblaient s’embrasser dans le ciel du plateau. J’étais tout simplement fier de moi. J’avais déjà commencé à profiter des retombées de mes résultats académiques.
Cet épisode féérique ne saurait tarder puisque les choses allaient se compliquer après. En effet, le lendemain de mon arrivée, je devais être accompagné par l’un de mes cousins, Innocent, actuellement résidant au Canada. Celui-ci habitait les II Plateaux. Une fois dans le taxi, j’appelle Innocent. Il me dit que de descendre au Plateau car il est aux II Plateaux. « Plateau » et « II plateaux » ? j’étais troublé et confus. Je dis au chauffeur que c’est plutôt « II plateaux » qu’il devait me déposer. Le chauffeur s’irrita. Il me dit pourquoi je lui ai alors dit que je partais au Plateau. C’est là je me rends compte qu’il s’agit de deux endroits différents. Grâce à ma capacité logique, j’ai rappelé Innocent pour avoir une idée nette.
C’est ainsi qu’il me fait comprendre que ce sont deux endroits différents, effectivement. Je descends donc finalement au Plateau en face de la DECO.
J’ai attendu Innocent après plus d’une heure. Dès son arrivée, je lui explique l’incident d’Agnibilékrou, selon lequel je n’avais pas pu terminer ma préinscription en ligne. On s’est rendu au lieu du concours, l’École Supérieure de Commerce (ESC Castaing).
On s’est directement dirigé vers les dames qui vendaient les formulaires de candidatures sur lesquels il fallait inscrire les choix opérés pendant la phase de préinscription. On a profité pour leur exposer mon problème. Grande était ma déception lorsque ces dames m’ont dit que je venais d’échouer au concours car c’est un concours très sélectif et on est éliminé pour la moindre erreur.
Elles nous ont donc suggéré de ne plus continuer le processus car le mien venait de prendre ainsi fin. Innocent me demande donc de rentrer à la maison.
Tout découragé et abattu, j’ai regagné la maison de ma grande sœur en pleure. Mon rêve d’intégrer cette école d’excellence s’éloignait de moi. La nuit tombée, je n’ai pas mangé. J’en voulais à DIEU. Je me disais : « qu’est-ce que j’ai fait pour mériter cette souffrance ? ». « Donc, tous ces sacrifices étaient vains ? ».
Je me rappelle que je n’ai pas fermé les yeux toute la nuit. J’étais en train de chercher une solution à mon problème.
J’ai eu donc l’idée de me rendre seul le lendemain au Plateau. J’ai marché de Treichville au Plateau par le pont « De Gaulle ».
Une fois sur le lieu de concours, j’ai dépassé les dames qui m’ont dit que j’étais éliminé du concours pour me rendre directement dans la cour de l’école. Je me renseigne et on me montre un bureau de réclamations. Je m’y rends, j’explique mon problème et on me conduisit vers un informaticien, le responsable du projet informatique du concours, paix à son âme. J’explique mon problème à l’informaticien, il m’aida à refaire ma préinscription en ajoutant la lettre A à mon numéro matricule d’école. Par la grâce de DIEU, la préinscription a été prise en compte. Je pouvais valablement continuer le processus qui consiste en le dépôt du dossier physique de candidature.
Mais bien avant, lorsque je montais les escaliers, j’ai rencontré un monsieur, Monsieur ETRIN, qui deviendra plus tard mon professeur d’anglais en prépa. Celui-ci, dès qu’on s’est rencontré sur les escaliers, a demandé à jeter un coup d’œil dans mes moyennes et notes. Après avoir y jeté un coup d’œil appréciatif, Il me conseilla de présenter les deux concours : cycle court et cycle long. Or, je n’avais prévu faire que le cycle court pour cause de moyens limités mais aussi parce qu’on m’a fait savoir les classes préparatoires étaient difficiles pour les élèves littéraires.
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Bref, il fallait donc me rendre dans un cybercafé pour tirer ma fiche de préinscription pour constituer le dossier physique de candidature. C’est après avoir déposé le dossier physique que j’allais procéder au paiement des frais des concours (cycle court et cycle long). Et pour cela, il fallait payer par Mobile Money. Une innovation que l’INP-HB venait d’instaurer dans le processus de paiement. Un partenariat entre l’institut et Moov devrait donc être noué. Ce qui permettrait aux candidats de procéder au paiement une fois un code de paiement reçu et ce, après moins deux jours. J’ai donc acquis une carte SIM Moov qui m’a permis d’ouvrir un compte MOOV MONEY. J’ai ensuite fait un dépôt de 22 000 FCFA sur mon compte Moov Money.
Les deux jours se sont passés mais je ne recevais pas de message avec un code de paiement.
J’ai encore laissé un jour écouler mais que dalle. J’ai alors décidé de me rendre au lieu du concours et c’est là j’apprends que le partenariat avec Moov n’a pas abouti et qu’il fallait payer avec MTN CI. Or, j’avais déjà déposé tous mes fonds dans mon compte Moov MONEY. Il fallait donc retirer ce fonds pour le mettre dans un compte MTN après avoir acquis une SIM MTN et ouvert un compte MTN MONEY.
Vous vous souvenez qu’avant les frais de retrait étaient exorbitants. Je n’ai pu retirer que moins de 18 000 F CFA à cause des frais de retrait. Il fallait ensuite déposer les 18 000 FCFA dans mon compte MTN et là encore, il fallait s’acquitter des frais de dépôt et de timbre.
Finalement, l’argent qui me restait ne me permettait pas de présenter les deux concours. DIEU suscita une fille que je ne connaissais ni d'Ève, ni d'Adam qui m’a complété 10 000 FCFA sur mes frais de concours.
Ouf ! quel soulagement !
Aussitôt, je me précipitai pour effectuer mon paiement. Je suis reçu en agence du plateau par une dame pour effectuer mon dépôt. Le dépôt effectué, je reçu le code de paiement dans les 10 minutes qui ont suivi. Je pouvais maintenant faire mon paiement tranquillement.
Là encore, les choses vont se compliquer pour moi. En effet, dès que je compose le code obtenu, on me demande de renseigner mon numéro matricule INP-HB, je renseigne et ce que je constate c’est le nom d’un jeune qui était dans le même cybercafé que moi que je vois. Je suis surpris. Je me dis je me suis peut-être trompé de code. Je recompose le code en m’assurant que je ne me suis pas trompé. C’est le même nom qui apparait. Je reprends une dernière fois, rien n’a bougé d’un iota. J’ai donc décidé d’en parler à la dame qui m’a reçu. Elle prend mon téléphone, elle entre mon code et mon numéro matricule INP, c’est le même problème. Elle a essayé plus de 5 fois mais rien n'a changé.
Elle me donna rendez-vous pour le lendemain. A la première heure, je suis devant l’agence MTN pour m’assurer d’être le premier à être reçu. Et c’est ce qui a été.
Elle retente le coup. Mais, rien ne change. J’ai commencé à m’inquiéter. Elle m’a calmé et m’a proposé d’aller expliquer le problème aux organisateurs du concours. J’y vais et j’explique le problème. L’informaticien que j’avais trouvé et qui avait procédé à ma re-préinscription, a essayé en vain d’effectuer le paiement. 5 essais, mais rien.
Il me propose alors de refaire ma préinscription. Donc, j’ai repris tout le processus et cette fois-ci les choses ont été très faciles pour moi.
Je vous assure que ce jour-là, c’est comme si le ciel me tombait dessus. Mais, je venais là de réaliser une bonne partie de mon rêve.
C’était dur. Mais, je croyais fermement que DIEU ne me laisserait pas tomber aussi facile. Il voulait voir à quel point j’étais résilient et patient. Il voulait s’assurer que je pouvais lutter pour ma vision, mes rêves, ma conviction.
Je pouvais abandonner depuis le premier jour que lorsque les dames m’ont dit que j’étais éliminé du processus à cause de l’incident d’Agnibilékrou. Je pouvais me morfondre sur mon sort en me disant que je n’allais pas réussir à surpasser tous ces obstacles qui étaient de bonnes raisons pour que j’abandonne.
Je n’ai jamais rien obtenu facilement. Ce qui est facile chez les autres, je l’obtiens après plusieurs sacrifices joints à ma patience.
Cet acte de résilience et de bravoure n’était pas un cas isolé. J’ai maintes fois fait montre de résilience, de détermination, de persévérance, de sacrifice, d’abnégation, de niaque, d’invaincu, etc.
En effet en Terminale, j’ai étudié sous les lampadaires de mon quartier. Sans aucun livre, j’ai toujours fait mes exercices de maison. J’ai fait « manawa ». J’ai travaillé dans les champs, j’ai chargé et déchargé des marchandises mais cela ne m’a pas empêché de continuer mes études. Je croyais en la puissance de l’éducation. J’avais intégré dans mon être que seule l’école me rendrait libre. Et donc je devrais me donner tous les moyens de réussir mes études. À notre temps, il n’y avait pas développement personnel, il n’y avait de coach, il n’y avait pas de livre comme « Les Secrets Infaillibles des Elèves et des Etudiants qui Réussissent ». Je ne connaissais même pas les réseaux sociaux. Je pense que j’ai découvert Facebook en 2014 à l’INP-HB.
Je vous raconte toutes ces choses pour secouer votre torpeur afin de vous réveiller de votre moribonde léthargie.
Il n’y a pas de problèmes sans solutions équivalentes. Il faut juste se poser de bonnes questions et être prêt à payer le prix.
Si je n’avais pas payé le prix, pensez-vous que DIEU allait susciter les gens pour m’aider ?
Docteur GNAPIA a dit que « DIEU est dans l’action ». Et il a raison.
Somme toute, cette narration transcende mes expériences individuelles pour devenir une leçon universelle, destinée à tout élève ou étudiant égaré dans l'obscurité. Chaque défi incarne une leçon précieuse, chaque épreuve offre une opportunité de croissance, et chaque rêve demeure à portée de main pour ceux qui persistent.
L'intégration à l'INP-HB se dessine comme une épopée ponctuée de revers et de triomphes, façonnée par la résilience et la puissance de l'action. Puisez dans cette histoire une source d'inspiration au cœur des difficultés, une incitation à la persévérance, car à la fin de chaque épreuve, surgit l'aube éclatante du succès.
Gérard KAMBIRE
A étudié à Institut National Polytechnique Félix HOUPHOUËT-BOIGNY de Yamoussoukro (INP-HB) Officiel
1 ansJe ressens à présent de la motivation pour mes objectifs, merci infiniment d'avoir partagé ton parcours avec nous
A étudié à Institut National Polytechnique Félix HOUPHOUËT-BOIGNY de Yamoussoukro (INP-HB) Officiel
1 ans🙏❤️💪
Informaticien
1 ansThe best
Senior financial analyst
1 ansOuais chapeau ,tu es courageux et tu m as réveillé.