Opposition à l'abattage des renards en Seine-Maritime (et ailleurs...)
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Opposition à l'abattage des renards en Seine-Maritime (et ailleurs...)

Un arrêté préfectoral avait autorisé la chasse de 850 renards en Seine-Maritime entre février et mai 2020. Il a été validé suite à une consultation qui avait pourtant recueilli plus de trois quart d'avis défavorables. Pire, un nouvel arrêté est soumis à consultation pour l’abattage de 1 430 renards de plus entre juillet et décembre 2020. Aucun risque sanitaire, écologique ou économique ne justifie cette décision, et ce serait même tout l'inverse, le renard étant un régulateur naturel de certains nuisibles, et sa présence limitant la prévalence de la maladie de Lyme.

Pour vous opposer, envoyez un e-mail à ddtm-srmt-bnfdr@seine-maritime.gouv.fr en précisant la mention « consultation sur la régulation du renard en tirs de nuit par les lieutenants de louveterie de la Seine-Maritime de juillet à décembre 2020 ».

Mon message (arguments non exhaustifs) :

"Le renard est un animal régulateur, chassant les rongeurs et protégeant ainsi les cultures, les habitations et les hommes. Il est donc un protecteur des cultures. Il nettoie également les carcasses d’animaux morts (par exemple de collisions mais également dans la nature) et évite ainsi que celles-ci se dégradent et souillent l’eau. L’autorisation de chasse du renard ne correspond donc pas au critère 2 de l’article L427-6 du code de l’environnement.  

C’est un animal emblématique, qui n’est pas agressif, et qui ne pullule pas. Sa population s’auto-régule en fonction de la disponibilité des proies, et l’abattage de centaines d’individus ne fera que dérégler cette dynamique trophique, offrant à ses proies la paix leur permettant de pulluler, et donc permettant ensuite à la population de renard de se développer au-delà de son niveau actuel. C’est donc évidemment contre-productif, voire dangereux puisque si en effet ces renards portent une maladie et que leur population est réduite, ils vont se déplacer davantage au sein du territoire, et disperser cette maladie auprès de leurs congénères et contaminer les zones saines. Sans compter que les tirs n’étant pas sélectifs sur les individus porteurs, on risque d’abattre les individus sains au profit des individus porteurs, et ainsi augmenter la prévalence de la maladie.

L’échinococcose ne fait pas plus de 30 cas par an, selon le Centre National de Référence de l'Échinococcose Alvéolaire, et peut être évitée par de simples, et mêmes évidentes, précautions : ne pas porter ses mains à sa bouche après avoir touché des plantes sauvages, ne pas manipuler les renards sans gants, et surtout ne pas manger un produit sauvage ou issu du potager sans l’avoir correctement rincé (fruits, champignons…). Par ailleurs, elle peut aussi être transmise par les chiens et les chats, notamment lorsqu’ils sont beaucoup laissé en liberté dans la nature, qui sont beaucoup plus au contact de l’homme.

En ce qui concerne la gale sarcoptique : le sarcopte responsable de la gale humaine n’étant pas le même que celui qui parasite le renard, celui-ci ne peut donc pas contaminer l’homme. Le renard peut éventuellement le transmettre aux chiens, mais pour cela il faut un contact prolongé et intime (frottements). Il ne me semble pas que les chiens et les renards aient fréquemment ce type de contacts. Pour l’homme donc, le seul risque, comme le confirme l’ONCFS dans sa fiche dédiée à la gale sarcoptique, est une réaction allergique due à un contact prolongé avec des animaux très infestés.

Ces maladies sont par ailleurs régulatrices des populations de renards, puisqu’elle contribue à la sélection naturelle.  

Pour toutes ces raisons, l’autorisation de chasse du renard ne correspond donc pas au critère 3 de l’article L427-6 du code de l’environnement. Au contraire, le renard permet de limiter la prévalence de la maladie de Lyme, comme le montre une étude américaine de 2012 (Levi et al.).

Comme la population de renard s’auto-régule, elle ne peut pas détruire ses populations de proies. Donc l’impact sur le petit gibier ne peut être grave que s’il s’ajoute à une chasse déraisonnée. Une régulation de la chasse devrait donc précéder cette mesure, puisqu’elle est plus facile à mettre en place (à moins que les chasseurs ne respectent pas les quotas ?). Par ailleurs, aucune étude n’a montré que la régulation du renard aurait un impact positif sur les populations de perdrix. Celles-ci sont en effet des proies occasionnelles du renard, qui, comme précisé précédemment, se nourrit surtout de rongeurs. La population de perdrix est davantage affectée par la chasse que par le renard, et cet arrêté n’étant pas accompagné d’un arrêt de la chasse à la perdrix, il est évident que son objectif est de limiter la concurrence entre les chasseurs seinomarins et les renards, au détriment de la préservation des milieux naturels. Rappelons que la chasse occasionne une pollution physique (plomb, cartouches et autres déchets laissés dans la nature), ainsi qu’une pollution sonore, qui affecte d’autres espèces, et notamment lorsqu’elle est pratiquée la nuit. L’autorisation de chasse du renard ne correspond donc pas non plus aux critères 1 et 5 de l’article L427-6 du code de l’environnement.

Sauf si l’intérêt des 1,3% de seinomarins pratiquant la chasse au petit gibier prévaut sur celui des 98,7% qui ne la pratique pas, le critère 4 de l’article L427-6 du code de l’environnement ne peut également pas justifier cet arrêté.

Plus de trois quart des répondants s’étaient opposés à l’abattage de 850 renards en Seine Maritime entre Février et Mai 2020 lors de la précédente consultation (499 avis contre / 151 avis pour). Ils n’ont pas été écoutés, malgré des arguments plus fournis et documentés que le quart de répondants qui étaient pour cette mesure. Cette consultation ne devrait donc même pas voir le jour, puisque vous connaissez déjà l’avis des citoyens sur le sujet, et que, si il était négatif avant une première vague d’abattage, cet avis ne peut que l’être davantage aujourd’hui.

Espérons que cette fois-ci vous écoutiez les voix citoyennes auxquelles vous prétendez donner la parole."


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