Oser un instant quitter l'autoroute...
Il y a quelques années, par un texte, je vous invitais à oser parfois quitter l’autoroute et ce rythme de vie que l’on endure à 200km/h, pour vous recentrer.
Hier, entre deux rendez-vous, je devais physiquement prendre l’autoroute. La neige avait saupoudré les paysages du haut du canton. Concentrée sur la circulation, bien que subjuguée par la beauté des arbres et des bâtiments de la ville enveloppés d’un manteau blanc, je n’avais guère le loisir de m’y attarder ; trop de choses devaient encore être réglées avant la fin de l’année ! Mais je savais aussi combien les mots rédigés pour vous résonnaient justes et nécessaires ; cette carte appelait à oser quitter l’autoroute !
Alors je délaissai la voie rapide. Dans la course effrénée de fin d’année, je ne savais si ce détour était bien raisonnable. La route s’annonçait glissante et moins sécurisée que l’autoroute déblayée, qui permet d’augmenter significativement la vitesse, en cumulant les tunnels. Une apparente sécurité. (vous ferez le parallèle ou non avec votre travail…)
Sur la chaussée enneigée, j’étais pourtant bien en sécurité ; l’itinéraire m’invitait certes à ralentir le temps nécessaire, mais surtout à me reconnecter. Il m'intimait de m’accorder ce droit essentiel d’exister, même dans la frénésie des milles tâches à terminer avant l’arrivée des fêtes.
Juste quelques minutes pour un moment de grâce, j’escaladai la montagne recouverte d'une neige immaculée, dégustant toute la magie d’un début d’hiver ensoleillé, et régalai mes yeux d’un spectacle d’une beauté fragile. Je sentis la neige vaincre mes bottines de ville et me tremper des orteils jusqu'aux hauts des mollets alors qu'un air pur emplissait généreusement mes poumons. Je redescendis le col, jusqu’à ce que le vert se mêle au blanc, tout aussi divinement, puis repris l’autoroute.
- Était-ce raisonnable au vu des délais à tenir ? Peut-être pas. Ou peut-être que si justement.
- Ai-je perdu de trop précieuses minutes ? Sur l’autoroute qui mène à 2019, ce chemin ne m’a pas empêchée d'accomplir tout mon travail. Il m’a seulement ralenti quelques minutes pour décupler mon énergie et mon efficacité pour le reste de la journée.
- Était-ce nécessaire ? Objectivement, l’énergie ne me manquait pas. Ce n’était donc pas urgemment nécessaire, mais c'était important. Important de répéter régulièrement des petits gestes simples, grâce auxquels justement l’énergie s’entretient et continue de nous animer.
« Si j'avais pris l'autoroute, je n’aurais pas abattu davantage de travail aujourd’hui; sans cet instant de répit, je l’aurais seulement fait plus difficilement ».
A toutes les personnes submergées : osez quitter un bref instant cette autoroute, maintenant. Dans le présent. Pas demain, pas en 2019. Aujourd’hui. Ne cherchez plus l’énergie de tenir dans les cafés, le sucre, la cigarette et autres stimulants, ni dans l’année suivante qui arrivera bientôt ou dans celle d’après qui sera aussi prochainement là. L’énergie est là, autour de vous, prête à vous ressourcer. Admirez la magie d’un instant de vie éphémère, prenez les quelques secondes ou quelques minutes nécessaires. Sentez le soleil vous chauffer le visage et sa force décupler la vôtre pour la journée.
Parce que s’accorder quelques minutes, ce n’est pas gaspiller son temps; c’est effectuer le meilleur investissement pour votre santé et votre vie.
Et pour ceux qui s’inquiètent pour mon apparence ce jour-là, qu'ils se rassurent; le chauffage fit son œuvre avant ma prochaine destination. Et quand bien même, il en eut subsisté une trace, l’énergie que je dégageai alors dans mes activités aurait, à n’en pas douter, gommé toute futile imperfection vestimentaire.
…Comme quoi, on ne fait pas que prôner, on sait aussi appliquer !