Pédagogie et erreur : apprendre c'est surtout se tromper !

Beaucoup considèrent encore que la performance doit l'emporter sur la compétence, ou encore que la compétition doit prendre le pas sur la collaboration.

Je pense que le droit à l'erreur est un droit fondamental pour tout être apprenant. Rappelons simplement que tout apprentissage fondamental, dès notre naissance passe part cette logique apprentissage/échec/réussite. Je vois six bonnes raisons pour lesquelles tout enseignant ou formateur doit COMPRENDRE systématiquement le rôle que joue l'erreur dans tout apprentissage et donc respecter cette étape souvent nécessaire

Pourquoi ?

Le droit à l'erreur entraîne une sécurité psychologique chez les élèves : un élève qui sait qu'il peut se tromper sans perdre la face garde l'estime de soi. Dès lors l'enseignant contribue à mettre en place au sein du groupe et individuellement une spirale positive : les erreurs sont très vite répertoriées, et les corrections peuvent être apportées rapidement, individuellement ou collectivement

La peur de se tromper inhibe, voire paralyse tous les fonctionnements... Et donc le résultat est très souvent l'inverse de ce qui était attendu.

La focalisation sur l'erreur bloque la capacité de réflexion, et par la suite la production d'idées nouvelles Le désir de faire bonne figure au yeux des autres l'emporte et cache la difficulté rencontrée et la reconnaissance même de l'erreur. L'enseignant joue alors un rôle fondamental dans le dialogue pédagogique à mettre en place, servant de révélateur et de modérateur.

Ce dialogue permet en outre dans un climat de confiance réciproque d'éviter les jugements au sein du groupe... Des questions du type "Il y en a certainement d'autres parmi vous qui ont commis la même erreur" peuvent contribuer à dédramatiser, plutôt que de recenser immédiatement les bonnes réponses. L'erreur conscientisée et partagée se révèle au bout du compte une possibilité de progrès, l'enseignant facilitant sa prise de conscience.

Au delà de cela une pédagogie trop axée sur la réussite risque de détruire une ambiance de classe, créant des clivages, favorisant les "De toutes façons, t'es nul(le) !" Des conflits sont susceptibles d'éclater, entravant la réflexion sur la génèse de l'erreur.

L'erreur est l'occasion inespérée de la mise en interaction des élèves, favorisant ainsi le travail collaboratif et la formation d'un groupe habitué au respect, à l'écoute, au dialogue (reformulation).

Le travail du pédagogue dans le gestion de l'erreur est difficile mais mérite d'être utilisé, en dépit du nombre parfois important d'élèves dans la classe, ou encore de la pression des programmes scolaires.

Dominique GEIMER