Pédagogie et mutations
Un article qui interroge sur les enjeux et mutations de la pédagogie dans l'enseignement supérieur. Il n’y a jamais de vérité absolue en éducation et en pédagogie
Ce qui est certain, c’est que l’enseignement ne peut plus être réalisé comme on le faisait il y a 50 ans, 20 ans ou même 3 ans. Ce constat ne date pas d’aujourd’hui, il date des années 70. Lyotard et ses travaux sur la condition post-moderne marqué par l’effondrement des grands récits, la fin de la verticalité et de l’apprentissage sur le système du triangle sur lequel reposait le sens de l’éducation, Deleuze et Guattari avec leur théorie des rhizomes selon laquelle l’éducation n’est plus une organisation qui suit une ligne de subordination mais est un ensemble ou chaque élément impacte l’autre, Foucault et sa théorie des épistémès ou nous devons trouver une nouvelle façon de penser les organisations et un nouveau modèle qui fait sens.
Ces mutations, dans lesquelles nous vivons depuis 50 ans, n’ont pas encore trouvé leurs réponses, créant quelques fois du désarroi chez les enseignants et chez les élèves. Pourquoi travailler et apprendre pour soi pour un avenir lointain et incertain alors que Nabilla gagne des millions par an ?
Le c’était mieux avant comme l’optimisme naïf n’ont pas lieu d’être.
Oui, les structures et les pédagogues doivent s’adapter à ses mutations et proposer une nouvelle façon de penser l’éducation. Oui, les modèles doivent être revus.
On le voit tous les jours dans les salles de classe. Lorsque l’enseignant est impliqué, croit en son savoir, le transmet avec passion et engagement aux étudiants, les étudiants adhèrent.
Les pédagogues doivent être capables de s’adapter aux besoins de chaque étudiant. Les sources du savoir se sont multipliées et le savoir n’appartient plus à l’enseignant et à la salle de classe.
Mais ce qui fait la force et le coeur de métier d’un pédagogue, c’est sa capacité à s’adapter à tous les étudiants, à expliquer de 5 ou 6 manières différentes une règle, une façon de dessiner, une manipulation… à apporter une réponse personnalisée, à permettre à l’étudiant de s’approprier ce savoir pour en faire une compétence qu’il saura mobiliser dès qu’il en aura besoin.
L’apprentissage par cœur doit être accompagné du développement de l’esprit critique. Une connaissance ne doit pas restée une connaissance que l’on ressort à question pour un champion. La connaissance doit être la compétence qui permettra à l’étudiant de s’interroge pour trouver une meilleure solution, une nouvelle façon de faire ou de penser un problème, enrichir son univers et son entreprise de son savoir lorsqu’il sera professionnel.
La question de l’évaluation des enseignements a toujours été un sujet sensible et à titre personnel, je m’en suis toujours étonnée mais si je sais que cela change des siècles d’un autre paradigme.
Evaluer les enseignements, ce n’est pas remettre en cause l’enseignant, ce n’est pas placer l’apprenant dans une toute puissance. C’est permettre de savoir si la façon de transmettre les connaissances et compétences a été bonne et n’a laissé aucun apprenant au bord du chemin. L'enseignement n'est plus réservée à une élite qui détient tous les codes pour réussir.
Quant au distanciel, il a été pensé dans l’urgence du covid mais également comme le dit cet article dans une optique d’acquérir aux meilleurs savoirs. Est-il une réponse unique et suffisante, probablement pas. Il doit être ajusté pour apporter une réponse personnalisée à chaque apprenant.
La pédagogie évolue et doit évoluer. Avons-nous toutes les réponses aujourd’hui ? Non, nous ne sommes ni des dieux, ni des divins. Nous essayons, parfois nous nous trompons. Mais se tromper, c’est aussi construire la réponse lorsqu’on ne reste pas dans l’erreur.
La pédagogie a été bouleversée depuis 50 ans et il y a fort à parier que les réponses d’aujourd’hui ne seront plus celle de demain ni celle du futur. C’est cela le challenge de la pédagogie : penser les mutations pour constamment s’adapter.
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