Paraboot dopé par la reprise
Depuis janvier, le fabricant de chaussures français Paraboot peine à répondre à la demande. Avec la relance, même si la pandémie est toujours là, l'entreprise familiale a vu les commandes exploser, tirées par la demande à l'international. « Nous n'avons pas encore retrouvé le niveau de vente d'avant-Covid, mais la reprise est bien là », indique son directeur général, Eric Forestier, nommé en mai 2019. « Leur côté solide, rustique et simple est dans l'air du temps. Nos chaussures collent à l'époque, avec leur côté durable et nos circuits courts », observe-t-il.
Les tiges en cuir proviennent à 80 % des tanneries du luxe français, et les semelles sont en caoutchouc naturel. Un style qui séduit les jeunes Coréens, les Japonais ou encore les Italiens. Après un chiffre d'affaires en hausse de 7 % sur l'exercice 2020-2021 (clos fin août), à 19 millions d'euros, le dirigeant table sur une croissance d' « au moins de 6 % » pour l'exercice en cours. L'entreprise de l'Isère, fondée en 1908, réalise déjà 80 % de ses ventes à l'export, dont 30 % en Asie.
Rajeunissement des clients
Son second marché, après la France, est le Japon. Dans l'Archipel, Paraboot « est dans le Top 3 des marques de chaussures », se réjouit Eric Forestier. « La clientèle en Asie est plus jeune qu'en France, autour de 35 ans, contre plutôt 50 ans dans l'Hexagone », ajoute-t-il.
Mais, pour alimenter ses 1.500 points de vente dans le monde, le fabricant doit repenser son organisation. Car son usine de Saint-Jean-de-Moirans (140 salariés), inaugurée en 2017, est sous tension, faute de main-d'oeuvre suffisante. Elle produit, selon les années, 160.000 paires par an. « Nous avions réduit la voilure pour traverser la crise sanitaire, en ne remplaçant pas immédiatement les départs naturels, liés à la retraite. Depuis juin, nous cherchons à recruter sans succès 14 personnes, dont des créations de postes », indique le directeur général de Paraboot.
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Pas facile, alors que la chaussure nécessite un vrai savoir-faire en couture, pour le cousu « Norvégien » et le « Goodyear ». Des techniques transmises dans l'entreprise depuis l'origine. Seuls 15 % des modèles vendus sont importés d'Italie et d'Espagne, des pays spécialistes, eux, de la couture « Blake » (pour les chaussures bateau notamment). En attendant, afin d'augmenter la productivité, la gestion des flux a été repensée dans l'atelier pour mieux gérer le temps entre les 150 opérations de confection.
Recentrage sur les modèles historiques
De plus, dans une offre qui comporte plus de 500 références, « nous allons recentrer la production sur nos 5 à 6 modèles iconiques, comme la Michael lancée il y a soixante-dix ans, ou la Chambord, sur lesquels nous avons les plus fortes demandes depuis deux ans », explique aussi Eric Forestier. Des produits haut de gamme : il faut compter 390 euros pour la Michael. Cela devrait permettre de libérer des lignes de reproduction pour absorber la croissance.
Ces freins conjoncturels n'empêchent pas Paraboot de faire de nouveaux pas en avant. Les Etats-Unis, où l'entreprise a déjà une filiale qui représente 5 % de ventes, sont sa priorité pour 2022, avec l'objectif de passer la vitesse supérieure. En Asie, la société tricolore continue d'ouvrir une boutique par an, avec des projets à Singapour, Taïwan et en Chine. En France, où le marché est stable, le lancement de son site marchand en octobre 2020 a limité la casse pendant la crise sanitaire. Il a permis de compenser la fermeture de sa trentaine de boutiques (Paris, Lille, Lyon, Rennes…) pendant deux mois et demi, dont celui de novembre, un mois clef pour la saison d'hiver.