Parlons de l'exclusion numérique en France
Avec le plan Action Publique 2022, lancé le 13 octobre 2017, et la volonté de rendre 100% des démarches administratives disponibles en ligne, le gouvernement se heurte à un problème de taille : l’exclusion numérique.
Que représente l'exclusion numérique en France ?
Selon une étude de 2017, 28% de la population française de plus de 18 ans et éloignée numériquement. Parmi ces 28%, 16 sont des non-internautes, ce qui représente 14 millions de personnes.
Selon une étude de l’INSEE datant de 2019, c’est 17% de la population française de plus de 15 ans, qui n’utilise pas internet, soit par défaut de matériel, ou de compétences.
Ces chiffres montrent que depuis le début du plan Action Publique 2022, le taux illectronisme en France, soit l’incapacité à se servir d’internet ou des services numériques, n’a donc pas bougé.
Les populations les plus touchées sont bien-sûr nos seniors : 67% des 75 ans ou plus n’ont pas utilisé internet au cours de l’année 2019, et une personne de plus de 75 ans sur deux n’a pas accès à internet chez elle. Pourtant les 15-29 ans ne sont pas épargnés par l’illectronisme puisque ce sont 3% d’entre eux qui sont concernés. Ce pourcentage s’explique par la corrélation entre l’illectronisme et le manque de diplôme, car 43,9% des personnes sans diplôme ou avec un Certificat d’Etude Primaires qui sont concernés.
Concernant l’équipement internet, 19% des non-équipés déclarent ne pas y trouver d’intérêt, 15% vouloir protéger sa vie privée, et 6% avoir un accès en dehors du domicile.
Les principales causes de l’exclusion numérique sont donc le manque d’accès, le manque de compétences, mais aussi un intérêt et une confiance limitée.
En effet, pour les citoyens français, l’exclusion numérique est l’un des principaux risques de la transformation numérique de l’administration.
Quelles sont les solutions développées par l'Etat pour favoriser l'inclusion numérique ?
Une Stratégie Nationale pour un Numérique Inclusif
Pour pallier le manque d’équipement et de compétence, l’Etat a développé une « stratégie national pour un numérique inclusif ». Cette stratégie a pour objectif de cibler les publics concernés et de les rendre numériquement autonomes en les formant et en leur donnant accès à internet. Ils axent leur stratégie sur trois points :
- Une formation au numérique grâce à un « Pass » de 10 ou 20h de formation, remis aux personnes les plus en difficultés et dispensés par des agents des services publics et des aidants du numériques. Les formations concernent la création d’une adresse mail, la réalisation de démarches administratives, et la recherche d’emploi.
- Des Hubs France Connectés qui auront pour but d’amplifier l’action des aidants numériques dans les territoires. Au programme : 5 millions d’euros engagés par la Banque des territoires pour développer 11 hubs territoriaux. Ces Hubs devraient permettre de mieux coordonner l’action des aidants en associant des acteurs privés, publique et associatifs pour créer de nouvelles offres de médiation numérique. L’intérêt d’avoir des hubs territoriaux est d’adapter les offres en fonction du territoire et des citoyens visés.
- La formation des aidants du numériques. Chargés de former les personnes, et de les accompagner dans leurs démarches lorsqu’ils rencontrent des difficultés, les aidants ont une place très importante dans cette stratégie. Un site "AidantsConnect" ainsi que des plateformes de ressources, sont à leur disposition pour les aider dans leurs missions.
Des lieux d'accueils
Dans la continuité de cette stratégie, l’accueil de proximité est privilégié. Des lieux de médiations numériques sont déployés partout en France. Il s’agit de lieux d'accès public à Internet qui proposent un accompagnement pour l'apprentissage de l’utilisation des outils numériques. Les Maisons de Services au Public (MSAP) proposent également des services publics de proximité avec des accompagnements. La France compte plus de 8000 lieux de médiation numérique et 1340 MSAP.
En plus de ces deux types d’accueil, d’ici 2022, 2000 Maisons France Services (MFS) devraient être implantées partout en France, à raison d’une MFS par canton. Destinées à simplifier l’usage de services publics en regroupant des services de l’Etat, ces structures pourront accueillir les représentant de : La Poste, Pôle Emploi, GRDF, MSA, Ameli, la CAF et l’Assurance Retraite. En février 2020, ce sont 534 premières MFS qui ont ouvert en métropole et dans les territoires d’outre-mer.
« France Services » est donc un label qui atteste de la qualité de ces structures d’accueil. A savoir que l’Etat accompagne les MSAP actuelles, afin qu’elles atteignent le niveau de qualité exigé par le cahier des charges France Services, et qu’elles soient labellisées. Pour autant, d’autres structures existantes peuvent demander à être accompagné dans leur labellisation. Une fois labellisé, la MFS reçoit une subvention annuelle de l’Etat à hauteur de 30K euros. « Les dépenses liées à la formation des agents, à l’animation du réseau et au déploiement des outils informatiques sont également prises en charge. » précise le site cohesion-territoires.gouv.fr.
"Quel que soit l’endroit où on habite, on doit pouvoir rencontrer un des représentants [du service public]", avait déclaré l’ancien premier ministre Edouard Philippe.
L’objectif est donc que chaque français puisse accéder à une MFS en moins de 30 minutes. Sur place, deux personnes formées pourront les accueillir et leur apporter des réponses pour différentes démarches quotidiennes.
Partenariat avec les opérateur français pour la fin des zones blanches
Les zones blanches, sont des lieux qui n’ont pas accès à internet et/ou à un réseau mobile suffisant.
Julien Denormandie, secrétaire d’État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, a rappelé la volonté du Gouvernement en déclarant que « la téléphonie et le numérique sont, à nos yeux, non pas un luxe mais un bien essentiel. ».
En accord avec cette volonté, l’Etat et les opérateurs mobiles Bouygues, Free, Orange et SFR, ont signé le 12 janvier 2018 un accord historique ayant pour mission de généraliser la couverture internet et mobile de qualité, à toute la France. Plusieurs objectifs sont mentionnés, notamment :
- La fin des zones blanches,
- La généralisation de la 4G,
- L’accélération de la couverture mobile dans les axes de transports (comme les TER),
- L’amélioration de la qualité du service mobile avec un réseau suffisant,
- La généralisation de la couverture téléphonique à l’intérieur des bâtiments.
Pour suivre le déploiement des infrastructures et du réseau, un site dédié a été créé : monreseaumobile.fr.