Pas de transformations positives sans enthousiasme
Cette phrase de Xavier Metz du cabinet Wavestone résume bien le ton de la table ronde qu'il a animé hier soir et organisée Intermines : "L'entreprise en mouvement, réussir des transformations positives".
Les intervenants étaient Sylvie Jehanno, PDG de Dalkia (grosse filiale du groupe EDF) et Philippe Silberzahn, professeur chercheur à EMLyon Business School et co-auteur de Stratégie Modèle Mental - Cracker enfin le code des organisations pour les remettre en mouvement.
J'ai vraiment apprécié d'entendre Mme Jehanno parler avec sincérité et transparence des zones non encore défrichées de la transformation en cours dans son organisation. Elle n'a pas hésité à reconnaître et assumer ses limites pour approfondir des sujets comme celui de la culture d'entreprise. Même si "l'ancien monde" et ses rigidités sont encore clairement présents chez Dalkia, cette attitude de sa dirigeante rend optimiste pour le futur de l'organisation.
J'ai aussi écouté avec plaisir le franc parler habituel et rafraîchissant de Philippe Silberzahn. Il a développé une vision de la transformation d'entreprise avec laquelle je me sens tout à fait en phase :
Renouer avec la dimension "organisme vivant" de l'entreprise et par là, trouver une forme d'équilibre dans le mouvement et l'incertitude. Devenir capable, comme le fait la nature quand elle évolue, de lâcher ce qui ne fonctionne pas/plus parce que l'environnement, le contexte a trop changé.
Il a également évoqué la perte de désirabilité des grands groupe face notamment aux start-up et aux TPE et petites PME.
Une personne du public est intervenu pour pointer le déficit d'esprit entrepreneurial à la tête des grandes entreprises françaises contrairement à ce qu'on peut observer aux US ou en Chine par exemple.
Philippe Silberzahn a rebondi sur cette remarque et confirmé une sorte de plafond de verre typiquement français qui fait que la multitude de talentueuses start- up ne donne pas naissance à un nombre significatif de grandes entreprises à rayonnement international.
De mon point de vue, certaines entreprises en grandissant se figent et perdent de leur vie, de leur créativité et du coup de leur désirabilité. D'un lieu enthousiasmant où chacun se sent contribuer à quelque chose qui fait sens, ces entreprises deviennent des lieux de souffrance ou du moins sans plus tellement d'enthousiasme.
Le tissu humain qui les compose s'appauvrit alors (départ des meilleurs talents, faible motivation de ceux qui restent, fatigue générale...), ce qui empêche l'entreprise de dépasser une certaine taille et parfois même cause sa disparition prématurée...
Philippe Silberzahn dans son dernier ouvrage coécrit avec Béatrice Rousset, invite les entreprises à prendre conscience des modèles mentaux individuels et collectifs qui font leur identité : les croyances et valeurs qui leur ont permis d'avancer, qui les énergisent ou les ont jusque là énergisé, mais qui, peut être, ne sont plus efficaces pour continuer d'avancer. Cette prise de conscience permet de visualiser les limites de ces modèles mentaux puis de "jouer avec" selon les propres mots de Philippe Silberzahn afin de remettre en mouvement l'organisation.
J'ai hâte d'approfondir cette approche en lisant Stratégie Modèle Mental et de l'expérimenter avec les PME que j'accompagne dans leur transformation.
Vers la fin de la table ronde, Sylvie Jehanno a eu une phrase inspirante pour chacun d'entre nous et que je reformule ainsi :
Nous avons souvent plus de marges de manœuvre que nous le pensons. Les utiliser pleinement fait déjà une grande différence pour les changements que nous souhaitons accomplir.
Dalkia est une filiale du groupe EDF qui emploi 16 000 personnes dans le monde
Philippe Silberzahn est professeur chercheur à EMLyon Business School. Il a beaucoup étudié les entrepreneurs et ce qui les fait réussir. Il est notamment connu pour son travail sur l'Effectuation. Son dernier ouvrage co-écrit avec Béatrice Rousset sort le 23.05.2019