Pass sanitaire : humbles réflexions d'un député parmi bien d'autres, et destinataire de messages très contradictoires.

Pass sanitaire : humbles réflexions d'un député parmi bien d'autres, et destinataire de messages très contradictoires.

Ce redoutable et interminable virus, qui a causé tant de décès, tant de séquelles physiques et psychologiques, tant d’isolement, tant de renoncement, tant d’activités ou de projets freinés, suspendus, fragilisés ou même définitivement éteints… Oui, ce redoutable et interminable virus continuera toujours à s’épanouir, à muter, à se jouer de nos indispensables mais fragiles barrières, dès lors que nous n’aurons pas atteint une couverture vaccinale suffisante ou que des rassemblements conviviaux de personnes non testées ou non vaccinées se tiendront dans les prochaines semaines. 

Comme beaucoup de mes concitoyens, il me serait insupportable de voir nos commerces, nos lieux de culture, nos bars et restos, nos Universités ou nos écoles, et beaucoup de nos entreprises, baisser leur rideau ou être dans l’impossibilité de les réouvrir durablement. Car moi aussi, malgré une vie sociale plutôt enviable, je n’en peux plus… Pour mes gosses, pour mes potes, pour mes collègues, pour toutes celles et ceux que j’aime ou que je découvre quotidiennement lors de mes rendez-vous, et pour mon pays… Je veux tout faire pour qu’on sorte enfin de là. 

Il est après coup facile de dire qu’il aurait fallu faire mieux ici ou là, que des erreurs ont été commises, que des décisions ont été trop précipitées ou trop tardives. C’est forcément vrai, et même si les procureurs les plus virulents sont souvent aujourd’hui les mêmes qui estimaient sur leur page facebook dès mars 2020 que, « soyez-en certain, il ne s’agit que d’une grippette » (nous révélant au passage des compétences insoupçonnées en épidémiologie). Il est indéniable, sauf à être de mauvaise foi, qu’une telle pandémie mondiale, lorsqu’elle devient réalité (environ une fois par siècle), ne peut être gérée qu’avec beaucoup de travail, beaucoup d’écoute, beaucoup d’humilité et aussi beaucoup de courage, car conduisant à de nombreuses restrictions sévères et impopulaires.

Je suis néanmoins fier que, grâce en grande partie à l’engagement de nos soignants et de nos enseignants, notre pays ait été parmi ceux, et de très loin, qui a le plus ouvert ses écoles, qui a le plus préservé ses emplois et ses compétences, qui a le plus soutenu ses commerces et ses entreprises… tout en portant avec l’Allemagne un plan de relance européen inédit et fédérateur dans son financement et son ambition, tout en favorisant des programmes de rénovation thermique de bâtiments publics théorisés depuis des décennies mais jamais réalisés, et tout en obtenant enfin un impôt minimum mondial pour les grandes entreprises…

A ma petite échelle, sur tous ces travaux dont la commission des finances de l'Assemblée Nationale a été saisie et dans laquelle je siège, vous avez été nombreux, au plus près du terrain, à me relayer vos analyses et vos vécus. Et ce fut précieux.

Tout cela a été très dur, très compliqué, surtout pour celles et ceux qui devaient prendre des décisions avec des données partielles et évoluant chaque jour. Tout cela a été source de nombreuses outrances stériles, insultes inutiles, menaces désolantes (et j’en ai été victime, bien que m’évertuant à toujours accueillir avec intérêt toute parole opposante et à ne jamais répondre à la moindre forme d’agressivité). 

Donc oui, en conscience, voulant enfin revivre pleinement et au plus vite, avec l’authenticité et l’humilité que j’ai toujours eu pour guides, et comme toujours en toute liberté, je préfère nettement les évidentes contraintes temporaires d’un pass sanitaire que ce risque insupportable qui me terrifie, et que tant de mes concitoyens m’implorent de contrer à tout prix, d’un nouvel isolement, d’un nouveau confinement.

Nous pouvons vraiment éviter cette insupportable issue. 

Je respecte celles et ceux qui ont davantage peur du vaccin que de ce terrible virus (même si, évidemment, ma peur était inverse et a disparu depuis ma vaccination et celle de mes proches).

C’est la raison pour laquelle, à ce stade de mes petites connaissances et sur un plan quasi-philosophique, je suis pour le pass sanitaire mais contre l’obligation vaccinale pour tous (dès lors bien sûr que, ne souhaitant pas se soumettre au vaccin, ces hésitants ou réfractaires renoncent à exercer un métier en lien avec des personnes vulnérables, malades ou âgées, ou renoncent lorsqu’ils ne sont pas testés ou vaccinés, et jusqu’à ce que l’immunité collective soit atteinte, à fréquenter certains lieux, notamment de convivialité).

Il n’y a pas de temps à perdre, vraiment pas, tant la dernière mutation du virus déjoue toutes les prévisions les plus alarmistes de contagiosité et laisse penser qu’en quelques semaines, il touchera à une vitesse inédite un nombre effrayant de nos concitoyens (et le Calvados, comme nous le décrivait lundi le Préfet, est loin d’être le département le moins épargné..). 

Certes, une grande majorité de celles et ceux qui seront touchés, y compris parmi les non vaccinés, ne développeront pas pour eux-mêmes de symptômes qui les affecteront dans la durée. Mais ils favoriseront, et de manière au moins décuplée par rapport aux personnes vaccinées (à comportement à peu près équivalent), une propagation du virus qui mettra à nouveau à dure épreuve nos soignants et qui, potentiellement, permettra une nouvelle mutation du virus, dont nous aurons à nouveau tout à apprendre et tout à craindre.

Pour finir, dans ce débat auquel je participe aujourd’hui et ayant sans doute vocation à occuper une partie de la nuit à l’Assemblée, je suis toujours étonné qu’un tel sujet puisse faire l’objet de tant d’exploitations politiciennes. Lorsque j’entends, de la part des oppositions et pratiquement simultanément, qu’il fallait prendre ces mesures bien avant puis quelques minutes plus tard qu’il fallait ne surtout pas se précipiter.. Lorsque j’entends des députés estimant le pass sanitaire trop contraignant mais proposant la vaccination obligatoire pour tous.. Lorsque j’entends une députée qu’on ne voit jamais, ni en commission, ni dans l’hémicycle (une dénommée Le Pen), qui évoque l’importance du contrôle du gouvernement par le Parlement… Elle a raison, elle devrait pour cela venir plus souvent…

Éradiquons enfin ce virus (pour la démagogie, l’éradication prendra sans doute plus de temps). 


Vaccinons nous massivement pour enfin revivre.

P - G FONTAINE

Dirigeant de 2SN éditeur de Wintruck : TMS pour transporteurs et affréteurs

3 ans

Peu expliquent la situation aussi clairement. Merci Fabrice

Yves Souquieres

MCS chez Service de Santé des Armées (SSA)

3 ans

Soutien fabrice

Raphaèle Saint-Paul Challier

Secrétaire Générale chez Mercator Group

3 ans

Partage total.

Florence D.

Directrice d'établissement pour personnes âgées dependantes

3 ans

En tous les cas félicitations pour tout se travail et cette implication sincère.

Emmanuelle HUET-MIGNATON

Présidente bénévole de l'association AMAVEA méningiomes et progestatifs, agréée par le Ministère de la Santé

3 ans

Soutien total

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