Passer de patron à coopérateur puis leader en Holacracy
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Passer de patron à coopérateur puis leader en Holacracy

J’ai construit une entreprise en étant mu par une envie de lâcher du pouvoir. Je partage ici cet itinéraire, mes inspirations, pour expliquer quel est le sens profond de mon travail.

Créateur et patron

Je crée en 2008 une entreprise avec la volonté de gagner ma liberté et mon autonomie, à la faveur d’un plan de licenciement économique en pleine crise des subprimes. Pas de business plan, pas de crédit, 2000 € de mise initiale et une intuition farouche que ce sera un moyen de faire ma part dans la transformation du monde. La dimension politique de l’acte entrepreneurial sera la teinte déterminante de toute la suite.

C’est la constitution d’une équipe qui éveille en moi la détermination à trouver des modes d’organisation en phase avec mon attachement profond à la primauté de la liberté des personnes.

Mon environnement social me renvoie l’image du patron ! Je suis factuellement détenteur d’un pouvoir fort dans l’entreprise, augmenté du fait que j’en suis le propriétaire. Les salariés me renvoient régulièrement ce clivage employeur-employé comme un paradigme indépassable des relations dans le travail.

L’étymologie du mot patron décrit un rôle qui protège. Je ne pense pas qu’un rôle de protection soit toujours émancipateur, mais il pourrait l’être. Je vois mon rôle de patron comme le protecteur d’un cadre sécurisé de travail et de relations interpersonnelles dans l’entreprise.

Montessori comme inspiration managériale

Mon fils suit sa scolarité dans une école Montessori. Je trouve dans cette pédagogie une source d’inspiration cohérente avec la posture que je souhaite incarner avec mon équipe.

Dans une école Montessori, l’enfant est le centre de ses apprentissages, il décide de ses activités, prend ses décisions, fait ses erreurs et en apprend. Dans la classe Montessori, l’adulte présent porte un rôle de facilitateur. Il a pour raison d’être de faire en sorte que l’environnement des enfants soit le plus favorable possible à leurs travaux, à leur apprentissage et à leur évolution. Le mot travail est réhabilité comme une activité émancipatrice, libératrice et un moyen de réalisation de soi.

J’installe pas à pas ces principes dans mon entreprise en positionnant mon leadership dans une posture basse de facilitation plus que de chef. J’explicite avec les salariés la liberté dont ils sont détenteurs. Je cherche à faire émerger un environnement de travail favorable à la prise de risques et d’initiative, en responsabilité. Le manifeste Agile et ses grands principes exprimés sous forme d’heuristiques sont des lignes fortes de nos pratiques d’équipe et d’organisation. Plutôt que de décrire ce que j’ai mis en place, je vous invite à lire les autres chapitres de ce livre écrits par les personnes qui ont vécu ce cadre de travail !

Je vis ma première décennie en tant que dirigeant de l’entreprise porté par une raison d’être qui est de permettre l’expression du plus grand potentiel des individus qui composent l’entreprise.

Leader coopérateur

Nous sommes en 2017. Je sens qu’une étape forte reste à franchir pour entrer dans une vraie cohérence entre nos pratiques de travail et la distribution de l’autorité. A ce moment-là, j’ai l’intuition que c’est à moi de faire un pas, d’ouvrir la voie d’une transition profonde de l’entreprise. Cette voie sera pour moi celle de renoncer au pouvoir par la propriété.

La décision de proposer une transformation de l’entreprise en SCOP est un acte important de ma vie d’entrepreneur. C’est un moment symbolique dans lequel une simple phrase marque un point de non retour sur la trajectoire d’une plus grande répartition du pouvoir.

C’est un moment où en tant que propriétaire et dirigeant de l’objet entreprise, je propose à mes salariés de franchir ce point de bascule vers une relation partenariale d’associés. C’est une bascule car c’est un moment de renversement du paradigme d’organisation de l’entreprise. Avant, mes salariés sont mes subordonnés, après, c’est moi qui devient le leur. La SCOP élit son ou sa dirigeante mais pas ses salariés !

Le fait que le dirigeant d’une SCOP tire sa légitimité d’un vote en assemblée générale, où chaque salarié détient une voix indépendamment du capital détenu, donne une légitimité sans équivalent à ce rôle.

Après 9 mois de gestation, nous mettons au monde une coopérative qui reprend l’activité de l’entreprise que j’avais créée 9 ans plus tôt. Nous accélérons la transition de notre organisation vers un espace de réalisation de soi pour tous ses membres. C’est à ce moment là que nous opérons la deuxième bascule déterminante de notre transition : l’adoption de la Constitution Holacracy 4.1 comme règle du jeu pour toutes les décisions prises dans l’entreprise.

Leader en holarchie

C’est la première fois que je me sens davantage dans un rôle de leadership que de dirigeant. En adoptant Holacracy, deux actes structurants sont posés : je lâche une part supplémentaire de mon autorité, et le rôle de leader que j’occupe est écrit et explicité collectivement.

Signer la constitution Holacracy pour notre entreprise, cela signifie un niveau d’intégration supplémentaire dans cette marche vers un pouvoir mieux distribué et organisé.

C’est un vrai cap dans le changement culturel de l’entreprise.

Il y a quelque chose de libérateur dans le fait de lâcher en pleine conscience un pouvoir dont on est le détenteur. Libérateur, car ...

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Charline Rageade

Scrum master, Agile Coach, Facilitator, Team Manager | Agilibriste & Ecologeek 🌿

2 ans

Merci Aliocha Iordanoff pour ce récit très inspirant et rassurant ! J'espère qu'il encouragera les personnes dans le doute à faire le premier pas !

Stéphane ROBERT 🚀

Viseeon Annecy - Expert-comptable - Accélérateur de performance Créateur et Promoteur du mandat de gestion future @ Aravis Patrimoine

2 ans

Je suis très inspiré par votre parcours. La Scop n'est malheureusement pas possible en cabinet d'expertise comptable pour des raisons réglementaires, mais j'essaie de diriger au mieux mon entreprise avec les principes de liberté et de participation au décisions, dans le cadre d'une vision entrepreneuriale qui dépasse le socle de notre activité. Vous faites référence à Montessori comme modèle. J'en connais un qui est encore plus fort et se rapproche de l'holacracy, il s'agit du scoutisme. Chaque individu s'inscrit dans un projet de développement personnel dans un cadre de décisions collectives et chacun prend un rôle dans l'organisation (équipe ou groupe). Les rôles tournent pour que chacun puisse apprendre et se faire sa propre expérience. Le but du scoutisme étant de faire de chacun des citoyens heureux, actifs et utiles, artisans de paix. Ma fille a également été scolarisée dans une école Montessori. Je visualise bien en quoi ces 2 écoles (Montessori et le scoutisme) peuvent inspirer un entrepreneur qui n'est pas attaché au pouvoir mais au développement d'un projet porteur de sens pour chacun de ses acteurs.

✨ Sophie SOM

✨ Fondatrice Dirigeante ✨ J’accompagne les dirigeant.es hypersensibles à faire de leur sensibilité un levier d’innovation et de croissance 📈

2 ans

Bravo, une aventure inspirante ! Merci pour ce partage 🙏

Juliette Brunerie

DG - Des organisations plus matures avec l'Holacratie - Coach certifiée Holacratie

2 ans

Matthieu Stefani Maxime Bontemps un profil qui pourrait vous intéresser ?

Bravo et merci pour ce beau témoignage

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