Pendant le confinement, les progrès continuent
Pour que le monde d'après soit différent du monde d'avant, il faut des atouts et des leviers sur lesquels s'appuyer. La bonne volonté et les bonnes résolutions ne suffisent pas, il s'en faut. Elles peuvent même être contre productives si les actes ne suivent pas, en laissant la place au découragement et au fatalisme. Parmi les atouts, il y a les énergies renouvelables. Pendant le confinement, les progrès continuent. Selon une étude récente de BloombergNEF citée par L'ACTU PV du 7 mai dernier, "les énergies solaire et éolienne ont enregistré des gains spectaculaires de compétitivité au cours des six derniers mois au point d’être désormais les technologies de production d’électricité les moins chères pour les deux tiers de la population mondiale". Un progrès de 4% par rapport au second semestre 2019 . En Chine, premier marché solaire mondial, le cout de production du solaire photovoltaïque s'approche du coût moyen de production des centrales électriques au charbon. L'écart est à présent inférieur à 10%. Les progrès considérables sur les matériaux expliquent cette tendance, qui devrait se prolonger. Une baisse du prix du solaire de 40% d'ici 2030 est attendue. On notera notamment que de nouvelles cellules de forte productivité sont en cours de développement en Europe, qui pourrait ainsi reprendre la main sur ce marché si le secteur est soutenu. La baisse du prix du pétrole pourrait laisser croire que les énergies renouvelables sont en perte de vitesse, mais le phénomène est conjoncturel et n'est pas éternel, alors que la hausse de la productivité des énergies renouvelables est inscrite dans la durée. Il est même possible de croire que les pétroles "non conventionnels", de schiste ou de sables bitumineux, seront durement impactés par les "yoyos" du cours du pétrole, ce qui est plutôt favorable à des énergies locales et renouvelables. Les grands groupes pétroliers ont malgré tout du mal à intégrer cette nouvelle donne. Plusieurs actionnaires de Total ont fait une proposition pour l'Assemblée générale du groupe, pour demander à ce qu'il se mette en ordre de marche pour respecter les accords de Paris sur la climat. Les dirigeants du groupe se cantonnent aux responsabilités de l'entreprise sur son propre fonctionnement, et refusent d'intégrer les conséquences de l'usage des produits qu'elle vend. OK pour acheter ou produire de l'électricité verte pour alimenter les puits de pétrole, mais pas d'accord pour assurer la responsabilité de la vente du pétrole. Chacun appréciera l'argument. La crise sanitaire est loin d'avoir convaincu toutes les entreprises de la nécessité du changement de cap. Les résistances restent fortes, et le besoin d'une reprise rapide pèsera lourd dans la balance. A la différence de ce qui se passe à l'issue d'une guerre militaire et non sanitaire, l'appareil de production est intact pour l'essentiel, et ne demande qu'à repartir comme avant. Nous sommes loin d'une reconstruction, qui offre effectivement des marges de manœuvre considérables. Il faut donc des arguments solides pour engager le mouvement vers le nouveau monde, offrir des perspectives réellement attractives et non se contenter d'appels à la bonne volonté ou de condamnations faciles d'un système à bout de souffle.