Petit, petit, petit (article publié par le Times of Israel du 27 juillet 2021)
Les principaux membres du 36e gouvernement à venir, de gauche à droite et de haut en bas : Naftali Bennett, Yair Lapid, Benny Gantz, Ayelet Shaked, Gideon Saar, Avigdor Liberman, Omer Barlev, Merav Michaeli, Nitzan Horowitz, Chili Tropper, Yifat Shas

Petit, petit, petit (article publié par le Times of Israel du 27 juillet 2021)

« Petit, petit, petit, tout est mini dans notre vie … ». Il y a bien longtemps, Jacques Lanzmann offrait à Jacques Dutronc les paroles de l’une de ses meilleures chansons. Il ne se doutait pas que sur la terre de ses ancêtres, on pourrait en dire parfois autant de la vie politique. On ne fera pas au gouvernement un mauvais procès. Depuis six semaines, il fait face héroïquement à une opposition bête et méchante qui multiplie insultes et coups bas. Mais les nouveaux dirigeants du pays montrent des signes de faiblesse et cèdent à la facilité. Par exemple, sur la composition du gouvernement qui n’est pas petit, petit, petit, mais grand, grand, grand : 34 ministres et ministres adjoints (on n’est jamais certain du nombre car cela change tous les jours). Nous sommes certes encore loin du compte du gouvernement précédent qui avait battu tous les records avec 42 membres. Comme son prédécesseur, Naftali Bennett achète la paix gouvernementale en multipliant les postes pour calmer les velléités de dissidence. Les derniers en date à avoir rejoint l’équipe sont Elie Avidar, au terme d’une crise d’adolescence politique, et Yaïr Golan que l’on avait connu mieux inspiré. Le prochain sur la liste sera peut-être un élu islamiste, le parti Ra’am cherchant à calmer sa base en déclarant qu’il pourrait faire « capoter l’affaire » si les destructions d’installations illégales ne cessent pas dans les localités bédouines. Pour mémoire, on rappellera qu’en France, avec une population sept fois plus importante qu’en Israël, le gouvernement Castex comptait lors de sa formation 42 membres. Et la France n’est pas un modèle de gestion publique. Le bon exemple vient plutôt d’Allemagne où le gouvernement Merkel IV compte 16 ministres y compris la Chancellière. L’inflation ministérielle emporte l’inflation des dépenses publiques : un ministre coûte au contribuable 5 millions de shekels par an, un ministre adjoint 3 millions, un député 2 millions. Aux termes de la « loi norvégienne », un ministre peut désormais démissionner de la Knesset pour laisser la place au suivant sur la liste de son parti. Le principe de la loi n’est pas en cause. Un ministre doit se consacrer à temps plein à son ministère … lorsque celui-ci a une utilité. Ce qui est loin d’être le cas pour les nouveaux qui sont ministre auprès d’un autre ministre. Comprenne qui pourra. Le public lui ne comprend pas, et c’est bien normal : on ne revalorise pas la politique en multipliant avantages et prébendes, et les promoteurs de la coalition du changement s’étaient engagés à rompre avec la mal-gouvernance. Jacques Lanzmann et Jacques Dutronc nous amusaient bien. A certains égards, l’inflation ministérielle peut aussi prêter à rire. Cela évite de pleurer.

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