Plaidoyer pour la compassion féroce

Plaidoyer pour la compassion féroce

Oxford, Angleterre– La «compassion féroce», c’est le thème de la 13e édition du Skoll World Forum on Social Entrepreneurship. Cet événement est une initiative de la Fondation Skoll, démarrée par le Canadien Jeff Skoll.

Qui est le fondateur du Skoll World Forum?

Sa fondation a été financée à partir du pécule tiré de la vente de ses actions d'eBay(Nasdaq, EBAY), dont il fut le premier pdg. Selon Forbes, la fortune personnelle de Jeff Skoll s'élève à 4,4 G $US. Il a choisi de la mettre au service du changement social. Il a aussi démarré une société de production cinématographique, Participant Media, dont les créations contribuent, elles aussi, au changement social.

Évidemment, Jeff Skoll a des amis célèbres, dont Elon Musk, monsieur Tesla. En 2002, la société de Jeff, eBay, achète la société d'Elon, PayPal. Au moment de la vente, Jeff demande à Elon:

-Quel est ton plan pour la suite des choses?

-Je vais lancer des fusées et coloniser Mars. (Elon Musk a fondé SpaceX)

-OK, moi je vais me débrouiller pour qu'il reste de humains sur Terre pour coloniser Mars.

Quelques années plus tard, Jeff revoit Elon et lui dit...

-Pourrais-tu te dépêcher pour réaliser ton plan, ma mission s'avère drôlement exigeante...

Qu'est-ce que la compassion féroce?

Après leur avoir parlé d'ambition et d'impact au cours des éditions précédentes, les organisateurs mettent les entrepreneurs sociaux au défi de faire preuve de «compassion féroce». Pourquoi?

La compassion toute seule ne mène pas nécessairement bien loin.

On peut ressentir la souffrance de l’autre, en être touché, mais passe-t-on pour autant à l’action? Et quand on n’est que dans l’action, que l’on s’y jette férocement, ne risque-t-on pas de provoquer des dommages collatéraux? Prenons le dossier des changements climatiques. Notre impatience de passer à un monde sans énergie fossile entraînera des dommages énormes pour les employés de ce secteur, nous a rappelé Mary Robinson, une femme remarquable qui fut la première présidente de l’Irlande, puis Haut-Commissaire aux Nations-unies aux droits de l’homme. «Il faut faire preuve de compassion envers eux.»

Le concept de «compassion féroce» a quelque chose d’attirant. Pour Stephan Chambers, qui a dirigé le programme de MBA à la Saïd Business School d'Oxford et qui est aujourd'hui président du Skoll Centre for Social Entrepreneurship, cela signifie migrer de «je m’oppose» à «je propose».

C’est la capacité à ressentir, à refuser et à agir. La férocité se manifeste à travers l’action, mais aussi dans la puissance de cette action. Al Gore, qui fut conférencier cet après-midi, le résume ainsi: «c’est le oui que l’on obtient après le non définitif». J’aime. Le «oui», qui vient quand tout le monde nous a dit que c’était impossible. Le «oui» que l’on obtient à l’arraché. Le «oui» qui ramène vers notre projet les sceptiques de la première heure.

L’événement auquel j’assiste s’adresse aux entrepreneurs sociaux et à ceux qui travaillent avec eux. Mais je ne crois pas que le concept de compassion féroce, lui, ne s’adresse qu’aux entrepreneurs sociaux. Le monde pourrait certainement gagner à ce que:

-nous fassions preuve de plus de compassion

-que celle-ci dure plus que quelques minutes

-qu’elle nous pousse à poser un geste, si petit soit-il, lié à la situation qui nous touche.

Cette réflexion s’adresse à vous. Mais je la dirige aussi vers moi.

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