Plan de relance et nucléaire : un signe fort mais des mesures insuffisantes
Le plan de relance annoncé par le Gouvernement la semaine dernière a pour ambition de poser les bases de la relance économique de notre pays et d’investir pour l’avenir. Pourtant, en matière énergétique, le compte n’y est pas.
J’aurai l’occasion de revenir sur les perspectives ouvertes par la filière hydrogène mais attardons-nous d’abord sur la place du nucléaire dans le plan.
Commençons par un point positif : l’inscription du soutien à la filière nucléaire dans le volet écologique du Plan. C’est un signe fort, car il reconnaît le rôle indispensable du nucléaire dans le maintien et le développement d’une production d’énergie décarbonée qui permet à la France de bénéficier d’une électricité abondante, à prix avantageux, tout en contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique.
C’est une réelle avancée par rapport aux positions restrictives de la Commission européenne qui a refusé d’intégrer le nucléaire dans les énergies vertes à promouvoir dans les années à venir.
Malheureusement, cette reconnaissance ne se retrouve pas dans les investissements prévus dans le Plan. Les 470 millions d’euros consacrés à la filière ne sont pas à la hauteur des enjeux. Evidemment, personne ne critiquera le soutien aux initiatives de formation et d’excellence à certains métiers fondamentaux de la filière, ni celui apporté à la R&D. L’accent mis sur le développement de réacteurs modulaires de petites taille (SMR) est plus contestable. C’est une technologie intéressante, notamment pour des pays encore non-nucléarisés, mais relancer pratiquement ex nihilo une nouvelle filière est complexe, long et contre-productif pour un pays comme la France qui possède déjà un parc nucléaire mature.
Le réalisme devrait plutôt conduire les décideurs à lancer des commandes de grande ampleur d’EPR de nouvelle génération. L’urgence est là. Développer un réacteur demande 5 ans d’études, puis de 5 à 10 ans de construction et de mise en service.
C’est pourquoi on ne peut pas repousser indéfiniment ces décisions. Sinon, on prend le risque de sortir du nucléaire sans le dire, sans le vouloir vraiment.
Rappelons-le, la France ne pourra pas jouer son rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique sans le nucléaire. C’est grâce au nucléaire que la production d’électricité en France -qui représente ¼ de la demande d’énergie totale- se fait presque sans énergie fossile, assurée à 77% par le nucléaire, à 11% par l’hydraulique et à 6% par les renouvelables.
Le plan de relance aurait pu être une belle occasion de rompre avec le blocage du débat sur le sujet. Ce n’est pas le cas. Espérons que les mois à venir permettront d’avancer. Le temps presse.
A project manager at retirement, still curious about the world around him, by trying to do small actions on its own scale so that the planet remains in the next future a liveable place,... but is not easy.
4 ansDans la cogénération nucléaire/hydrogène nous manquons en France d'ambition. Où se trouve la filière des réacteurs à très hautes températures (VHTR) pouvant produire de l'électricité et de l'hydrogène décarbonés ?
Chargé d'études Contrôle-commande / Automation Engineer
4 ansAu-delà des montants c'est surtout la décision politique et aussi peut-être juridique qui plombe la sécurisation de la production d'électricité en France. Par ailleurs je pense qu'il faut arrêter de courir après les subventions étatiques pour tout et n'importe quoi. EDF n'est pas le seul capable de construire/exploiter des CNPE. La situation financière de cette entreprise ne lui permet pas d'envisager un programme nucléaire ne serait-ce que de la moitié du parc existant. Peut-être là aussi faudrait-il casser quelques dogmes et ouvrir le champ des possibles ?
DAF - Directeur administratif et financier | Industrie - BTP - Energie
4 ans100% d'accord.