Planter les choux qui accouchent de l'avenir
Si un mot s’impose comme paradigme de gouvernance et des nouvelles organisations du vivre-ensemble, la résilience, celui-ci ne fonctionne pas tout seul. La résilience s’accompagne d’une autre notion-clé, l’autonomie – des territoires, des communautés locales, etc., l’enjeu étant à la réarticulation territorial-national, local-global et à la détermination des échelles d’organisations pertinentes et leurs imbrications.
Or, ni l’autonomie ni la résilience ne peuvent se concevoir sans un niveau de participation, d’engagement des parties-prenantes. Cela se comprend plus facilement si l’on définit l’engagement comme une forme de responsabilité – celle qu’une personne a tout à la fois en prenant sa vie en main et en agissant en responsabilité vis-à-vis des autres. Cette responsabilité est bien un pouvoir – résultat d’une « encapacitation » (empowerment).
Sous cet angle, l’autonomie, ce n’est jamais être tout seul. A l’échelle collective, c’est une forme de la relation de soi aux autres, de soi au monde. Car il n’est pas de définition de l’autonomie qui ne soit pas le produit d’une culture donnée. Autrement dit, mon indépendance autonome désirée, voulue est aussi le résultat d’une culture, d’un contexte qui le décide pour moi. A l’échelle individuelle, l’autonomie ne sera possible que si les moyens m’en sont donnés – de sorte que, encore une fois, l’autonomie est bien un choix collectif qui s’organise collectivement. Enfin, une troisième notion, née du téléscopage libertarien et communaliste – celle de la sécurité. Comment m’assurer que les voisins affamés ne viennent pas voler les choux que je plante en toute quiétude ? Le vol de légumes chez les maraîchers n’est pas une hypothèse de travail, il existe déjà. Mais bien sûr, la « sécurité », ce n'est pas nécessairement l'armée dans les casernes prête à bondir ou les contrôles de la police – c'est aussi (et encore) la solidarité, des revenus assurés pour tous, une justice sociale, etc.
Ainsi, la crise sanitaire, « petite crise » enchâssée dans une crise de civilisation plus grande, est bien l’occasion d’exacerber les imaginaires que régissent nos peurs et nos rêves. On se demande alors lequel du rêve ou de la peur doit commander l’avenir. Une démocratie plus locale, solidaire, plus simple et frugale, chère aux communautés alternatives [plus ou moins] autosuffisantes – ou un grand marché technolibéral où « l’homme est un loup pour l’homme », qui conduit au rêve libertarien survivaliste ? Le rêve de l’un devient réaliste en prenant conscience de la peur de l’autre – et la peur de l’autre se décrispe à proportion qu’elle perd sa raison d’être. Ne nous reste qu'à faire les bons choux.
Oui Melissa - tout est affaire de choux ! You understand I couldn't write in English this time ;)
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4 ansFaire des bons choux ou des bons choix 😉?