Plus d’Europe!
2019 ressemble de plus en plus pour l’Union Européenne comme l’année de tous les dangers. La Grande-Bretagne ne se sort pas de sa gestion du Brexit et les élections européennes à venir donnent à penser que ce sont les nationalistes en tout genre qui seront les gagnants, paralysant de facto les institutions européennes. Pourtant, nous n’avons jamais eu autant besoin d’Europe.
Sur la question écologique, seule une réponse européenne fait sens. C’est parce que nous adopterons collectivement des mesures fortes pour diviser considérablement nos émissions de gaz à effet de serre, que nous entreprendrons de protéger globalement la biodiversité chez nous mais en étant aussi vigilant sur nos importations, que nous limiterons drastiquement le risque climatique et la pollution. C’est aussi initier à une échelle crédible un véritable projet global de restauration de notre éco-système en partenariat avec les pays émergents, la Chine, l’Inde.
Économiquement, nous avons à notre actif de belles réussites européennes. Mais elles sont menacées par la politique commerciale et juridique agressive des États-Unis. L’affaire Alstom et la cession à General Electric de sa branche énergie est une illustration de cette possibilité offerte aux grands groupes nord-américains de mettre la main ou de faire payer des indemnités faramineuses à nos entreprises en appliquant leur cause d’extra-territorialité. C’est maintenant Airbus qui est prises au piège. Quant au GAFA, ils sont omniprésents sans payer, ou presque, d’impôts sur les sociétés alors que nous sommes un de leur principaux marchés. Où est l’Europe dans ce combat?
L’Union Européenne est fragile, mal aimée par nos concitoyens qui, suivant les mots de beaucoup trop de politiciens, en font un bouc-émissaire facile et injustifié. Combien de lois européennes transcrites en droit français nous ont protégés? Des centaines. De la protection de l’air à la cours de justice européenne, nous devrions rendre hommage à cette institution supra-nationale qui a su, maintes fois, protéger ses citoyens. Et pourtant, nous ne votons pas pour un parlement lointain qui fait notre quotidien.
L’Europe a grandi trop vite. Elle est devenue à 27 une institution lourde où la règle de l’unanimité gène toute avancée. Le choix qui fut fait d’intégrer les anciens pays du bloc communiste, à l’exception de la Russie, pourtant bien européenne, a été une erreur. Nous voilà maintenant avec une Hongrie anti-démocratique et une Pologne réactionnaire avec lesquelles il faut composer sans cesse. Il en est ainsi et penser un instant que l’Union Européenne bougera relève de l’illusion. Et pourtant, elle doit bouger, exister, à part égale avec les États-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie. Le premier marché mondial et la première puissance économique ne peuvent plus être ce qu’ils sont aujourd’hui.
L’Europe se replie, hantée par ses vieux démons nationalistes et xénophobes. Elle laisse mourir en mer des femmes, des enfants, des hommes, laisse errer de port en port des réfugiés, abandonnant sa dignité et ses valeurs à quelques minorités bruyantes. Cette Europe née du pire, la guerre et le nazisme, pour construire le meilleur, ne plus jamais connaître l’horreur, sacrifie maintenant le socle de son union initiale. L’Europe des Lumières meurent en Méditerranée ou dans les camps de Calais, derrière les barbelés d’Orban.
Nous pourrions nous résigner, penser qu’il est trop tard, que le mal est fait. Que le Brexit débouchera une crise majeure, que les élections à venir nous donneront un parlement paralysé où l’extrême droite pilotée par Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, détruira ce qui a été si patiemment construit. Est-ce cela être pro-européen? Se cacher et pleurer ce qui fut un si beau projet qui offrit aux européens soixante-dix années de paix sur le continent après des siècles de guerres?
Einstein disait: « Inventer, c’est penser à côté ». Alors pensons un instant à côté de l’Union Européenne, un autre projet européen. Imaginons que les pays fondateurs de la CEE, en y ajoutant l’Espagne, le Portugal, la Suède et, symboliquement, la Grèce qui fut à l’origine de notre pensée, ne soient plus qu’une seule et même confédération: La Confédération Écologique Européenne. Imaginons que nous cassions les frontières nées des guerres passées pour un seul pays où le Nord de la France et la Wallonie serait une seule région, la Catalogne un tout de part et d’autre des Pyrénées, tout comme le Pays Basque. Une confédération où les frontières ne seraient pas le souvenir de conflits passés mais une même volonté de vivre ensemble?
Cette CEE aurait une capitale, Strasbourg. Tout y est, le Parlement est déjà construit. Bruxelles demeurant la capitale de l’Union Européenne dont la CEE serait membre à part entière. Cette confédération se doterait d’une fiscalité harmonisée, d’un droit social cohérent. Elle aurait un vrai projet de transition écologique, planifié, organisé et dont les implications locales seront validées localement. Une armée commune, une diplomatie unique pour parler d’une seule voix au sein de l’UE mais aussi à l’extérieur. Un pays crédible possédant une culture commune. Vous me direz, il nous manque une langue. Est-ce un problème pour le Suisse qui en a quatre? Et si vous tenez vraiment à une langue véhiculaire au sein de l’Europe, optons pour le grec. C’était la langue de Socrate et elle est toujours vivante aujourd’hui.
Nous pouvons accepter avec résignation le cynisme de quelques uns et voir l’Europe mourir sous nos yeux, en attendant les catastrophes climatiques. Est-ce cela le réalisme, Attendre la mort comme un vieillard au soir de sa vie en se souvenant de la paix qui régna ici de 1945 à aujourd’hui? Devons-nous oublier que l’Europe fut une belle idée, une utopie chez Zweig, une réalité maintenant avec des millions d’étudiants Erasmus la parcourant dans un incroyable échange de savoirs?
L’Union Européenne a ses erreurs. De l’entrée des pays de l’Est trop rapide au référendum constitutionnel rejeté puis imposé. Mais l’idée d’Europe, le désir de paix sont aujourd’hui toujours aussi vifs. Ce n’est pas que l’Union Européenne que nous devons sauver mais bien la plus belle idée humaniste qui fut: Un ensemble géographique uni non par la guerre, la conquête, mais par la seule envie de vivre ensemble: L’Europe est le seul territoire né d’une la volonté de paix dans l’histoire de l’espèce humaine. Alors pourquoi ne pas poursuivre cette idée qui vit depuis maintenant trois génération en la réinventant, plus écologique, plus démocratique et solidaire?
Retraitée
5 ansLorsque les Borgia de la V eme république rencontrent Janus, ils donneront naissance à Charybde et Sylla, espérons que Calipso n’est pas loin pour sauver Europe, de cette tempête dévastatrice dont personne ne sortira indemne.
Président chez C.R.E.O.M.
5 ansLors de la mandature précédente, nos représentants se sont donné pour chef l'ancien premier ministre du Luxembourg, lequel avait présidé à la politique de ce pays lorsqu'il s'est transformé en pays d'accueil des entreprises française en recherche d'optimisation fiscale. Question : donnerons nous à ces élus une deuxième occasion de refaire le même genre de choix ?
Commercial chez Orange Business Services
5 ansIl s'agit d'un article dogmatique, très loin des réalités politiques et économiques. L'UE, c'est surtout 28 pays sur 193 qui se sont ligotés ensemble et qui peinent à avancer de concert. Et ne parlons pas de l'Euro qui a ruiné l'économie des pays d'Europe du sud...
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5 ansOui à cette sorte de fédéralisme partiel et restreint et vite. Mais par pitié, pas le Grec comme langue commune, alors que l'Anglais est majoritairement enseigné comme seconde langue et tant pis pour le brexit (s'il a lieu?) .