Point de vue divergent ...
Le point de vue d’un responsable d’une filière BTS informatique sur les besoins et l'offre de formation aux métiers du numérique (IGEN-IGAENR-CGEIET-IGAS).
Le rapport en question (février 2016)
Dans un long préambule, le rapport tente de faire comprendre au lecteur qu’il est difficile de faire rentrer dans des cases (identifiées) tous les métiers générés par le numérique. Cela n’est pas rassurant pour les auteurs du document. Le numérique en perpétuelle évolution ne permet pas cette identification. Pire un métier peut très bien disparaître rapidement, et réapparaître dans une autre classification. Connaissant la vitesse d’adaptation de l’administration, c’est clair que le numérique va trop vite. Seules seize fiches métiers correspondent au terme « numérique » : retouch(eur)euse de photos numériques, grav(eur)euse sur machine numérique, soit l’âge de pierre. Bonjour les fiches au CIO pour orienter votre enfant …
Il semble nécessaire de se donner les moyens statistiques de suivre le secteur stratégique du numérique en terme de métiers, d’emplois, et de formations. Très bien, mais les statistiques, c’est le passé, voir ce qui s’est passé, ce n’est pas voir ce qui va venir. La prospective serait-elle absente dans l’éducation ? Mieux vaut travailler sur des « sets » de données non complets et anticiper l’avenir ! Différence de mentalité entre le statisticien d’un service de l’EN et le Data Scientist d’une edTech !
Le rapport anticipe quand-même une vacance élevée de postes ciblés dans le champ du numérique. Les postes de « managers » sont concernés, mais pourquoi encore utiliser des managers dans le numérique ? Je pousse un peu, même Google a accepté d’embaucher quelques « managers » dans ces équipes. Il en faut, certes, mais pas trop … surtout dans des domaines agiles. Pour des organisations bien rigides, c’est différent.
Viennent ensuite les ingénieurs, il en faut, je comprends, et un solde négatif, pour les techniciens, ce qui sous entend bien des choses … (compétences ?). Mieux vaut un bon technicien qu’un ingénieur au rabais.
Il est écrit qu’une norme (qui est Bac+3 aujourd’hui) à Bac+5 va se dégager (dans les 10 ans), pour avoir des diplômés (en moyenne) plus matures (vous connaissez tous Tanguy !). Ce qui n’est pas faux. Mais, il n’est pas nécessaire de faire Bac+5 pour coder, et être effectivement compétent sur un domaine, Bac+2 ou Bac+3 peut suffire … Les startups ne se tromperont pas, elles préfèreront des gens compétents tout de suite sur une technologie, plutôt que des généralistes incompétents pendant un temps …
L’offre supérieure reste concrètement à développer au regard des besoins à venir. Le hors contrat, reste une piste intéressante avec des titres CTI (Commission des titres d’ingénieur) ou RNCP, avec le désengagement de l’EN en terme de dotations. Le supérieur et l’école étant pour moi les secteurs à favoriser, au détriment des collèges/lycées, qui sont trop dotés, pour un résultat très insuffisant.
Le continuum bac-3, bac+3 doit nécessiter une forte mobilisation pour proposer un cursus qui intègre le plus de contenus ou matières en lien avec le numérique. Voilà qui pose le problème de la formation et du recrutement des enseignants, sachant que le métier n’est pas si attrayant que ça. Je peux vous inviter à une journée découverte …
Le lycée ne propose pas assez de contenus numériques en comparaison aux pays étrangers. La familiarisation avec le traitement de texte ou le tableur n’est plus nécessaire. Tout le monde à un PC à la maison (voir dans sa poche) aujourd’hui. Les sciences numériques, les humanités numériques, la littératie numérique doivent être renforcées, avec de la transversalité. Mais tout cela est un paradoxe car le lycée bénéficie déjà de moyens énormes. Cela veut dire que faire encore augmenter les moyens du lycée va encore appauvrir les niveaux les plus faibles, l’école et le supérieur, les plus importants à mon avis …
Le problème de parité filles/garçons dans les formations numériques, reste posé, sans solution dans le rapport, et pourtant tout se joue à l’âge Playskool, c’est à dire à l’école …
En conclusion
La création d’un bac sciences du numérique est à l’étude, voir la création d’un enseignement numérique obligatoire dans toutes les filières menant au bac (ce que pourrait proposer ICN). Pas de nouvelle du bac « HN », humanité numérique, qui a été évoqué par le passé.
L’option ICN se confirme mais ne sera pas suffisante pour satisfaire les besoins de formation, il est donc nécessaire de rendre obligatoire sans attendre l’enseignement de ICN, pour sauver les meubles …
L’appétence pour le numérique est à développer dès le cycle 3/4, avec une sensibilisation forte des filles, en évitant une utilisation passive des outils, mais bien créative.
Quel que soit le niveau de qualification, la conception des formations doit s’appuyer sur une approche par les compétences pour tenir compte des besoins de professionnalisation .
Si vous avez des doutes sur tout cela, contactez moi, …
Quality Engineer Automation
8 ansMerci pour la référence ! Je pense que la norme actuel est déjà le BAC +5, il suffit de regarder les critères des ESN ( Bac + 5 uniquement ) et la tendance des clients grands compte pour s'en apercevoir. Article intéressant