Points d'actualité RH qui ont retenu notre attention en avril 2018
Le savoir-être et les qualités relationnelles deviennent prioritaires
Le savoir-être (l’autonomie, la motivation, le sens de l’initiative…) et les qualités relationnelles (l’écoute, l’égalité d’humeur, le sens du travail d’équipe…) sont devenus aujourd’hui prioritaires dans le monde du travail. Selon une étude révélée par Pôle emploi lors des 3èmes Rencontres de l’emploi, 6 employeurs sur 10 considèrent que les compétences comportementales sont plus importantes que les compétences techniques ou les diplômes. Posséder les codes relationnels accroît non seulement l’employabilité mais ouvre davantage les perspectives d’évolution tout au long de la carrière souligne Estelle Sauvat, haut-commissaire à la transformation des compétences auprès de Muriel Pénicaud. Sans nier bien sûr l’importance de toujours développer les compétences techniques, elle insiste sur la nécessité de développer les compétences « douces », celles qui permettent de comprendre la culture de l’entreprise, de s’y adapter et de travailler avec les autres. Le PIC (Plan d’investissement dans les compétences) dont elle a la responsabilité et qui dispose d’un budget de 15 milliards d’euros ( ! ) a notamment pour objectif d’identifier ces compétences comportementales, de les reconnaître, de les valoriser au moins autant qu’elles le sont dans les pays anglo-saxons, puis de les intégrer dans le compte personnel de formation au même titre que les compétences génériques.
Les entreprises recrutent mais le marché des dirigeants de haut niveau est tendu
C’est ce que révèle la dernière édition du baromètre OpinionWay-Eurosearch & Associés : l’économie va mieux, la confiance s’installe et les entreprises recrutent, au premier rang desquelles les ETI. Sont d’abord recherchés les managers de directions commerciales, viennent ensuite ceux des directions industrielles/opérations, puis des Systèmes d’information et digitales, de direction générale, des RH, avant le marketing, les achats….
Mais le marché des dirigeants/experts de haut niveau est tendu: 8 dirigeants sur 10 rencontrent des difficultés à renforcer ces directions et, comme par hasard, ces difficultés concernent celles qui ont le plus de besoins: les directions commerciales et industrielles/opérations.
Sont de plus en plus exigées la capacité à raisonner en transversal, à anticiper les mutations, les transformations du marché et à faire preuve de compétences digitales.
Le projet de loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), fondé notamment sur le rapport Notat-Senard remis au gouvernement début mars, devrait être présenté en conseil des ministres avant l’été. L’article 1833 du code civil serait modifié, l’entreprise devant désormais être gérée « en considérant les enjeux sociaux et environnementaux de son activité » et non plus seulement dans son seul intérêt. En quelque sorte, une codification de la RSE. Cela restaurerait l’image aujourd’hui dégradée de l’entreprise et la confiance en elle pour les uns (le gouvernement, la CFDT, une partie non négligeable du patronat) ; l’idée est dangereuse, contraire à la nécessité pour l’entreprise d’être compétitive et agile, pour le président du Medef et l’Afep qui regroupe les 120 premières entreprises françaises.
Entre autres conséquences concrètes et au-delà de l’évolution des concepts, le nombre d’administrateurs salariés dans les conseils d’administration ou de surveillance des entreprises de +1000 salariés passerait à 2 pour 8 administrateurs non salariés, à 3 salariés à partir de 13 administrateurs non-salariés.
Les « Humanités» devraient revenir en force face à la montée en puissance de l’IA
On sait que l’intelligence artificielle concerne et concernera de plus en plus tous les secteurs, tous les métiers et que l’effort de formation numérique à fournir est considérable si on ne veut pas perdre pied (le COE - Comité d’orientation pour l’emploi- estime que près de 30% des actifs ont un niveau de compétence très faible sinon nul dans ce domaine). Mais cela ne suffira pas, soulignent le DG d’EM Lyon qui se dote d’une direction des nouvelles technologies ou encore François Taddei, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires. Selon eux, les sciences humaines telles que la philosophie, l’éthique, vont prendre de plus en plus d’importance et leur enseignement sera renforcé dans les grandes écoles. Les « compétences » telles que l’esprit critique, la créativité, la capacité d’écoute, le charisme…seront de plus en plus indispensables pour garder la distance nécessaire face à la puissance d’analyse brute de la machine.