Pollution d'un navire de croisière= La pollution d'un million de voitures ?

Pollution d'un navire de croisière= La pollution d'un million de voitures ?

Comme indiqué dans le précédent chapitre je réalise cette étude sans idées préconçues, idéologiques ou d’intérêts particuliers, la conclusion de mon article attirait l’attention du lecteur sur la possibilité que l’ONG NAPU avait pu considérer de mauvaises références des carburants utilisés en escale, qui pouvaient multiplier par 35 les émissions de SO2 d’un navire de croisières.

En effet depuis 2015 tout navire qui escale en Europe a l’obligation d’utiliser du MGO avec un taux maximum de sulfure de 0,10% et non de 3,5% comme indiqué par NAPU. De ce fait on pourrait penser que le chiffre annoncé de 1 million de voitures pouvait être ramené à environ 30 000, ce que nous allons vérifier.

 De la même manière que je me suis référé à l’ADEME pour le calcul des émissions des voitures, je vais dans cette partie considérer les références de l’agence européenne de l’environnement pour le calcul des émissions de CO2, SO2, NOX et particules des navires à partir de la consommation de MGO. La difficulté est de pouvoir estimer la consommation de MGO durant les escale des navires, en effet les rapports MRV reprennent les émissions annuels de CO2 à quai (colonne AB des rapports) mais pas le nombre d’heures à quai correspondant, par contre le temps en mer est repris (Colonne AT). J’ai donc considéré de croiser 2 sources de données, d’une part les programmes de croisières de MSC et COSTA qui reprennent les temps d’escale et en mer, avec le temps en mer repris dans les rapports MRV des mêmes navires, pour estimer le nombre d’heures correspondant aux émissions de CO2 à quai repris dans les rapports MRV.  C’est ce qui m’a permis de recalculer les consommations de MGO à l’heure puis durant une moyenne de 9 heures d’escales pour 5 navires de MSC et 5 navires COSTA, et donc leurs émissions détaillées. Une fois ces données d’émissions établies j’ai rapprochés chacune d’elle des données d’émission des voitures pour établir un nombre de voitures équivalent à la pollution de chaque navire.

1.   Méthodologie de calcul des émissions

 Les rapports MRV reprenant le détail des émissions de CO2 et de consommations de 12 000 navires de plus de 5000 Tonnes de tous types sont publiques depuis 2018 et téléchargeables à partir du lien suivant THETIS-MRV (europa.eu). Ces rapports reprennent en colonne AB les émissions de CO2 annuelles durant les escales à quai des navires, en divisant ces quantités d’émission de CO2 par le coefficient d’émission du Marine Gas Oil (MGO) de 3,170 on obtient la quantité de MGO consommée correspondant à cette émission. C’est à partir de cette consommation de MGO que nous allons établir les différentes quantités d’émissions de SO2, NOX et Particules (PM 10) en se basant sur la table des coefficients d’émission de l’agence européenne de l’environnement repris en page 17 du document du lien suivant : 1.A.3.d Navigation (shipping) 2019 — European Environment Agency (europa.eu)  Pour mémoire la consommation de MGO faiblement chargé en sulfure (0,1% ) durant les escales des navires de plus de 2 heures est obligatoire en Europe depuis 2015.

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2.   Méthodologie de calcul des temps d’escale des navires

 Les rapports MRV sont une source de données extraordinaires dans la fiabilité et précisions de celles-ci , rappelons que ces rapports sont vérifiés par 20 bureaux indépendants qui vérifient à la fois la méthodologie de calcul, mais également les documents de support de ces calculs avant qu’ils soient approuvés et enregistrés dans la base de données par l’opérateur du navire. Ces données proviennent donc de l’opérateur du navire sont vérifiées, donc difficilement contestables. Cependant une difficulté existe pour déterminer une quantité d’émission par heure et temps d’escale, la quantité d’émission de CO2 à quai n’est pas adossée à une quantité d’heure d’escale, alors que cette donnée existe pour le temps passé en mer. En conséquence j’ai repris les programmes de croisières de MSC et COSTA escalant à Marseille pour établir un prorata du temps en mer pour le temps en escale, ce qui donne ceci.

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3.   Calcul de la consommation horaire de MGO

 Une fois établie le nombre d’heure à quai, il est aisé d’établir à la fois les émissions horaires de CO2 et la consommation horaire de MGO en divisant le résultat par 3,170, ces calculs reposent sur les rapports 2021 sauf pour 3 navires de COSTA qui n’apparaissent pas et pour lesquels j’ai pris en compte les rapports de 2019. 

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Au vu de ces premiers chiffres on peut d’ores et déjà constater que les navires COSTA consomment moins que ceux de MSC et sont donc, à priori à ce stade susceptibles de moins emmètrent de polluants, mais les 2 compagnies se conformant à la réglementation Européenne en « brulant » du MGO seront toutes les 2 considérées comme vertueuses par les autorités françaises en cas de contrôle.

4.   Calcul des émissions de CO2, NOX, PM10 et SO2

 Notre étude cherchant à déterminer s’il est exact qu’un navire de croisière en escale pollue autant qu’un million de voitures, nous devons donc à partir de la consommation horaire de MGO déterminée plus haut calculer les émissions de CO2, NOX, PM10 et SO2 de chaque navire. 

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C’est donc à partir de ces valeurs que nous allons pouvoir établir une comparaison entre ces émissions de navires durant 9 heures d’escale et les mêmes émissions par une voiture en circuit urbain durant 9 heures calculés dans le premier chapitre et s’établissant comme suit.

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Il s’agit donc de diviser les émissions des navires par les données ci-dessus pour obtenir le nombre équivalent de voitures correspondant à ces quantités d’émission 

5.   Nombre équivalent de voitures pour les émissions de CO2-NOX

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 Il est à noter qu’ATMOSUD dans une communication récente mentionnait que les émissions de NOX d’un navire de croisière étaient égales à 30 000 voitures.

Comme précédemment pressentis, il est à noter que les navires de COSTA sont assez nettement moins émetteurs de NOX que ceux de MSC.

6.   Nombre équivalent de voitures pour les émissions de PM10 et SO2

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Le navire le plus émetteur qui est quand même assez éloigné des données de NAPU est donc le COSTA FIRENZE avec 600 000 équivalents voitures, suivis de près par 2 navires MSC le SEASIDE, et SEA VIEW avec des équivalent voitures autours de 500 000.

7.   Conclusion

Je garde le même esprit qu’au début de l’étude pas d’idées préconçues, pas d’idéologie ni d’intérêt particuliers à défendre, mais une volonté pédagogique forte de faire passer un message aux décideurs et acteurs de travailler sur les données publiques pour déterminer les investissements nécessaires dans les énergies électriques « Zéro fumée ». C’est je crois la volonté de tous tant de la municipalité (qui met au pot), du port qui investit lourdement, de la région qui prends sa part, mais les polémiques entre les uns et les autres ont peut-être caché la forêt. Les navires de croisières représentant 5% des escales, leurs émissions ne sont-elles pas la partie émergée de l'iceberg par rapport à l’ensemble des émissions portuaires, c’est ce que je vous propose d’étudier dans le 3e chapitre « Pollution de l’air par les navires à quai »

N'hésitez pas à commenter, diffuser, critiquer, apporter votre propre réflexion à cette étude, loin de tout esprit polémique et partisan.

Jean Pierre LAMBLIN

CO2 TRACKER-FOUNDER

Tel : 06 87 67 07 57

Mail : lamblin702@gmail.com

Stefan Tarkovacs

Chairman chez Tar Kovacs Systems

2 ans

C est pourquoi j ai conçu et breveté en partie ( par sécurité) un nouveau concept de coque, de propulseur et de source d énergie voilà 15 ans. Mais les industriels détestent les outsiders.

Christophe Guillon

Global Supply Chain Expert

2 ans

Un million de voitures à 130 kmh ou 110??

Yohann DESALLE

Directeur Général Manager de Transition | Missions de DG de transition | Pilotage de projets transverses de transition énergétique / transition écologique | Périmètres de 40 pays, 500 personnes, 300M€

2 ans

Je n'y connais rien en bateau de croisière alors je vais peut-être dire une grosse bêtise. Quand un camion frigo est au dépôt on le "biberonne" ça dire que son moteur fonctionne à l'électricité du réseau plutôt qu'au diesel. Si l'on faisait la même chose pour un bateau de croisière, quelle puissance cela demanderait le temps de l'escale ?

FRANCOIS SOULET DE BRUGIERE

Gérant principal chez Dauphin Vert AE

2 ans

Le titre de l’étude est accrocheur, mais il entretient une confusion très répandue dans le grand public. En tout cas il est suffisamment imprécis pour ne pas être réaliste. Finalement, en lisant votre document, on comprend que vous parlez de soufre (SO2) et non de CO2 ou de particules. Or le catrburant des voitures est désulfuré alors que les navires ont (encore) besoin de soufre pour stabiliser leurs carburants qui n’est pas le même que celui des voitures, de loin ! Bref, on prend un petit critère, on met une loupe dessus et l’on en conclut que plus gros polueur qu’un bateau, il n’y a pas. Si je vous dit qu’un escargot bave 1 million de fois plus que moi, qui ne bave pas, faut-il en déduire que les escargots sont des nuisibles dangereux pour la planète, surtout qu’avec une bonne sauce à l’ail … ?

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