Portrait de Marie Claude Meynier, avec une allogreffe de tendon

Portrait de Marie Claude Meynier, avec une allogreffe de tendon


Marie-Claude Meynier, Lozérienne de naissance, est partie il y a 30 ans de sa région natale. Elle arrive à Brioude à 29 ans pour travailler en tant qu’aide-soignante dans un centre de personnes en situation de handicap. Au départ, elle ne se destinait pas à ce secteur d’activité. Sa motivation ? Travailler en maison de retraite. Néanmoins, le manque de contacts avec les patients ne lui convenait pas. Elle est à la recherche « d’humanisme » dans son travail, ce qu’elle retrouvera plus tard auprès de personnes en situation de handicap car « moins prise par le temps » explique-t-elle.

En 2008, elle s’installe sur Clermont-Ferrand et s’occupe d’enfants autistes au sein de l’Adapei 63. Ayant été confrontée à des personnes autistes lors de son expérience à Brioude, elle avait conscience de l’accompagnement particulier qui était nécessaire. Marie-Claude va rester à l’Adapei jusqu’en 2018 avant de s’orienter vers des missions d’intérim en tant qu’aide-soignante en maison de retraite jusqu’en 2022. Son objectif ? « Connaître les institutions de Clermont pour tenter d’intégrer l’hôpital Sainte-Marie ». N’y étant pas parvenue, en janvier 2023, retraitée toujours aussi passionnée, elle continue de réaliser quelques heures d’activité pour cette même maison de retraite.

Son accident, le 5 mai 2023

En mai 2023, elle se rend à Thiers chez un éducateur canin avec son jeune chien Sanka, pesant pas moins de 42 kg ! Après cette séance, elle décide d’aller le promener autour du lac voisin. Elle croise une dame, accompagnée elle aussi de son chien, qui lui propose de les lâcher pour les laisser jouer. Marie-Claude est d’abord réticente vis-à-vis de Sanka : « Il est jeune, il court un peu trop et il est un peu foufou ». Mais elle se laisse tenter et finit par le détacher la laisse. Laissé libre, Sanka gambade et va voir des pécheurs aperçus au loin. Lorsqu’il revient en courant vers elle, le choc a lieu, violent. L’instinct de Marie-Claude la pousse à protéger son genou droit, arthrosique. Elle place son genou gauche en avant… et Sanka lui emporte la jambe. « J’ai senti mon genou qui tournait vers l’intérieur ». Elle se couche au sol et demande à la dame d’alerter les pompiers et sa fille. Elle ne se souviendra pas avoir eu mal à ce moment-là !  

Avec le genou luxé, elle est transportée aux urgences à Thiers où on lui réaxe son genou, pendant une anesthésie. Mais les équipes médicales ne sentent pas de pouls au niveau du pied. Ils craignent que l’artère poplitée qui passe derrière le genou ait été sectionnée au moment de l’impact. On lui fait passer un scanner avec injection pour vérifier qu’il n’y ait pas d’hémorragie. Elle est rapidement transférée au CHU de Clermont-Ferrand, aux alentours de 16 heures, par crainte que cette urgence devienne vitale. Lors de son transport aux urgences de Thiers, un pompier mentionne qu’elle est « courageuse ». Mais Marie-Claude n’est pas angoissée ; elle se sent prise en charge : « Il y a toujours plus grave ».

Conduite immédiatement vers le service orthopédie du CHU de Clermont-Ferrand afin de lui faire passer une radio, elle est prise en charge par le Professeur Erivan. Le samedi, ce dernier réalise un « testing » sous anesthésie. Une semaine passe, le temps que le corps médical analyse son dossier et préconise une solution.

Durant cette période, Marie-Claude est toujours au CHU, une attelle qui immobilise la jambe et un déambulateur sous le bras afin d’avoir un minimum d’autonomie… Mais, heureusement, toujours pas de souffrance !

Les deux ligaments croisés de Marie-Claude sont rompus avec arrachement du ligament latéral intérieur. Elle a également été victime d’une lésion du ménisque qui a été, par la suite, suturée. En début de semaine, le Professeur Erivan lui fait part de deux issues possibles : une prothèse ou une greffe des ligaments. N’ayant que 61 ans et pas d’arthrose de ce genou, les équipes médicales lui déconseillent la prothèse. Au fil du temps, si cette dernière casse ou s’use, il n’y aura pas d’autre solution que des déplacements en fauteuil roulant. Marie-Claude fait une confiance absolue au Professeur Erivan et décide de choisir la technique récente de reconstruction des ligaments. Pour ne pas laisser de cicatrices trop importantes, il ne lui sera pas proposé de prendre un morceau de tendon de l’arrière de la cuisse pour remplacer les ligaments croisés rompus mais, bien, de passer par une allogreffe de tendon.

Son opération  

Elle est opérée le 12 mai, le temps de sélectionner les greffons transmis par Ostéobanque. Marie-Claude, vaillante, ne se focalise toujours pas sur la douleur. Elle refuse même de prendre des antalgiques ! Le 19 mai, elle est transférée en rééducation à Pionsat avec une attelle et interdiction d’être en appui pendant 45 jours… Bien qu’en fauteuil, elle reste autonome et vigilante pendant ses déplacements afin de ne pas endommager les 40 agrafes qui lui parcourent la jambe. Sur place, le corps médical lui confie ses craintes quant à sa reprise d’appui. Pourtant, au bout d’une semaine, elle marche avec des béquilles !

Sa rééducation

Le 21 juillet, elle quitte le service de rééducation. Il lui est prescrit 1 mois de kinésithérapie en hôpital de jour à Pionsat. Elle réalise ses séances de kiné, pratique également la gym ou, encore, la balnéothérapie, … ce qu’elle préfère ! Notre surprenante patiente termine les séances prescrites le 21 août et, le 21 septembre, elle revoit le corps médical de Pionsat qui est surpris de sa récupération si rapide. Pour sa part, elle est certaine que « même s’il y a mon application, c’est surtout la réussite du Professeur Erivan qu’il faut noter ». Après la fin de sa rééducation, Marie-Claude marche beaucoup et promène toujours Sanka.Le 9 novembre, elle revoit le Professeur Roger Erivan. Lors du rendez-vous, il ne lui est pas prescrit d’autres radios au vu de son état plus qu’encourageant.

Des opérations comme celle de Marie-Claude Meynier, le Professeur Erivan n’en réalise qu’une quinzaine par an. Aujourd’hui, si elle s’exprime, c’est « pour témoigner ma pleine gratitude à toutes les équipes médicales qui ont réalisé mon opération et participé à ma rémission ». Grâce à cette greffe, elle peut « de nouveau travailler, promener Sanka ou, encore, conduire ». De temps en temps, elle sent que ses ligaments « tirent un peu, mais plus le temps passe, mieux ça va ». Elle avait été prévenue qu’elle ne pourrait sûrement pas plier sa jambe à plus de 100 degrés. Notre robuste Marie-Claude réussit finalement à la plier à 120 degrés !

Le corps médical lui avait naturellement expliqué que c’était des tissus humains qui lui avaient été greffés. Alors, par ce témoignage, elle tenait aussi à « remercier humblement la famille du défunt grâce auquel j’ai pu bénéficier de greffons ». Marie-Claude, pour sa part, est donneuse depuis très longtemps. Elle possède toujours sa carte, qui n’est pourtant plus nécessaire et qu’elle nous a présentée, avec beaucoup d’émotion, durant cette interview. Elle avait conscience depuis longtemps de l’importance du don d’organes. Ses parents étaient décédés, très tôt, de maladies pour lesquels le don n’aurait malheureusement pas suffi. Malgré tout, « pouvoir soulager d’autres vies est exceptionnel. Donnez. C’est juste cela que je voulais dire ».

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Ostéobanque

Autres pages consultées

Explorer les sujets