PORTRAIT l le mois de janvier est synonyme de soldes. Mais Delphine Quirin n'en a jamais fait de sa vie !
En 1996, après des études d’histoire de l’art à l’ULG et une petite formation de modiste, Delphine Quirin s’installe comme créatrice indépendante et réalise ses premiers #chapeaux, modèles #uniques et #surmesure, essentiellement pour des cérémonies. Elle ouvre ensuite un magasin dans le cœur historique de Liège et continue à tisser le canevas de ce qui n’allait pas tarder à devenir l’expression pleine et entière de sa personnalité.
Ouverte à tous les procédés, elle découvre bientôt la #maille qui, de fil en aiguille, devient sa technique de prédilection.
Delphine Quirin : « À cette époque, il n’y avait vraiment que des fabricants de chapeaux traditionnels, soit c'étaient des bonnets du genre sportif. Il n’y avait pas d'entre deux. Je suis arrivée en proposant une collection de bonnets réalisés en mohair et laine bouillie. Je souhaitais quelque chose d’élégant avec un côté pratique qu’on peut mettre dans sa poche. »
Delphine s’est trouvée. Elle crée des collections régulières de #bonnets, #gants et #écharpes vendues dans plusieurs pays d’Europe, aux États-Unis, et au Japon jusqu'en 2016.
Delphine Quirin : « Après avoir commencé comme modiste en faisant du “sur-mesure”, j'ai ensuite participé jusqu'en 2016 à des salons professionnels à Paris. C’est à ce moment que j’exportais quasi la totalité de ma production. À un moment, je n'ouvrais même plus l'atelier sauf pour le mois de décembre. Je ne fabriquais que pour des boutiques. Et depuis 2016, je me suis petit à petit reconcentrée sur l'atelier qui est aussi mon lieu de vie. Actuellement, je rouvre tous les samedis et sur rendez-vous. »
Si le succès est au rendez-vous et que les exportations explosent, Delphine Quirin souhaite privilégier son #ancrage #liégeois et surtout elle se refuse à recourir à la confection de masse. Ses créations sont réalisées artisanalement. Elle tient à maîtriser toutes les étapes de la fabrication faite localement et ancrée dans son environnement immédiat.
Au fil de son inspiration et de ses envies, Delphine Quirin a atteint son but : faire du chapeau un accessoire quotidien, pratique et léger, qui se porte en toutes circonstances.
UCM Province de Liège : Est-ce que tu continues à te considérer comme une artisane ? Ou peut-être comme une femme d’affaires ? Comment te positionnes-tu par rapport à ce métier d’accessoiriste de mode?
Delphine Quirin : « Mon cœur est tout à fait artisan ! C’est ce vers quoi j’ai toujours tendance à aller. En fait, j’adore fabriquer moi-même. Je ne dessine pas mes modèles. J’ai besoin d’être en contact avec la matière. Je maîtrise vraiment ma production. Je me sens beaucoup mieux depuis que j’ai ralenti la cadence. J’ai la chance d’avoir une clientèle de base très fidèle et qui se nourrit chaque année de nouveaux clients dans la région. Ceux-ci découvrent mon travail.
Donc mon statut d' #artisan, c'est quelque chose que je revendique car j'ai choisi de faire machine arrière en ce qui concerne l'expansion de ma marque. Je privilégie un artisanat de qualité avec une marque forte et ancrée dans mon environnement direct. »
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UCM Province de Liège : En Belgique, le mois de janvier est synonyme de soldes. Pourquoi ne fais-tu pas de soldes ?
Delphine Quirin : « C'est quelque chose que je n'ai jamais fait de ma vie ! Au départ, mon boulot, c'était déjà du “sur-mesure” pour les cérémonies. On me commandait quelque chose, je le faisais. Chaque pièce était vendue à une personne. Il n'y avait pas de stock. Quand j'ai commencé à faire les salons, les commandes se faisaient sur le salon ; celles-ci étaient envoyées entre juin et septembre. Et puis, moi, je n'ouvrais la boutique que pour le mois de décembre. À partir du moment où j'ai fait beaucoup d'exportations, je me suis rendu compte que mon produit était beaucoup plus fort en hiver qu'en été. Du coup, l’organisation de ma #production est #saisonnière. J’ai, en fait, une grande saison hivernale qui couvre toute l’année. Toute mon attention se concentre principalement sur la mise en place de cette saison d’hiver. Afin d’assurer la qualité de mes productions ainsi que le respect des délais pour les entreprises que je fournis, je commence à travailler à la saison suivante dès le mois de janvier. Ainsi, j’anticipe actuellement l'hiver 2024-2025. Je n’ai pas de stock. Et je ne souhaite pas en avoir. Je refuse de faire de la production industrielle qui m’obligerait à maintenir des stocks.
La deuxième chose, c'est que personnellement, je suis très classique dans mon boulot. Certaine de mes créations sont intemporelles. Il y a des bonnets que je fais depuis des années. Par exemple, le modèle “Basil” : parfois, je ne le fais plus, parfois je l’adapte … Il a son prix en décembre. Mais pour quelle raison devrais-je baisser son prix en janvier ? Ne pas faire les soldes est une manière de protéger ma marque. Il faut proposer quelque chose qui tient la route financièrement. Je sais que mon travail n’est pas gratuit, mais je pense que l’on peut encore envisager de se l'offrir.
En ayant réfléchi sur mon parcours et le recentrage de mes activités, il a été effectivement évident pour moi d’éviter les intermédiaires pour essayer, justement, de rester accessible financièrement. C'est aussi pour cette raison que je redéveloppe ma propre boutique et que je propose mes créations directement à ma clientèle. »
Delphine Quirin a changé de cap ! Elle réinvestit sa boutique et développe son site internet, mais souhaite également conserver des points de vente exclusifs avec des créations spécifiques. Par choix, elle ne fait plus de l’exportation à grande échelle. Elle privilégie la qualité à la quantité et la fabrication de proximité. Alors les soldes, c’est non merci !
En bref, une artisane ou un artisan doit défendre son prix. Le prix de la reconnaissance de son travail. Le prix de matériaux de qualité. Le prix du choix de fabriquer « made in Belgium », de rester localement disponible pour la vente directe. Le prix de l’accessibilité, de l’échange humain, de la joie du partage et de la confection sur-mesure. En fait, tout cela n’a pas de prix…
Formatrice - Coach (PCC-ICF) - Conférencière (fondatrice d'ALEO) - Je conçois et j'anime des moments de formation sur mesure: leadership, stress, émotions, communication. Je vous accompagne via coaching(individu/équipe)
11 moisFan de ses réalisations !
Chargée de projet @Junior Ballet Project
11 moisBelle histoire au long cours… 👏
Coordinatrice chez Serres du Jardin Botanique de Liège
11 moisCliente depuis 1996 (et même avant) ! Trop fan <3