Posssible

Posssible

Un beau mot pour commencer l’année. Ouvrons le champ du possible, pour aller vers un développement durable. Ça fait déjà longtemps que nous essayons de prolonger les 30 glorieuses, qui se sont achevées avec les crises pétrolières des années 1970. Nous peinons à trouver un autre modèle que celui d’une croissance fondée sur l’exploitation de nouvelles ressources. Bien sûr, lesdites ressources sont de plus en difficiles d’accès, pour des raisons physiques ou géopolitiques, leur quantité est limitée, et il va bien sortir de ce modèle. Mais la nostalgie étant ce qu’elle est, ce sont l’inertie (voire le conservatisme) de la société, et l’intérêt des institutions qui ont prospéré au cours des 30 glorieuses qui ont prévalu. La tendance a été plutôt de prolonger cette période euphorique, de la faire durer en acceptant de s’endetter financièrement chaque année depuis 1974, et surtout de vivre sur notre capital nature au point de le mettre en danger. Il nous faut explorer d’autres futurs que la simple prolongation de l’ancienne croissance, des futurs qui nous donneront de l’espoir et du bonheur tout en permettant à la planète de retrouver une bonne santé. Une planète qui pourra accueillir une dizaine de milliards d’humains dans de bonnes conditions, pour eux et pour elle. 

Mais attention à ne pas se tromper de futur, pour reprendre une formule à succès. N’explorons pas des possibles illusoires, de nouvelles manières de faire durer la croissance d’hier. La tentation expansionniste est toujours là, avec l’envie de « coloniser » de nouveaux espaces, de nouvelles planètes. Le mot à la mode est bien la « conquête » de l’espace, et non son étude et sa connaissance. Une nouvelle manière de jouer les prolongations, de ne pas remettre en question le modèle dominant en changeant de terrain de jeu : la Terre ne suffit plus, il faut l’espace, l’univers, l’infini. Explorer les possibles de ce côté-là n’est pas vraiment innover, malgré les habits d’aventuriers de l’espace dont se vêtent les promoteurs de cette conquête. Colonisons pour accéder à de nouvelles ressources, comme les pays occidentaux l’ont fait sans vergogne au cours des siècles, une telle mentalité ne peut être durable. Il faut changer de logiciel, comme on dit aujourd’hui.

La croissance de demain se fera à ressources constantes, ou même avec moins de ressources, autres que les ressources humaines, le génie humain aussi inépuisable que sa bêtise. Les possibles de demain se construiront sur la meilleure utilisation imaginable des ressources naturelles à notre disposition, par une intensification de leur usage, pour rendre le maximum de service avec le minimum de prélèvement. Deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources, pour reprendre le sous-titre du rapport au Club de Rome « Facteur 4 ». Les limites de l’épure sont là, à nous de chercher des solutions originales dans ce cadre. 

Cette recherche est un effort. Il s’agit de revoir notre manière de penser, nos postulats que nous avons souvent considérés comme intangibles, de sortir de notre « zone de confort ». L’innovation est rarement confortable. Depuis quelques années, la quête de nouveaux possibles s’est faite par petites touches, le plus souvent en ajoutant une « couche développement durable » aux anciennes pratiques. Une avancée prudente, légitime, une sorte d’apprentissage d’autres modes de vie, de production ou de consommation. Une étape nécessaire, qui permet notamment de découvrir l’étendue du chemin à parcourir, mais une étape seulement, qu’il faut à présent dépasser pour entrer dans une ère de changements plus profonds. Une période pleine d’incertitudes, avec des risques évidents, son lot d’impasses et de déceptions, mais une exploration incontournable susceptible de provoquer l’enthousiasme de tous ceux qui veulent être maîtres de leur destin, qui veulent écrire une page de l’histoire de l’humanité. De l’humanité sur sa planète d’origine et non sur une d’emprunt, bien sûr.

Les possibles de demain sont multiples. Ils dépendent de nombreux paramètres, les cultures locales, l’état des connaissances, les territoires, le hasard des rencontres. Il n’y a pas qu’un développement durable, mais une diversité d’approches et de contextes qui produiront autant de développements durables différents. Ils ne viendront pas de quelques « sachants » mais seront le fruit de confrontations de points de vue, de savoirs, d’histoires. Une construction collective, comme toutes les civilisations.

https://www.dictionnaire-du-developpement-durable.fr/notes-de-lecture/le-vent-s-est-leve

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