Pour ceux qui sont morts
Ce beau poème de Jean-Pierre Calloc'h, écrivain breton mort au combat le 10 avril 1917 pour penser à tous ceux qui ont donné leur vie. Loin des renoncements politiques et des débats stériles, une pensée pour les combattants de 14-18. Ils ont des droits sur nous.
La prière du guetteur - Quart de nuit aux Tranchées
Les ténèbres pesantes s'épaissirent autour de moi ; Sur l'étendue de la plaine la couleur de la nuit s'épandait, Et j'entendis une voix qui priait sur la tranchée : O la prière du soldat quand tombe la lumière du jour! « Le soleil malade des cieux d'hiver, voici qu'il s'est couché ; Les cloches de l'Angélus ont sonné dans la Bretagne, Les foyers sont éteints et les étoiles luisent : Mettez un cœur fort, ô mon Dieu, dans ma poitrine. Je me recommande à vous et à votre Mère Marie ; Préservez-moi, mon Dieu, des épouvantes de la nuit aveugle, Car mon travail est grand et lourde ma chaîne : Mon tour est venu de veiller au front de la France, Oui, la chaîne est lourde. Derrière moi demeure L'armée. Elle dort. Je suis l'œil de l'armée. C'est une charge rude, Vous le savez. Eh bien, Soyez avec moi, mon souci sera léger comme la plume. Je suis le matelot au bossoir, le guetteur Qui va, qui vient, qui voit tout, qui entend tout. La France M'a appelé ce soir pour garder son honneur, Elle m'a ordonné de continuer sa vengeance. Je suis le grand Veilleur debout sur la tranchée. Je sais ce que je suis et je sais ce que je fais : L'âme de l'Occident, sa terre, ses filles et ses fleurs, C'est toute la beauté du Monde que je garde cette nuit. J'en paierai cher la gloire, peut-être ? Et qu'importe ! Les noms des tombés, la terre d'Armor les gardera : Je suis une étoile claire brillant au front de la France, Je suis le grand guetteur debout pour son pays. Dors, ô patrie, dors en paix. Je veillerai pour toi, Et si vient à s'enfler, ce soir, la mer germaine, Nous sommes frères des rochers qui défendent le rivage de la Bretagne douce. Dors, ô France ! Tu ne seras pas submergée encore cette fois-ci. Pour être ici, j'ai abandonné ma maison, mes parents; Plus haut est le devoir auquel je suis attaché : Ni fils, ni frère! Je suis le guetteur sombre et muet, Aux frontières de l'est, je suis le rocher breton. Cependant, plus d'une fois il m'advient de soupirer. « Comment sont-ils ? Hélas, ils sont pauvres, malades peut-être… ». Mon Dieu, ayez pitié de la maison qui est la mienne Parce que je n'ai rien au monde que ceux qui pleurent là... Maintenant dors, ô mon pays ! Ma main est sur mon glaive; Je sais le métier ; je suis homme, je suis fort : Le morceau de France sous ma garde, jamais ils ne l'auront... - Que suis-je devant Vous, ô mon Dieu, sinon un ver ? Quand je saute le parapet, une hache à la main, Mes gars disent peut-être : « En avant ! Celui-là est un homme ! » Et ils viennent avec moi dans la boue, dans le feu, dans la fournaise... Mais Vous, Vous savez bien que je ne suis qu'un pécheur. Vous, Vous savez assez combien mon âme est faible, Combien aride mon cœur et misérables mes désirs ; Trop souvent Vous me voyez, ô Père qui êtes aux cieux, Suivre des chemins qui ne sont point Vos chemins. C'est pourquoi, quand la nuit répand ses terreurs par le monde, Dans les cavernes des tranchées, lorsque dorment mes frères Ayez pitié de moi, écoutez ma demande, Venez, et la nuit pour moi sera pleine de clarté. De mes péchés anciens, Mon Dieu, délivrez-moi, Brûlez-moi, consumez-moi dans le feu de Votre amour, Et mon âme resplendira dans la nuit comme un cierge, Et je serai pareil aux archanges de Votre armée. Mon Dieu, mon Dieu ! Je suis le veilleur tout seul, Ma patrie compte sur moi et je ne suis qu'argile : Accordez-moi ce soir la force que je demande, Je me recommande à Vous et à Votre Mère Marie.
Administrateur de l'association MONTJOIE_Bénévole Programme Education chez Fondation de France
6 ansRelire Maurice Genevoix ça n'est pas mal non plus!
Consultant indépendant
6 ansJean-Pierre Calloch auteur également du poème breton fort connu "Me zo ganet e kreiz ar mor" (je suis né au milieu de l'océan).
Président chez Club de la Corderie
6 ansTraversant le bourg de Plogoff, petite commune du Cap Sizun, j’y ai vu un spectacle profondément émouvant : une petite cérémonie se déroulait devant le monument aux morts. Il y avait des représentants de la mairie, quelques personnes âgées et des enfants. Et je suis passé juste au moment où l’on hissait les couleurs ... cette France profonde se souvient ...
Conseiller principal d'éducation chez Institut Croix des Vents Saint-Joseph
6 ansLa guerre n'est pas une poésie ni la paix une idéologie ! Elles sont toutes deux le reflet réel de la valeur des âmes.
CEO chez Sarl Mondiag.net
6 ans....Merci pour ceux pour ceux qui n ont pas eu le temps de prendre conscience que notre deuxième vie commence quand on a pris conscience qu on en avait qu une..