Pour en finir avec le capital humain et les ressources humaines.

Pour en finir avec le capital humain et les ressources humaines.

Avez-vous remarqué ?

Comme l’indique James Suzman (1), nombre de mots du lexique (financier) des langues européennes trouvent leurs racines dans le vocabulaire de l’élevage !  

Ainsi le mot capital. Il vient de la racine capitalis qui provient du mot kaput qui signifie tête et qui est le principal terme utilisé pour le bétail.

Dans les sociétés archaïques, comme l’explique encore Suzman, « la valeur principale du bétail ne résidait pas dans sa viande ou dans son lait, mais plutôt dans le travail physique qu’il effectuait en tirant les charrues… Le bétail engendrait donc de la valeur en accomplissant du travail ».

Le capital ne peut plus être humain.  

Aujourd’hui, parce que nous pouvons être « demain » et parce que les mots créent des mondes (2),  marier « capital » et « humain » relève du choix délibéré de s’accrocher à des modèles d’entreprises archaïques.   

 Pour en finir avec les ressources humaines

 Il y a plus de trente ans je débutais dans un « Service des Relations Humaines ». La société qui m’avait engagé se voulait une grande famille. L’énergie que produisaient les relations des PERSONNES  entre elles permettait le travail et lui donnait du sens. C’est ainsi que je le vivais, que NOUS le vivions. Les problématiques qui se présentaient au « Gestionnaire des Relations Humaines » avaient comme sources possibles, le manque de reconnaissance, de communication, de compréhension, de savoir, de convivialité ou encore d’empathie, …La relation aux autres, au travail, à l’environnement, créait de la valeur

Quelques années plus tard, lors du rachat de cette société par un nouvel actionnaire, allez savoir pourquoi, en très peu de temps, les PERSONNES sont devenues des RESSOURCES, déshumanisées, des INDIVIDUS comptabilisés en ETP (Equivalent Temps Plein). Au centième près.  (1289,06 ETP).

Comme dans bon nombre d’entreprises dont les RESSOURCES HUMAINES sont devenues un élément stratégique, les femmes et les hommes qui les composent ne sont plus reconnues comme des personnes, mais comme des  coûts. Qui en voudrait aujourd’hui à un CEO  de ne pas se préoccuper d’une ligne des plus importantes de son budget dans le monde de compétition, concurrence, performance dans lequel, avec lui, nous choisissons de vivre individuellement et collectivement chaque jour ? J’ai cessé de dire que la relation crée de la performance. Les mots créent les mondes ! 

Voici donc les  « professionnels RH »  à tourner en rond comme le fait très bien remarquer Nicolas Quoëx(3)  et se torturer sur le sens de leur travail, du travail dans les RH, car tiraillés entre l’administration des données individuelles, la gestion des individus et/ou le développement des personnes !

Pourquoi ne pas considérer, avec l’aide de  Victor Frankl, et Georges-Elia Sarfati (4),  que les notions d’individu et de personne désignent deux perspectives distinctes de l’être humain et par ce biais, faire évoluer « la fonction RH » comme beaucoup semblent le souhaiter?

Les individus se comptent et Les personnes se vivent.

Posons que la notion d’individu est une approche restrictive de la personne. Considérons l’individu comme une donnée statistique, quantifiable. Que l'on peut le faire entrer dans des moules sociaux, économiques, ou autres et même, comme d’aucuns ne s’en lassent , le confondre avec une couleur sur base d’un «test»  (rassurant) à la mode. S’il faut encore vivre avec de la sorte pour pouvoir en sortir, alors acceptons-le. ( Pas trop longtemps )

PAR CONTRE, acceptons et vivons également pour que très vite, la personne se distingue de l’individu. Admettons qu’elle a les capacités pour se dépasser et surtout qu’elle est actrice de ses choix. Qu’elle a ses propres projets et sa manière pour les mettre en œuvre et les vivre. Que la reconnaissance de son intériorité et son ressenti favorise son sentiment d’exister.

Dans le Département ETRE HUMAIN,

La fonction « Interactions humaines»,  a comme principal enjeu la personne. Sa raison d’être est à la fois

-         d’aider les personnes à réaliser leur part d’adaptation dans le projet d’entreprise, la société  qu’elles s’engagent à faire grandir   

-         imaginer, construire et développer  en partenariat avec les responsables du projet, des environnements, des espace-temps dans lesquels ces personnes  

o  pourront créer des  relations qui leur permettront de se singulariser dans la communauté humaine dont elle font partie, pour que convergent les intérêts individuels et l’intérêt collectif

o  dans lesquels elle pourront  affirmer les valeurs qui les poussent à s’engager, se réaliser, s’auto-dépasser

-         en les encourageant à maintenir un rapport réaliste avec le projet de la société

 Il s’agit donc pour ne plus considérer les êtres humains  comme un capital ou des ressources de proposer à des individus conscients de leurs capacités  de pouvoir s’affirmer comme des personnes en leur donnant les possibilités de renforcer leur singularité, d’assumer des valeurs qu’elles

choisissent  délibérément et qui leur permettent une authentique quête de sens aussi à travers le travail.   

 

1. James Suzman, Travailler :La grande affaire de l’humanité. Flammarion

2. Jean-Christophe Barralis - Sandy Proust, Le grand livre de l’Appreciative Inquiry. Inter Editions

3. Nicolas Quoëx, Article. Le sens des RH. Linkendin

4. Georges-Elia Sarfati, Manuel d’Analyse existentielle et de Logothérapie. Dunod    


Nicolas Quoëx

Cofondateur & Head of Programs and Methods chez Skillspotting SA

3 ans

Merci pour la citation Pascal. Comme nous en avons discuté dans un autre post, c'est avant tout notre façon de regarder les choses et notre intention qui vont générer des comportements inappropriés et une vision négatives. La conclusion de l'article que vous citez est justement que les mots ressources et humain sont compatibles ! En effet, mobiliser l'intégralités des ressources à disposition d'une personne, pour atteindre un objectif qui fait du sens pour la personne et pour l'organisation, c'est mettre l'humain au centre. Comme souvent, ce n'est ni l'outil, ni le nom qu'on lui donne qui importe vraiment, mais notre intention et les actions que nous allons poser ensuite !

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